Chaire Francqui - Dr. Ike Picone

Dans le cadre de la Chaire Francqui 2024 de l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles, la Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de la communication Saint-Louis a l’honneur d’inviter le Professeur Dr. Ike Picone du Department of Communication Sciences de la Faculty of Social Sciences and Solvay Business School (Vrije Universiteit Brussel).

Les différentes leçons se regroupent sous le titre : : « Le trouble informationnel comme mythe culturel : démêler nos fictions sur les faits ».
La leçon inaugurale se tiendra le 14 mars à 18h00 dans l’auditoire 1. Elle a pour titre : « Le trouble informationnel : un mythe en construction ».

Ces dernières années, les sociétés démocratiques du monde entier ont été confrontées à une quantité excessive d'informations, dont certaines contiennent des informations erronées préjudiciables, ce que l'on a appelé une infodémie. L'une des réponses au défi du trouble informationnel a été de se concentrer sur l'établissement des faits corrects : renforcer le journalisme d'investigation, investir dans le fact checking, et renforcer les compétences en matière de maîtrise de l'information par les membres du public : autant de moyens de contrer les fausses informations par des informations exactes.

Cependant, si la vérification des faits, par exemple, a effectivement réduit la croyance en la désinformation au niveau mondial, les recherches académiques indiquent que son succès n'est pas universel. Par exemple, les vérifications de faits (fact-checks) contre la désinformation en matière de santé sont plus efficaces que celles contre la désinformation politique. En outre, les vérifications de faits peuvent ne convaincre que certaines personnes et ne pas atteindre les endroits où la désinformation circule. La vérification des faits et l'éducation aux médias peuvent également se retourner contre les citoyens qui ne disposent pas des ressources nécessaires pour gérer la surcharge d'informations qu'ils rencontrent, et un raisonnement politique peut influencer la croyance en la désinformation. De plus, les initiatives actuelles en matière d'éducation aux médias se concentrent sur la pensée critique basée sur les faits, ce qui pourrait ne pas être suffisant pour aborder les aspects émotionnels et identitaires de certaines formes de désinformation, tels que les discours extrêmes et les théories du complot.

Dans cette série de conférences, Prof. Dr. Ike Picone propose d'examiner le problème de la désinformation sous un autre angle, à savoir comme une nouvelle itération des paniques morales entourant les bouleversements technologiques et leur impact sociétal. Comme c'est souvent le cas, les discours de sens commun sur les médias sont inspirés par un public imaginaire et alimentés par des paniques morales sur la façon dont la technologie pourrait affecter les publics crédules plutôt que par des études empiriques sur la façon dont la technologie affecte les publics. Une perspective plus réaliste et plus nuancée peut nous aider à envisager de nouvelles formes d'interventions qui se greffent sur les stratégies que les utilisateurs des médias développent pour faire face à la désinformation plutôt que sur la façon dont les journalistes, décideurs politiques et experts considèrent que les utilisateurs des médias devraient faire face à la désinformation et à la polarisation.

Le trouble informationnel : un mythe en construction

Auditoire 1
14 mars 2024 - 18h00

Cette conférence introductive plante le décor de notre exploration du trouble informationnel. Nous examinons comment la question est passée au premier plan de l'agenda politique et académique dans le sillage de révélations telles que celles de Cambridge Analytica sur le pouvoir des fake news ciblées et de la communication persuasive permise par les médias sociaux. Nous mettons cela en perspective en soulevant des points critiques sur le techno-solutionnisme et le public imaginaire qui sous-tendent le discours dominant sur la question et ses solutions potentielles.

Présentation

Le danger de la désinformation : une nouvelle panique morale

Auditoire 5
25 mars 2024 - 10h45

Qu'est-ce qui est le plus dangereux, la désinformation ou les paniques morales qui l'entourent ? Cette conférence aborde le trouble informationnel comme un exemple classique des discours utopiques et dystopiques qui entourent l'avènement des nouvelles technologies. Ici aussi, la vision du public comme une masse crédule et monolithique prête à se voir "injecter" de la désinformation ou son antidote – l'information vérifiée – facilite les comptes rendus simplistes d'une question complexe.

Présentation

Le citoyen (mal) informé : une créature mythique à nuancer

Auditoire 5
22 avril 2024 - 10h45

Le lien entre le journalisme, la démocratie et un public informé reste un principe central de la manière dont nous concevons la circulation des informations dans notre société, même si notre interprétation de ce lien devient datée. Les enseignements tirés d'autres études sur les publics et la réception d’information nous obligent à remettre ce lien en question. Les utilisateurs des médias entretiennent souvent des relations rituelles et affectives avec les informations plutôt que le traitement distant et rationnel de l'information que nous souhaiterions qu'ils adoptent. Dans cette conférence, nous proposons une perspective plus nuancée sur la façon dont les utilisateurs des médias conçoivent leur lien avec l'actualité et la (dés)information.

Le vrai danger dans une société de la post-vérité : l'instrumentalisation des fake news

Auditoire 1100
7 mai 2024 - 13h30

La désinformation peut nuire aux sociétés démocratiques. Les paniques morales concernant les effets sociétaux des médias et de la technologie, combinées à une vision unilatérale des utilisateurs des médias comme étant enclins à croire tout ce à quoi ils sont exposés, détournent toutefois notre attention des vrais problèmes. Dans cette conférence, nous nous appuyons sur les idées présentées dans les conférences précédentes pour analyser comment certains acteurs de la société peuvent tirer profit de la lutte contre la désinformation. Nous allons au-delà de l’instrumentalisation des fake news par les politiciens et examinons de manière critique comment d'autres acteurs, tels que les médias d'information et les organismes d'éducation aux médias, instrumentalisent le trouble informationnel pour attirer des clients (payants), justifier des subventions gouvernementales ou obtenir une action législative favorable.

Faire face aux informations toxiques : développer des stratégies réalistes pour atténuer la désinformation

Auditoire 2200
13 mai 2024 - 10h45

Dans le dernier exposé, nous introduisons la notion de toxic news pour appréhender les informations que les citoyens ressentent comme intrusives, déstabilisantes, polarisantes et non-factuelles. Cette notion nous oblige à aller au-delà de la question des informations vraies ou fausses, en reconnaissant que la fourniture d'informations véridiques n'est qu'une partie de la solution au malaise que les citoyens éprouvent aujourd'hui par rapport aux nouvelles et, plus largement, à la société. Cette série de conférences sera conclue par une réflexion sur le type d'interventions dans le débat public, d'éducation en général et d'éducation aux médias en particulier que nous pourrions envisager et qui s'appuieraient sur les stratégies que les utilisateurs de l'information sont en train de mettre en œuvre pour améliorer la qualité de l'information.

 

Publié le 16 février 2024