En quoi les stéréotypes sur les métiers influencent-ils nos choix de formation et choix de métier ?
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Par contre, du point de vue des métiers, selon Statbel, les pompiers, maçons, couvreurs-zingueurs, etc. s’écrivent principalement au masculin.
Ces données nous amènent, notamment, à réfléchir à la question des croyances : les idées sur les formations et les métiers.
En effet, les stéréotypes** liés aux professions sont des facteurs déterminants du champ de l’orientation. Ils apparaissent tôt dans nos parcours de vie. Ils expliquent en partie le manque d’intérêt (notamment des femmes) pour les formations et métiers techniques et scientifiques : les fameuses filières STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques).
Illustrons ces stéréotypes que nous avons sur les métiers via la carte cognitive des professions ci-dessous.
Cette carte a été établie en 2020 auprès de la population belge francophone (1446 personnes de 18 à 73 ans) sur sa vision/ses représentations des métiers (cette carte ne représente donc que les croyances des personnes sur ce qu'elles pensent des métiers).
Axe vertical = le métier est-il prestigieux ou non de mon point de vue ? (le chirurgien semble être la profession la plus prestigieuse pour la population)
Axe horizontal = le métier est-il féminin ou masculin de mon point de vue ? (Manucure est un métier féminin et garagiste est un métier masculin selon les participant·es à l'enquête).
Carte cognitive des professions issue d'une recherche réalisée par Frédéric Nils et ses collaborateurs (chercheurs UCLouvain) en 2020 - Chap. 4 Genre et orientation dans "Les psychologies du genre", 2021, p.97).
Dès lors, 2 concepts semblent essentiels à travailler concernant les croyances que nous avons sur les formations et métiers :
- Les buts de connexions (aussi appelés buts de « communion »).
Ces buts visent la motivation à aider, à servir ou encore à travailler ensemble et à être connecté·e aux autres.
- Le concept de « talent » (être doué·e pour ...).
Décodons le 1er point par un exemple :
Si mon intérêt est de rencontrer des buts de connexions (échanger avec les autres. Tout le contraire d’une expérience en mode solitaire) lors de mon parcours d’études ou dans mon métier, j’aurai tendance à ne pas me diriger vers des formations technologiques et scientifiques.
Pourquoi cela ?
Des recherches auprès de la population ont révélé que les professions associées à ces formations technologiques et scientifiques sont perçues (croyances des personnes interrogées) comme étant les moins susceptibles de proposer des buts de connexions (Diekmal et al., 2010).
Dès lors, en tant qu’expert·e de l’éducation/orientation, comment travailler les croyances et stéréotypes avec les jeunes et moins jeunes ?
- Avec un·e professionnel•le du métier cible :
Créer une photographie d’un semainier d’un·e scientifique (ou encore d’un·e ingénieur·e, etc.) reprenant l’ensemble des activités de travail de cette personne.- Y mettre en évidence la dimension collective du métier : tâches en équipe, partage/entraide, objectif sociétal) – Quel pourcentage de temps représente ces activités sur l’ensemble de la semaine ?
- La même démarche de semainier (ci-dessus) pourrait être réalisée pour décrire les formations scientifiques et technologiques (travaux par projets, en équipe, etc.). Le vocabulaire utilisé aura aussi son importance (choisir un vocabulaire lié à la contribution au bien-être de la société. Truc*** : pourquoi pas via les fameux Objectifs de Développement Durable de l’ONU).
Le modèle FAB (Field-specific ability beliefs – chap. 4 Genre et orientation dans "Les psychologies du genre", 2021, p.105) nous communique que les personnes ont la croyance que pour réussir dans certains domaines/disciplines, il est nécessaire d’être doué·e / brillant·e. Rien ne nous le prouve à ce jour !
Pour les STEM ou encore pour le domaine de la philosophie, cette croyance semble bien présente (Vernier et Martinot, 2015b - chap. 4 Genre et orientation dans "Les psychologies du genre", 2021, p.107)
En conclusion, ces croyances en lien avec les buts de connexion et le concept de "Talent" ne favorisent pas l’intérêt pour les filières scientifiques et technologiques (cela est en particulier vrai pour les femmes qui au-delà de ces croyances perçoivent des stéréotypes de genre - et cela dès l’enfance).
- Présenter les métiers en détails : missions / tâches / actions : importance de ces éléments dans une semaine de travail.
Prenez comme point d’attention de présenter la dimension collective (tâche coopérative et d’échange interpersonnel) des métiers et leur utilité dans la société (protection de la santé, transition énergétique, bien-être personnel, etc.)- Les référentiels (annuaires) des métiers sont de bons supports de départ
- Portail métiers du SIEP - metiers.siep.be
- Vidéo Box métiers - videobox.cdmcharleroi.be
- Vasco (outil français comprenant également des vidéos) - vasco.jobteaser.com
- listes des métiers en pénurie (fortement demandés sur le marché du travail) : liste pour la Wallonie et liste pour Bruxelles (une liste existe par région en Belgique).
- Les référentiels (annuaires) des métiers sont de bons supports de départ
- Rencontrer des professionnel·les en activité (les seul·es spécialistes de leur domaine !)
- En participant à des journées Portes Ouvertes d'entreprises
- En invitant un·e expert·e métier en classe (truc : dresser une liste des professions des proches/parents de vos élèves).
- En préparant vos bénéficiaires à interviewer des professionnel·les du côté de chez eux/elles.
- En organisant un stage immersion métier / etc.
Pour certaines de ces actions, sollicitez des fédérations d’entreprises en Belgique pour vous aider à organiser ces actions (outil : Horizon emploi via leforem.be).
- Renforcer la confiance en soi et le sentiment de réussite des jeunes
- lier la pédagogie des sciences et des mathématiques à du concret - en reliant ces disciplines au quotidien des jeunes afin de démontrer l’utilité de ces savoirs dans la vie de tous les jours.
- Décloisonner les lieux d’apprentissages (école, organisation, loisirs, etc.) et ainsi permettre aux bénéficiaires de passer de la théorie (et de la bulle scolaire) à la réalité.
- Pour finir, informer l’entourage (parents et enseignant·es – 2 acteurs importants qui influencent l’orientation des jeunes) sur les métiers d’aujourd’hui, les défis de demain, le paysage de l’enseignement supérieur, etc.
Des séances « Parents**** » et « enseignant·es » existent sur des sujets variés du champ de l’orientation (activités organisées par les hautes écoles et universités, cités des métiers, Forem, CIO, etc.).
Par Ora - Journaliste spécialisée en orientation