Anne Bedoret - Promotion 1986
agro | Louvain-la-Neuve
Etudes
J’ai étudié l’agronomie, dans ce qui était à l’époque l’option « tropicale ». J’ai effectué mon mémoire au Nigéria, où j’ai travaillé sur le ver de terre. J’ai terminé mes études en 1986. Aujourd’hui, on peut toujours faire son mémoire en agronomie, mais l’option tropicale n’existe plus.
Parcours professionnel
J’ai tout d’abord travaillé pour un bureau d’étude pour le développement international à Leuven. Je collaborais avec la FAO pour améliorer la situation économique au Congo (Zaïre à l’époque).
J’ai ensuite postulé pour partir travailler pour la coopération, dans le secteur des ONG. Je suis ainsi partie un an en Bolivie. Il s’agissait d’une association Belgo-Bolivienne pour améliorer le développement dans les zones humides tropicales. Je travaillais avec des communautés indigènes, qui étaient totalement en dehors des circuits économiques. Au départ, nous voulions installer des poulaillers mais après en avoir discuté avec les habitants, nous avons préféré nous concentrer sur le maraichage. J’ai donc enseigné à ces populations différentes techniques de maraichage,… J’ai ensuite quitté le projet, car je n’aimais pas l’orientation qu’il prenait, en aidant seulement les populations catholiques. Je devais partir au Pérou afin de monter une scierie pour Oxfam, mais l’assassinat de plusieurs coopérants proche de notre lieu de travail m’a empêché de partir.
Je suis finalement partie au Mali durant deux ans pour une union de coopérative. Je faisais du conseil maraichage, j’ai amené des semences, j’ai travaillé à restaurer la fertilité du sol,… J’ai également travaillé avec un ingénieur industriel afin d’entretenir des moteurs pour l’irrigation et afin de monter des réseaux pour que les habitants puissent entretenir leur matériel eux-mêmes.
Je suis ensuite rentrée en Belgique, où j’ai repris la ferme familiale avec mon frère, puis mon mari. En parallèle, je suis experte agricole pour les assurances et les tribunaux.
Caractéristiques principales de l’exploitation
Notre région s'appelle la Thudinie (Thuin) ou Haute Sambre. Nous y exploitons environ 140 ha en grande partie en location, où nous cultivons des céréales, des betteraves, du lin,…Une dizaine d'hectares marginaux sont destinés à des mesures agro-environnementales (bord de bois, bords de ruisseaux, fonds humides).
Activités au quotidien
C’est un métier saisonnier, le travail est chargé au printemps (mars et avril), aux moissons et post-moissons (mi-juillet à mi septembre), à l'automne pour récoltes et semis des céréales d'hiver (fin septembre- mi novembre). Il y a aussi un grand travail de gestion à faire.
En plus de notre activité à la ferme, nous exploitons également nos bois et nos haies afin de les broyer, et de les utiliser dans une chaudière qui chauffe notre habitation. Cela nous permet également de faire un geste pour l’environnement.
En tant qu’experte agricole, je vais aller départager deux parties en cas de litige. Je travaille pour les Justices de Paix et les Tribunaux de première instance. C'est souvent un travail de médiation et de mise en confiance, mais aussi un travail technique car souvent cela nécessite des recherches dans de nouveaux domaines. En fonction des événements, je peux faire des estimations des pertes lors de catastrophes naturelles (ex : grêle,…). Je collabore aussi avec des études notariales lors des partages de terre durant un héritage.
Pour ces deux métiers, je travaille en tant qu’indépendante. Chaque année est différente, ce qui permet de ne pas tomber dans la monotonie.
Je suis aussi active dans notre association de conseil technique (CETA de Thuin), à la coopérative agricole (SCAM) ; je participe à la Commission "environnement" de notre syndicat (FWA) . Ce sont des engagements bénévoles où je suis heureuse de mettre ma formation aux services de ma profession. C'est une façon de participer à l'avenir...
Influence de l’UCL
A l’époque, il n’y avait pas vraiment d’option « tropicale » dans une autre université que l’UCL, c’est donc tout naturellement que j’ai décidé de faire mes études là-bas. Pour moi, un des principaux avantages de l’UCL est qu’il est possible de rencontrer des personnes ayant effectué des études totalement différentes, ce qui permet d’éveiller sa curiosité et de faire évoluer sa vision des choses.
Perspectives d’avenir
Il y aura une évolution sur base des exigences environnementales. Nous allons surement évoluer vers moins de labour, plus d’engrais vert,… Il y a aura aussi moins de produits phytosanitaires et malheureusement plus de contrôles...
Depuis que j’ai débuté, j’assiste également à un bouleversement important au niveau de la vente. Quand j’ai débuté, les prix étaient presque stables. Aujourd’hui, tout a changé. Le marché est devenu de plus en plus instable, il faut connaitre le cours du blé, mais aussi du pétrole,… Cette partie du travail concernant la vente m’intéresse moins, mais elle est inhérente au métier de fermier aujourd’hui.