Au long de son œuvre, Iannis Xenakis a conjoint dispositifs musicaux et mises en espaces. Dès ses premières créations, des méthodes de composition identiques semblent y distribuer et lier les sons sous l’espacement des silences, aussi bien que les corps matériels au sein de rythmes architectoniques. Au cours des années 1950, le compositeur élabore la pièce musicale qu’il considérera lui-même comme fondatrice de son œuvre : Metastaseis. Dans la même temporalité, il prépare au sein de l’atelier de Le Corbusier – il compte parmi ses collaborateurs – la composition d’une façade vitrée où s’agencent des « Pans de verre » séparés par de fines membrures en béton. Les méthodes graphiques et numériques mobilisées pour les compositions de Metastaseis et pour les « Pans de verre » sont similaires. Les méthodes de composition semblent donc précéder, dans le chef de Iannis Xenakis, le champ de leurs applications : musique versus architecture.
Dans cet article, la chercheuse Zoé Declercq élucide le « mystère » qui accompagne la partition des Rythmes sur tabla, datée de janvier 1953. Un travail de collaboration s’opère au cœur des archives du compositeur, en étroite collaboration avec sa fille, Mâkhi Xenakis.
Dans le cadre de son travail d’artiste plasticienne spécialisée dans l’étude des processus de création, Mâkhi Xenakis a mis en exergue la partition, qu’elle décrit en tant qu’étude conduisant à l’élaboration de l’écriture graphique des nuages de sons de Metastaseis, et plus tard des Pans de verre ondulatoires (1954-1955).
C’est ce sillon que la contribution entend creuser scientifiquement, à partir de documents d’archives de première main et sur base d’ouvrages recensés dans la bibliothèque personnelle du compositeur.