Face à la violence, la parole et l'image
Cérémonie de remise des doctorats honoris causa de l'UCLouvain
Ce jeudi 16 février 2023, l’UCLouvain a remis ses insignes de docteur·es honoris causa à trois personnalités en lutte pour les libertés et une société plus juste: Adelle Blackett, professeure de droit combattant pour la dignité au travail, Oleksandra Matviichuk, militante en faveur des droits fondamentaux dont l’ONG vient de recevoir le Prix Nobel de la paix, et Elia Suleiman, cinéaste et acteur dénonçant au travers de ses oeuvres toute forme de violence.
L'UCLouvain a réuni ces trois personnalités autour du thème "Face à la violence, la parole et l'image". Elles et il s’engagent dans le monde contemporain traversé par des violences multiformes pour dénoncer toute discrimination et inégalité, pour lutter contre les formes de répression et pour défendre les droits humains.
En les mettant à l’honneur, l’UCLouvain entendait rappeler l’importance de la liberté d’expression et la richesse des points de vue. Ces dialogues, où les savoirs évoluent par le biais des échanges et de l’argumentation, sont essentiels pour permettre à la société d’évoluer.
Deux journées de rencontre avec la communauté universitaire
|
Portraits des trois personnalités honorées
Adelle Blackett
Adelle Blackett (55 ans) est professeure de droit à l’Université Mc Gill de Montréal. Elle est spécialisée en droit du travail. Ses recherches et ses enseignements portent sur les réglementations commerciales, l’esclavage, le développement et la théorie critique de la race. Par son travail académique, elle a beaucoup apporté en termes d’inclusion des personnes les plus vulnérables dans le droit du travail et de travail forcé. Elle a mis son expertise au service de différentes organisations internationales, dont le Bureau international du travail (OIT) où elle a participé à l’élaboration de normes sur le travail décent des travailleuses et travailleurs domestiques. Elle incarne les valeurs de dignité humaine, d’égalité et de non-discrimination, de liberté et de combat contre le travail forcé. Elle porte une attention particulière à celles et ceux que nous ne voyons pas, dont la dignité au travail est mise sous cloche, aux invisibles, aux plus faibles et aux plus vulnérables. Les parrain et marraine d'Adelle Blackett sont Filip Dorssemont, professeur à la Faculté de droit, et Séverine Dinjar, directrice administrative de l'Institut de recherche économique et sociale (IRES).
Oleksandra Matviichuk
Avocate ukrainienne spécialisée dans les droits humains, Oleksandra Matviichuk (39 ans) déploie de nombreuses actions en faveur des droits humains dans son pays et en Eurasie. Elle dirige l’ONG The Center for Civil Liberties, lauréate du Prix Nobel de la Paix 2022. Située à Kiev, cette ONG promeut les valeurs de droits humains, la démocratie et la solidarité en Ukraine et en Eurasie. Elle a aussi pour objectif de renforcer le contrôle public des droits humains dans les activités des gouvernements nationaux et locaux. Lauréate de plusieurs prix, dont le Democraty Defender Award de l’OSCE, Oleksandra Matviichuk a mené de nombreuses campagnes de mobilisation internationale pour la libération de prisonniers politiques. Elle est l'auteure de plusieurs rapports destinés à divers organes des Nations unies, au Conseil de l'Europe, à l'Union européenne et à l'OSCE, ainsi que de différentes soumissions à la Cour pénale internationale de La Haye. Les marraines d'Oleksandra Matviichuk sont Sandy Tubeuf, professeure à la Faculté de Santé publique, et Alina Shkoryna, étudiante ukrainienne en sociologie.
Elia Suleiman
Elia Suleiman (62 ans) est un réalisateur, scénariste et acteur palestinien. Il est l’auteur de plusieurs films dans lesquels il dénonce la répression de l’ordre économique, politique et culturel en mettant en avant les incohérences du monde et l’absurdité de certains comportements humains. Il refuse la logique d’enfermement identitaire et prône l’ouverture à l’autre et la tolérance. Souvent comparé à Jacques Tati ou Buster Keaton, il manie le burlesque et la gravité avec le même sens poétique. « Elia Suleiman nous invite à rire avec lui de la folie du monde et à tenter de lui résister », écrit de lui l’interprète Massoumeh Laidji. Le cinéaste est également connu pour son engagement pacifique pour la Palestine et le peuple palestinien, mais son action ne se restreint pas à ce combat : ses films ont tous une portée universelle. Deux de ses œuvres (« Chronique d’une disparition » et « Intervention divine ») ont été récompensées à la Mostra de Venise et au Festival de Cannes. Le 10 décembre dernier, l’Académie européenne du film lui a attribué le prix European Achievement in World Cinema pour l’ensemble de son œuvre. Les marraine et parrain d'Elia Suleiman sont Béatrice Lampariello, professeure à la Faculté d'architecture, d'ingénierie architecturale et d'urbanisme (LOCI) et Etienne Dalemans, doctorant au sein de la Chaire d'anthropologie de l'Europe contemporaine.