L'autotraduction en contextes postcoloniaux et minoritaires.
Séminaire TranSphères 2025
Discutantes : Maud Gonne, Marie Herbillon, Myriam-Naomi Walburg (ULiège)
Local : AR. 11.1.01
Traditionnellement définie comme « la transposition dans une autre langue d’une œuvre originale accomplie par l’auteur lui-même » (Valeria Sperti), l’autotraduction occupe aujourd’hui une place non négligeable dans la recherche en traductologie.
Cette pratique a en effet de quoi susciter la curiosité des chercheurs. Tout d’abord parce qu’elle est ancienne. Au Moyen-Âge et à l’époque de la première modernité, nombre d’auteurs européens traduisent en latin leurs propres textes, si ceux-ci ont été écrits en langue vernaculaire, ou en langue vernaculaire lorsque le latin est la langue de rédaction initiale. Au XXe siècle, l’autotraduction est le fait des écrivains translingues. On songe bien sûr aux exilésrusses, de Vladimir Nabokov à Josif Brodskij. Mais ils ne furent pas les seuls. Beaucoup d’auteurs s’exprimant dans une langue de faible diffusion ou dans un idiome régional se sont autotraduits. Aujourd’hui, dans un monde marqué par des mouvements migratoires sans précédent, l’autotraduction et le translinguisme « sont de la plus haute importance car l’écriture migrante circonscrit la perte d’un lieu, d’une langue et d’autrui » (Valeria Sperti). Par ailleurs, dans un contexte postcolonial, l’autotraduction met au jour les tensions existantes entre la langue des ex-colonisateurs et celle des ex-colonisés (le Sénégalais Boris Boubacar Diop, né en 1946, oscille entre le français et le wolof et procure des versions d’un même texte dans l’une et l’autre langue).
Mais par-delà la multiplicité des cas se pose la question de la fonction de l’autotraduction. Pourquoi s’autotraduire ? Désir d’élargir son lectorat ? Jeu littéraire ? Volonté de subvertir une situation de domination linguistique ? Le séminaire TranSphères 2025 se propose de tenter de répondre à ces questions en déclinant, par le biais d’exposés théoriques et d’études de cas, quelques-uns des aspects de l’autotraduction, hier et aujourd’hui.
Cet exposé durera une heure au maximum et sera suivi d’une discussion.