En quoi les stéréotypes sur les métiers influencent-ils nos choix de formation et choix de métier ?

Selon des statistiques européennes*, les femmes sont majoritaires dans les filières de formation en sciences humaines et sociales (70%), ainsi que dans les filières liées au secteur de la santé (64%). À l’inverse, leur présence dans les filières des sciences fondamentales et appliquées (moins de 30%) est nettement moins marquée.

Par contre, du point de vue des métiers, selon Statbel, les pompiers, maçons, couvreurs-zingueurs, etc. s’écrivent principalement au masculin.

Ces données nous amènent, notamment, à réfléchir à la question des croyances : les idées sur les formations et les métiers.

En effet, les stéréotypes** liés aux professions sont des facteurs déterminants du champ de l’orientation. Ils apparaissent tôt dans nos parcours de vie. Ils expliquent en partie le manque d’intérêt (notamment des femmes) pour les formations et métiers techniques et scientifiques : les fameuses filières STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques).

Illustrons ces stéréotypes que nous avons sur les métiers via la carte cognitive des professions ci-dessous.
Cette carte a été établie en 2020 auprès de la population belge francophone (1446 personnes de 18 à 73 ans) sur sa vision/ses représentations des métiers (cette carte ne représente donc que les croyances des personnes sur ce qu'elles pensent des métiers).
 
Axe vertical = le métier est-il prestigieux ou non de mon point de vue ? (le chirurgien semble être la profession la plus prestigieuse pour la population)
Axe horizontal = le métier est-il féminin ou masculin de mon point de vue ? (Manucure est un métier féminin et garagiste est un métier masculin selon les participant·es à l'enquête).

Carte cognitive des professions issue d'une recherche réalisée par Frédéric Nils et ses collaborateurs (chercheurs UCLouvain) en 2020 - Chap. 4 Genre et orientation dans "Les psychologies du genre", 2021, p.97).

 

Dès lors, 2 concepts semblent essentiels à travailler concernant les croyances que nous avons sur les formations et métiers :

  1. Les buts de connexions (aussi appelés buts de « communion »).

Ces buts visent la motivation à aider, à servir ou encore à travailler ensemble et à être connecté·e aux autres.

  1. Le concept de « talent » (être doué·e pour ...).

 

En conclusion, ces croyances en lien avec les buts de connexion et le concept de "Talent" ne favorisent pas l’intérêt pour les filières scientifiques et technologiques (cela est en particulier vrai pour les femmes qui au-delà de ces croyances perçoivent des stéréotypes de genre - et cela dès l’enfance).

 

Par Ora - Journaliste spécialisée en orientation

 
Références
* Cet article se base sur l'ouvrage "Les psychologies du genre : Regards croisés sur le développement, l'éducation, la santé mentale et la société" (2021) et en particulier le chapitre 4 (pp.87-113) : Genre et orientation scolaire et vocationnelle.
Et aussi sur l'article "Sciences et techniques : des métiers d'avenir" (Nov-Déc 2021) par Athéna Mag 354.
** Le stéréotype "désigne les catégories descriptives simplifiées par lesquelles nous cherchons à situer autrui ou des groupes d’individus" (Fischer, 1987).
*** Cahier du CIO n°7 - S'orienter dans un monde en transition.
**** Cahier du CIO n°5 - Etre parent d'un jeune qui s'oriente.

Publié le 19 avril 2022