Aller au contenu principal

Rencontre avec 2 athlètes d'acier

uclouvain |

uclouvain
1 December 2022, modifié le 13 December 2024

Du 6 au 8 octobre, l’édition 2022 de l’Ironman World Championship a eu lieu à Hawaï. Une épreuve d’endurance hors du commun qui combine natation, vélo et course à pied. François Fouss, professeur en Informatique sur le campus FUCaM Mons et Pierre Balty, assistant et doctorant à l’EPL sur le campus de Louvain-la-Neuve, se sont qualifiés pour l’épreuve. Nous les avons rencontrés quelques jours avant leur départ.

Bonjour François, bonjour Pierre ! Pouvez-vous nous expliquer ce que c’est un Iron Man ?  

François : Alors la course à proprement parler, c’est 3,8 km en eau libre, 180km à vélo et un marathon de 42,195 km.  Et le tout est à faire en une fois avec les transitions comprises. Ce sont des moments très importants. On enlève sa combinaison de natation pour passer en mode vélo. Et puis, on enlève son équipement de vélo pour passer en mode course à pied.  

Pourquoi cette compétition est considérée comme si difficile ?   

François : Alors, il y a 2 choses. Pourquoi c’est difficile dans l’absolu ? Et pourquoi c’est difficile à Hawaï ? D’abord ça dépend de chacun et de ses préférences dans les épreuves. Par exemple les 3,8 km de natation, c’est la partie la plus calme. Mais elle reste usante. Et à Hawaï, vous vous retrouvez à nager dans la mer. Et il faut être attentif à ne pas ingurgiter trop d’eau salée. Sinon, vous vous retrouvez avec des soucis gastriques pour la suite. Il faut être concentré en permanence et surtout son alimentation. Les conditions à Hawaï augmentent nettement la difficulté de l’épreuve.   

Pierre : D'ailleurs, on suit un plan alimentaire établi à l’avance. Mais c’est difficile de reproduire les conditions réelles de l’épreuve. Et donc de déjà habituer notre corps. Je cherche encore le bon équilibre pour mon plan alimentaire. Ce n’est pas toujours le plus facile à gérer.  

François : Pour moi, c’est une épreuve 50% physique, 50% mentale.  

Pierre : En plus des douleurs musculaires, on peut aussi se blesser. Ce qui est compliqué, c’est de rester concentré alors que ton corps est en train de tétaniser.  

Comment s’est déroulée votre préparation physique ?    

François : C’est à ton tour de répondre (rires). 

Pierre : Pour ma part, j’ai divisé les entrainements en deux périodes. Les entrainements longs et les entrainements intenses. Pour les premiers, le but c’est d’augmenter l’endurance. Et ensuite, on fractionne les entrainements et on augmente l’intensité jusqu’à la période de course. En moyenne, je fais 15 heures d’entrainement par semaine. Je peux même monter jusqu’à 20 heures. Et on module ces heures en fonction de l’importance des épreuves dans l’Iron Man.

François : Pour moi, c’est la même chose. Malheureusement, j’ai moins de temps que Pierre, mais l’envie est la même. Comme Pierre, j’oscille entre douze à quinze heures d’entrainement par semaine.  

Vous suivez aussi une préparation mentale ?  

François : Il y a certainement des coachs mentaux pour s’occuper de cet aspect-là, mais je me concentre sur la préparation physique. Je n’ai pas beaucoup de temps pour caser ça dans mon agenda. Mais c’est vrai que l’aspect mental est super important pour ce type d’épreuve. Quand on se donne autant pendant des heures, il faut que le mental tienne. Ma préparation mentale, elle se base sur mes expériences sportives passées. Je sais très bien ce que je suis capable de faire ou pas. Sur les Iron Man, il y a toujours des périodes compliquées.   

Pierre : Le mental se travaille aussi durant les périodes de séances longues. Ça permet de construire une certaine confiance et de déjà connaître les difficultés.   

François : C’est vrai que passer 6 heures seul sur son vélo durant l’entrainement, ça travaille déjà le mental.  

Pierre : Oui (rires), je vois un net changement entre les entrainements du début d’année et ceux de fin d’année. Les 3 heures de vélo, en début de saison, me paraissent plus simples quand j’entame les entrainements où je dois pédaler pendant 6 heures.  

Alors là, ça fait envie. Vous êtes en train de me brosser un tableau idyllique pour cette épreuve. D’ailleurs, pourquoi participer à un Iron Man ?   

François : C’est une très bonne question. Le sport, on l’a dans son ADN ou on ne l’a pas. Et je ne suis pas très fan de mon état physique à la fin d’un Iron Man. On ne sait même plus ce qui est le plus douloureux. Je n’aime pas ça. Mais le fait de s’entrainer et de repousser ses limites, ça me fait continuer. Et on se sent bien après.  

Pierre : Moi, je suis assez fan des performances. Participer à un Iron Man, je trouve que ça permet de faire de belles performances. Et puis, il y a aussi tout le processus de préparation en amont. J’avoue qu’à la fin, je peste un peu, mais c’est bénéfique pour ma santé et c’est gratifiant de se sentir progresser durant la saison. Pour faire un Iron Man, il faut aimer la course, mais aussi il faut adorer s’entrainer. En plus, c’est une activité qui permet de voyager et de découvrir d’autres pays. Ça donne envie de poursuivre. C’est un peu hors du commun.