La Vita Humana. Don’t Feed the Birds.
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Le film d’animation La Vita Humana se fonde sur les relations entre topographies sacrées, pouvoir établi et expertise technique pour repenser les mécanismes de la spéculation boursière. Dans la Rome antique, les magistrats qui possédaient le droit d’observation pratiquaient la prise d’auspices par un dispositif augural appelé spectio. La prise d’auspices se définit comme un cadre de délimitation spatio-temporel dans lequel interviennent des techniques, à l’instar des procédés divinatoires. Ce dispositif atteste d’un remplacement de la supériorité de la nature par le spectacle de l’expertise technique.
De la même manière, la corbeille boursière a longtemps été le cadre spatio-temporel de la Bourse, entendue au sens de “marché financier des actions”. Elle est dessinée en cercle fermé pour permettre l’instantanéité des échanges qui s’effectuent dans un lieu précis à un instant précis.
Les rituels auguraux sont une forme de comportement face à l’incertitude, de rationalité qui s’oriente de façon cognitive et non décisionnelle. Ils sont aussi considérés comme l’apparition du divin, une matérialisation du sacré. Certains auteurs les qualifient de self-fulfilling prophecy, ou comme une façon d’éviter la post-decision dissonance. Cette prophétie qui s’accomplit d’elle-même fait aussi écho aux mécanismes boursiers qui s’imposent d’eux-mêmes et dont la moitié des opérations sont aujourd’hui automatisées. La bourse engendre la construction de produits financiers si complexes qu’ils sont difficilement maîtrisables et dépassent les experts, lesquels sont parfois considérés comme les oracles de l’économie.
Le projet vise deux objectifs principaux :
- Permettre à l’artiste de poursuivre ses recherches en lien avec la philologie, l’histoire et l’archéologie grecques et romaines, au contact avec les professeur·es, chercheur·es et étudiant·es spécialistes de ces disciplines à l’UCLouvain, notamment pour préparer la Biennale de Sydney ;
- Permettre aux membres de la communauté universitaire de repenser leurs pratiques scientifiques (p.ex. l’usage des reconstitutions 3D et de la photogrammétrie) à l’aide du regard d’une artiste et d’ouvrir de nouvelles questions de recherche au croisement des disciplines.
Promoteur : Pr. Charles Doyen (SSH/INCAL)
Artiste : Eva L’hoest