Les étudiants esquissent l’université de 2050

Bruxelles Woluwe

Premier contact vivifiant entre François Taddei, nouveau docteur honoris causa de l’UClouvain et les étudiant·es ce lundi 3 février sur le campus de l’UCLouvain à Bruxelles Woluwe: dix d’entre eux ont, par deux, lancé leurs idées pour l’université de 2050. François Taddei, fondateur du centre de recherches interdisciplinaires à Paris, a réagi, approfondi et mené le débat.

Photos: Frederik Sierakowski, Isopix

C‘est Jean-Baptiste Demoulin, professeur à la Faculté de pharmacie et des sciences biomédicales, et Marine Lefèvre, assistante à la Faculté des sciences doctorante à l'Institute of Condensed Matter and Nanosciences, parrain et marraine du nouveau docteur honoris causa, qui ont accueilli François Taddei et mis sur pied cette conférence inversée. Sur scène, dix étudiants qui, à tour de rôle, expliquent en 3’ leur proposition pour l’université en 2050.

Que proposent Mattia, Amaury, Arnaud, Maxime, Victoria, Martin, Ariane, Adelaïde et Laetitia, Sébastien ? Et comment réagit François Taddei ?
En vrac,

  • Passer de l’apprentissage de connaissances à la gestion des connaissances. Comment ? Par une immersion totale et avec l’aide de la réalité augmentée. Pour François Taddei, on doit en effet gérer les équipes et les intelligences humaines. Mais on a aussi besoin de gérer ses émotions et celles des autres.
  • Développer l’orientation dont bénéficient les étudiant·es. Et arrêter de percevoir les découvertes faites par chacun·e de ce qu’il veut vivre comme un échec. Vrai, dit le docteur honoris causa, on a beaucoup plus progressé dans l’accompagnement des mamans que des jeunes...
  • Multiplier le nombre de tuteurs et développer leur formation. Ils sont plus proches des étudiants, ne fut-ce que par l’âge, et donc plus accessibles. Revoir aussi l’organisation en quadrimestres, déséquilibrés. Taddei : allons même plus loin que les tuteurs, à Berkeley, par exemple, les étudiants donnent parfois cours.
  • Développer l’interdisciplinarité. Faire des projets interfacultaires et des mini Erasmus, non pour suivre des cours mais pour s’impliquer dans des travaux de groupe. Tellement juste répond François Taddei, car « aucune discipline ne détient la réponse, seule ».
  • Se défaire des préjugés sur l’entrepreneuriat, donner de la visibilité aux start-ups UCLouvain, donner les bases pour devenir indépendant. « On n’incite pas suffisamment les étudiants à être entreprenants », plaide François Taddei qui ajoute : « On pourrait créer un programme d’intrapreneuriat pour changer l’université.»
  • Remplacer un master par de la formation continue (par exemple un abonnement à deux semaines de formation par an). Car aujourd’hui, comme l’écrit Bryan Caplan, auteur de Why the education system is a waste of time and money?, les étudiants qui décrochent un déiplôme sont surtout intelligents...et conformistes. Question du docteur honoris causa: quelle est la valeur ajoutée de l’université si les cours sont aussi en ligne ?

Une planète apprenante

Face à certaines craintes suscitées par les cours en ligne, justement, François Taddei invite à se placer à l’échelle de la planète où il faudrait ouvrir vingt universités par jour pour suivre l’évolution démographique. Il plaide pour une planète apprenante, autrement dit un collectif pour apprendre et voir comment les autres apprennent. Comment une université apprend d’une autre université ou d’une ‘non’ université ? Il faut aussi apprendre de disciplines de mondes différents et s’inspirer du monde vivant (ex : les fourmis). « Un événement ne suffit pas, il faut capitaliser sur ce qui s’est dit, créer des lieux visibles, créer des projets, » conclut François Taddei.

 

Publié le 04 février 2020