2023-2024
L'histoire de la phénoménologie à travers ses conflits (LISP 3100)
Enseignant : Sylvain Camilleri
Résumé : Il y a assurément plusieurs manières de faire et d’écrire l’histoire de la phénoménologie. L’on peut par exemple s’intéresser à ses sources et ses rapports complexes et parfois ambigus aux traditions aristotélicienne, cartésienne et kantienne, pour ne citer que les plus importantes. L’on peut également, de façon tout aussi classique, suivre ses grandes et moins grandes figures et reconstruire ses développements foisonnants de façon strictement chronologique et linéaire (ce fut le parti de Herbert Spiegelberg dans les deux célèbres volumes constituant The Phenomenological Movement). L’on peut encore se pencher sur le destin des grands concepts thématiques et opératoires de la pensée phénoménologique : l’intentionnalité, la donation, le sens, le monde de la vie, l’intersubjectivité, le Dasein, la temporalité, l’inapparent, le néant, la perception, la chair et tant d’autres. L’on peut enfin, comme c’est souvent le cas, croiser ces approches, et c’est d’un tel croisement précisément que peut en naître une autre qui, tout en s’inscrivant dans leur sillage, multiplie les recoupements et conduit à lever des excédents de sens à la lumière desquels il devient possible de relire toute la chaîne de la phénoménologie et de voir ainsi d’un œil neuf chacun de ses maillons dans son rapport à un ou plusieurs autres.
Nous faisons ici référence à la relecture de l’histoire de la phénoménologie à travers ses conflits, ses polémiques, ses confrontations, ses explications (Auseinandersetzungen) bien souvent internes, mais dont les causes directes ou indirectes proviennent parfois de son « dehors ». Malgré les apparences, ce type d’histoire, par les objets qu’il se donne, ne se laisse pas réduire à une histoire événementielle, car l’accentuation des tensions révèle bien souvent le caractère indissociable de l’accidentel et de l’essentiel. L’histoire de la phénoménologie à travers ses conflits veut donc prendre au sérieux et même radicaliser la célèbre formule de Ricoeur selon laquelle « la phénoménologie au sens large est la somme de l’œuvre husserlienne et des hérésies issues de Husserl », en montrant que le déplacement, l’opposition, la contradiction, le désaccord, la contestation, etc. furent et restent des ressorts déterminants du « penser phénoménologique » et de son renouvellement incessant, autrement dit de la vie passée, présente et future de la discipline.
Climate justice: philosophical issues (LISP 3200)
Enseignants : Pierre André, Axel Gosseries
Résumé : Climate change and climate policies raise tremendous issues of justice, unprecedented in scale and in nature. In particular, climate change confronts us with difficult questions of global, intergenerational and environmental justice such as “How should we balance the interests of future generations with those of the current poor, whose satisfaction relies on fossil fuels?”, “Do rich countries have an ecological debt to pay to poor countries due to their earlier industrialization?” or “Do individuals bear a moral responsibility for their greenhouse gas emissions even if their impact seems insignificant?”. In this seminar, we will draw on the climate justice literature to see how philosophical theories can inform climate policies. In doing so, we will pay particular attention to methodological issues such as the problem of isolationism (local justice). Our special guest for the seminar will be Prof. Simon Caney (University of Warwick).
Voir le Dieu invisible (LISP 3300)
Enseignants : Cécile Bonmariage , Jacob Schmutz
Résumé : Le concept de la vision béatifique occupe une place centrale dans diverses traditions et discussions religieuses et philosophiques. Ce séminaire propose une exploration complète de la Vision béatifique, en examinant ses origines, ses fondements théologiques et sa signification philosophique dans l'histoire de la pensée, en particulier dans les perspectives chrétiennes et islamiques. Les participants se plongeront dans le réseau complexe des arguments philosophiques entourant la Vision béatifique, en s'engageant également dans des perspectives théologiques et mystiques. À la fin du séminaire, les étudiants auront acquis une compréhension nuancée de ce concept et de ses implications.
Contextualisation :
La destinée ultime des êtres humains est un sujet qui préoccupe à la fois les philosophes et les théologiens, car les uns et les autres se sont préoccupés de répondre à cette question. Des débats intenses sur ce sujet ont eu lieu tout au long de l'histoire de la philosophie, en particulier au Moyen-Âge et au début de l'époque moderne. Ces débats partaient du principe que le but ultime, vers lequel tous les aspects de la vie étaient orientés et que chacun désirait ardemment, était l'union avec Dieu, l'expérience ultime de la communion avec l'être divin. Dans les Évangiles, dans le contexte de la tradition chrétienne, on parle de "voir Dieu face à face", c'est-à-dire directement, sans intermédiaire, ce que l'on appelle la vision béatifique. Il s'agissait de l'objectif ultime de l'existence humaine, qui colorait tous les aspects de la vie. Cependant, elle ne pouvait être réalisée de manière parfaite qu'après la mort, au Ciel. Cette expérience suprême de Dieu, au-delà de ce monde, apportait un bonheur absolu, d'où le terme de "vision béatifique". En latin, beatus signifie heureux.
Ce "voir" est une métaphore de la connaissance. Et voir Dieu face à face signifie connaître Dieu tel qu'il est. En langage philosophique, cela signifie connaître l'essence de l'être divin. Mais comment un esprit fini, qu'il s'agisse d'un être humain ou même d'entités angéliques, peut-il comprendre pleinement un être infini, dont certains penseurs, comme Denys l'Aréopagite, affirment qu'il est au-delà de l'être lui-même ? Comment cela pourrait-il être le bonheur ultime et parfait de l'existence humaine ? L'essence divine ne resterait-elle pas à jamais inaccessible à l'intellect humain ?
Mais voir Dieu a aussi un sens littéral. Saint Augustin, par exemple, a envisagé la possibilité qu'un être humain puisse voir Dieu avec les yeux du corps, dans le corps ressuscité. Dans la tradition chrétienne byzantine, un débat intense a eu lieu au cours du 14e siècle sur la vision corporelle de Dieu, même si l'on est encore dans le monde terrestre.
Ce sont là quelques-unes des questions relatives à la vision béatifique qui ont été débattues au Moyen Âge et au début de l'époque moderne.
2022-2023
De la science à la métaphysique? Réflexions sur l’usage des connaissances et pratiques scientifiques pour proposer une ontologie du monde naturel (LISP 3100)
Enseignant : Alexandre Guay
Résumé : Comment articuler la réflexion métaphysique et scientifique n’est pas une question triviale[1]. Cependant de nombreux chercheurs se lancent dans un tel projet dans l’espoir de surmonter les limites méthodologiques de la métaphysique comme celles de la science. Dans ce séminaire nous étudierons quelques unes de ces tentatives et évaluerons dans quelle mesure elles arrivent à atteindre leurs objectifs.
[1] Voir à ce sujet Guay, Alexandre, and Thomas Pradeu. 2020. “Right out of the Box: How to Situate Metaphysics of Science in Relation to Other Metaphysical Approaches.” Synthese 197 (5): 1847–66. https://doi.org/10.1007/s11229-017-1576-8
Questions sur les fondements ontologiques de la nouvelle théorie critique. Le cas du populisme et au-delà dans une philosophie de l’intervention intellectuelle (LISP 3200)
Enseignant : Marc Maesschalck
Résumé : Différents auteurs contemporains comme Rahel Jaeggi, Martin Saar, Amy Allen, Bernard Harcourt et Rosa Hartmut proposent de relancer le projet de théorie critique en mobilisant une conception de la crise des formes de vie et de l’indisponibilité du monde. Ces conceptions nouvelles de la critique sociale entendent sortir d’un modèle de l’action intellectuelle déterminé par la conscience moderne du progrès de la raison et des performances de l’ordre techno-scientifique qui en a résulté. Pour y parvenir, elles tentent d’ouvrir une voie qui remet en question les croyances fondamentales en un ordre communicationnel ancré dans un monde commun, traversé par des solidarités multiples et apte à produire la coopération grâce à la référence à un être partagé, identique dans son essence pour tous.
Cette conscience d’un diapason qui unit dans la perception d’un horizon d’attente commun a non seulement perdu son sens, mais elle a aussi cédé la place à de nouvelles formes d’aliénation. De véritables disruptions du tissu collectif, comme le populisme ou l’autoritarisme « illibéral » sont devenues l’horizon symptomatique des dysfonctionnements majeurs des régimes démocratiques. Ces dysfonctionnements engagent peut-être plus qu’un épiphénomène circonstanciel de déstabilisation de la gouvernance. Ils semblent impliquer un basculement de l’outillage conceptuel traditionnel mobilisé pour la compréhension du politique.
Pour tenter de dépasser cette crise des rationalités qui soutiennent notre rapport au politique et à l’être social en général, ce séminaire entend puiser dans les ressources conceptuelles des traditions philosophiques telles que l’idéalisme allemand, le marxisme et la psychanalyse ainsi que les développements récents de la théorie critique. Sa question préliminaire est d’identifier les conditions d’une pensée du social dont l’horizon ne soutient pas de son épuisement comme forme de vie ou comme mode d’être ensemble. Comment sortir de cette relation convenue à un monde déréalisé pour soutenir une entreprise critique capable d’instituer de nouvelles formes de vie ?
2020-2021
La métaphysique des causes. Aspects de la réception des Elements de théologie de Proclus dans le Moyen Age arabe et latin (LISP 3100)
Enseignants : Jean-Michel Counet, Cécile Bonmariage
Néolibéralisme, populisme, démocratie. Identité et reconnaissance. Les limites du paradigme interactionniste en sciences humaines (LISP 3300)
Enseignant : Marc Maesschalck
2019-2020
L'éthique à Nicomaque: la question de la contemplation (livres 1 et 10) (LISP 3100)
Enseignant : Pierre Destrée
workshop international: Aristotle on Happiness : Reading NE 1.1-8
Recherche à double usage et l'éthique de la guerre (LISP 3200)
Enseignant : Charles Pence
Résumé : Ce cours doctoral examine les responsabilités des chercheurs scientifiques qui travaillent sur les technologies à double usage (« dual use ») – autrement dit, celles qui ont un usage militaire ainsi qu’un usage civil. Ce cours aborde des thèmes liés à l’éthique de la guerre et l’éthique de la recherche, mais également des questions d’épistémologie sociale, de responsabilité collective, de réglementation et de politique
Conflit entre l'image manifeste et l'image scientifique du monde (LISP 3300)
Enseignant : Alexandre Guay
Séminaire relatif au séminaire de recherche (Onto)LOgical Frameworks Of Science : The Linguistic Return (OLOFOS) organisé par le groupe de contact FNRS du même nom.
Archives (pour les membres UCLouvain)