Chaire Francqui - Amandine Crespy

 

Dans le cadre de la Chaire Francqui 2024-2025 de l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles, l'Institut d'études européennes Saint-Louis a l’honneur d’inviter Amandine Crespy, professeure en Sciences Politiques et en Études Européennes à l’Université Libre De Bruxelles (ULB).

Les différentes leçons se regroupent sous le titre : : « L'Europe sociale au 21e siècle, dynamiques politiques et voies institutionnelles ».

Bien que cela reste assez méconnu du grand public, l’Union européenne intervient, de manière directe ou indirecte dans le champ du social : standards de sécurité sur le lieu de travail, congé maternité et paternité, réformes du marché de l’emploi, « garantie jeunes », distributions de fonds, calcul du niveau du salaire minimum, lutte contre les discrimination des personnes LGBTQI+, pauvreté énergétique et transition « juste », etc., les institutions européennes disposent aujourd’hui d’une boîte à outil diversifiée pour contraindre, inciter, ou aider les autorités nationales à améliorer l’employabilité de la main d’œuvre, lutter contre l’exclusion sociale et les discriminations.

Slogan politique depuis les origines de l’unification européenne, la notion même « d’Europe sociale » reste controversée : mythe ou réalité ? Faut-il continuer à renforcer les compétences et les ressources financières de l’Union européenne dans le domaine des politiques sociales, et lui permettre ainsi de s’immiscer de manière toujours plus importante dans les choix nationaux qui guident ces politiques ? Depuis le début du siècle, trois visions ont nourri un débat parfois vif entre chercheurs comme entre acteurs politiques et sociaux.

Selon une première approche, l’Europe sociale reste relativement insignifiante. Loin d’être un Etat providence en devenir, ses ressources financières demeurent très faibles, de même que sa capacité à réglementer ou modeler les enjeux au cœur du social comme la rémunération et les conditions de travail ou la protection sociale. Une seconde perspective, plus radicalement critique, considère que l’Europe sociale est une illusion dangereuse. Derrière des dispositions sociales faibles, l’impact du marché unique, la libre circulation des travailleurs et des services s’avèrent délétère pour les systèmes sociaux nationaux. Le troisième argument consiste à voir l’Europe sociale en rattrapage sur l’intégration économique. La trajectoire des soixante dernières années montre un accroissement graduel, mais continu, des compétences, instruments, et ressources financières octroyées à l’Union pour le social.

Face à ces thèses en présence, le programme de cette chaire Francqui vise à apporter un éclairage nuancé, critique et interdisciplinaire sur les dynamiques politiques et les voies institutionnelles de l’Europe sociale au 21e siècle. Cinq thématiques transversales sont proposées, qui permettront de parcourir un tour d’horizon de l’Europe sociale, tout en proposant des perspectives analytiques spécifiques. La leçon inaugurale vise, en premier lieu, à déconstruire les débats politiques et scientifiques relatifs à l’Europe sociale, en montrant comment ceux-ci illustrent son évolution dans le temps sur la base de partis pris analytiques et normatifs plus ou moins explicites. Ensuite, le sillon de la tension entre contraintes institutionnelles, d’une part, et action politique, de l’autre, sera creusé à travers le thème de l’entrepreneurship et du travail politique, permettant ainsi de comprendre le rôle joué par les différents acteurs de l’Europe Sociale. Le clash entre politiques de libéralisation et politiques sociales permettra quant à elle d’aborder les conflits les plus saillants entre logiciel européen et modèles sociaux nationaux. La nature du régime de gouvernance socio-économique de l’Union sera interrogée à travers le rapport entre droit contraignant et droit souple, tel que configuré dans le Semestre européen et le Socle européen des droits sociaux. Pour finir, en se penchant sur les développements de la décennie qui vient de s’écouler, il s’agira de comprendre comment l’héritage de la crise de l’euro, la pandémie et Covid-19 et le lancement du Pacte vert européen ont tous trois remodelé les contours de l’Europe sociale.

La leçon inaugurale se tiendra le 20 novembre à 18h00 dans l’auditoire 1 (Boulevard du Jardin Botanique, 43 à 1000 Bruxelles). Elle a pour titre : « Social Europe: Insignificant, Catching Up or Dangerous ? »

Leçons suivantes :

  • 28/11 : 10h45-12h45, local 2200 (Rue du marais, 119 à 1000 Bruxelles) : Liberalisation and social policy: tackling “diagonal” conflicts 
  • 2/12 : 13h30-16h30, local 1300 (Rue du marais, 119 à 1000 Bruxelles) : The market, the judges, and politics: who is driving Social Europe? 
  • 9/12 : 13h30-16h30, local 1300 (Rue du marais, 119 à 1000 Bruxelles) : Asymmetry or hybridization? Social Europe between hard and soft law 
  • 19/12 : 10h45-12h45, local 2200 (Rue du marais, 119 à 1000 Bruxelles) : From the Eurocrisis to a just green transition: a revival of Social Europe? 

 

Publié le 02 octobre 2024