Séminaire de doctorat en philosophie 3

lisp3300  2024-2025  Louvain-la-Neuve

Séminaire de doctorat en philosophie 3
6.00 crédits
30.0 h
Langue
d'enseignement
Français
Thèmes abordés
Le thème du séminaire change chaque année et est choisi en fonction de sa pertinence pour la formation à la recherche dans le cadre de l’Ecole doctorale de philosophie
Contenu

Enseignement de l’éthique, éducation morale et dialogues philosophiques

Séminaire de doctorat (février-mai 2025) ouvert à tous les doctorants en philosophie de l'UCLouvain, mais aussi de l'ULB, l'ULiège et l'UNamur (9 crédits dans le cadre de la formation doctorale) 
Le séminaire a pour objectif d’interroger à nouveaux frais une très ancienne association, centrale dans l’histoire de la philosophie occidentale, qui lie ensemble l’enseignement de l’éthique, la pratique des dialogues philosophiques et l’éducation morale.
En effet, au moins depuis Platon, cette association se réalise dans une première direction : la pratique du dialogue entre le philosophe et son élève devient un des moyens de l’enseignement de l’éthique, d’accès à la connaissance du bien et à la vertu. Et une longue tradition philosophique, valorisant la rationalité et l’objectivité, considérera le dialogue comme un moyen plus sûr et plus fiable pour cet enseignement que l’imitation des comportements exemplaires d’autrui, l’application dogmatique de certains modèles ou la répétition passive de certaines règles morales. Dans une perspective plus proche de notre époque, cette association entre l’enseignement de l’éthique et les dialogues philosophiques a cependant suivi une seconde direction. Avec la théorie de Habermas réinterprétée en sciences de l’éducation, sciences politiques et en communication, l’enseignement de l’éthique s’est vu attribuée une nouvelle finalité, celle de rendre possible un dialogue permanent, inclusif et rationnel entre les membres de la société. Dès lors, l’ouverture au dialogue n’est plus seulement un des moyens de l’éthique, mais se confond parfois avec les finalités, voire la finalité unique, de l’enseignement de l’éthique. Ainsi, l’association entre l’enseignement de l’éthique et les dialogues philosophiques semble avoir de beaux jours devant elle.
Cependant, certaines difficultés persistent et ne sauraient être écartées d’un revers de main. Au contraire, il nous semble que trois grands lignes de critique peuvent nous permettre de cerner les fragilités de cette association, et qui deviennent ainsi autant d’axes de questionnement de cette dernière.
La première ligne de critique est le risque de réduction de l’enseignement de l’éthique à celui d’une « bonne » communication. En effet, si le dialogue devient une des finalités de l’éthique, et un de ces outils principaux d’enseignement, cela ne risque-t-il pas de limiter l’apprentissage des valeurs, des vertus ou des idées morales au seul domaine du discours et du langage ? Les risques de réduction cognitiviste ou d’instrumentalisation du dialogue au service d’une conception comportementaliste ou applicationniste du dialogue ne nous semblent pas négligeables. S’agit-il au fond d’apprendre seulement aux élèves à « bien parler » entre eux ou bien l’enseignement éthique doit-il aller au-delà de la formation à l’interaction langagière. Si le dialogue philosophique bien conduit est utile, voire nécessaire pour apprendre à bien juger, il ne suffit certainement pas à apprendre à désirer le juste et à bien agir.
La seconde ligne de critique concerne la détermination des dialogues philosophiques eux-mêmes. La variété des dialogues philosophiques rend possibles de très nombreuses pratiques de ces dialogues avec des élèves à l’intérieur ou à l’extérieur de la classe. Cette variété interroge la légitimité de cette catégorie « dialogue philosophique », car on peut se demander quel est le point commun, derrière cette variété de pratiques, de ces dialogues. Et est-ce que ce point commun est suffisant pour les distinguer d’autres formes de dialogues pour l’enseignement de l’éthique ? Qu’est-ce que les dialogues philosophiques ont spécifiquement qui les rend plus pertinents que tel autre type de dialogue pour l’enseignement de l’éthique ?
La troisième ligne de critique se dirige vers le champ de la philosophie politique. On considère souvent qu’une éthique du dialogue est la base d’une forme de vie démocratique et que l’école se doit de l’enseigner. Au regard de la crise de la démocratie qu’affronte bon nombre de pays occidentaux, on est cependant en droit de douter de la réussite d’un enseignement de l’éthique par le dialogue. La montée de la xénophobie, du racisme et autres expressions de la haine d’autrui, parfois supportées par des régimes politiques illibéraux, ne montrent-elles les limites de cet enseignement ? A l’école même, la difficulté croissante à aborder certains thèmes sensibles ou questions socialement vives en classe semble montrer les limites du recours au dialogue comme vecteur de l’éducation morale et de l’éducation à la citoyenneté.
En définitive, ces critiques soulèvent deux questions fondamentales, qui seront travaillées au cours du séminaire et des deux journées qui le clôtureront les 27 et 28 mars.
  • Un enseignement de l’éthique par le dialogue philosophique est-il possible ?
  • Dans quelle mesure un tel enseignement peut-il/doit-il contribuer à l’éducation morale et à l’éducation à la citoyenneté ?
Méthodes d'enseignement
Le séminaire se déroule sous la forme d’une séquence de 5 séances introduisant à la problématique et de deux journées d’études (27 et 28 mars 2025) accueillant des intervenants extérieurs.
Modes d'évaluation
des acquis des étudiants
  • Présence et participation active aux séances préparatoires et aux journées d’études
  • Production d’une étude sur une question en lien avec la problématique du séminaire. Le choix de la question devra faire l’objet d’une validation préalable par les cotitulaires. Le travail fera l'objet d'une présentation orale
La validation du séminaire dans le cadre de la formation doctorale suppose que l’étudiant ait satisfait aux deux volets de l’évaluation.
Dans le cadre de l'évaluation de cette unité d'enseignement, le recours à de l'intelligence artificielle est interdit que ce soit comme assistant linguistique, outil d'exploration et d'idéation ou comme outil de rédaction.
Autres infos
Les textes seront lus dans leur langue originale, avec des traductions. Les séances se tiendront en anglais et en français en fonction des participants.
Ressources
en ligne
Voir sur Moodle : https://moodle.uclouvain.be/enrol/index.php?id=9768
Faculté ou entité
en charge