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Nicolas Loodts - Une ferme maraîchère coopérative. Entre marronnage et engagement

espo | Louvain-la-Neuve, Mons, Charleroi

espo
25 February 2025

Nicolas Loodts

soutiendra publiquement sa dissertation

« Une ferme maraîchère coopérative. Entre marronnage et engagement »

pour l'obtention du grade de Doctorat en sciences politiques et sociales

Le lundi 17 mars 2025 à 16h30

Salle du Conseil (Leclercq 93)

Résumé

La ferme Planto ergo sum est une ferme maraîchère coopérative qui cultive 1,5 hectare de légumes variés en Région wallonne selon les principes de l’agroécologie et la réglementation biologique. Comme beaucoup de fermes maraîchères, celle-ci est tenue par des nimaculteurs, des agriculteurs non issus du milieu agricole. Si la plupart sont diplômés de l’université ou d’écoles supérieures, ceux-ci ont renoncé à des carrières plus classiques pour mettre les mains dans la terre.

Leur vécu peut se penser à la lumière de l’engagement : engagement personnel, car beaucoup ont choisi ce métier pour vivre en conformité avec leurs valeurs ; engagement sociétal, car la portée de leur action va bien au-delà de leur seule profession avec une volonté de construire une société plus juste et plus écologique ;   engagement professionnel dans un nouveau métier où de nouvelles techniques, de nouveaux savoirs et in fine une nouvelle vision doivent être acquis ;  et enfin engagement avec un champ maraîcher complexe, agencement de multiples non-humains qu’il faut connaître, coordonner et parfois combattre.  

Par ailleurs, l’expérience de cette ferme coopérative peut également se penser à la lumière du concept de marronnage. Les marrons étaient les esclaves en fuite des plantations du Nouveau Monde qui tentaient de regagner leur liberté en s’installant dans des zones reculées et inaccessibles. Loin des plantations ou dans les marges de celles-ci, ils développaient des agricultures de subsistance agroécologiques. La plantation esclavagiste n’existe plus, mais d’aucuns nomment la période dans laquelle nous trouvons le Plantationocène en soulignant le rôle historique de la plantation dans le développement du capitalisme moderne à l’origine des crises climatique et écologique. S’il n’est pas possible de quitter le Plantationocène, il est possible d’y créer des alternatives et d’y refuser les assignations.   À la ferme Planto ergo sum, les remises en question sont nombreuses. Maraîchères et maraîchers tentent de prendre leurs décisions de manière collective, questionnent les pratiques agricoles et développent une commercialisation en circuit court s’affranchissant de la dépendance à des grossistes dont ils ne partagent pas les valeurs. Par leurs réflexions sur le sens du travail, la remise en question de l’importance des diplômes universitaires, leurs questionnements sur les pratiques agricoles, maraîchères et maraîchers marronnent le Plantationocène.

Mais la tâche n’est pas sans difficulté tant la pression de la rentabilité économique du système alimentaire valorise la production de nourriture à bas prix et fragilise même le circuit court. À travers l’exploration de cette ferme coopérative et de ses chaînes d’approvisionnement, cette ethnographie met en lumière les forces et les fragilités des systèmes alimentaires alternatifs dans un monde en crise.

Membres du jury                                                                

Prof. Pierre-Joseph Laurent (UCLouvain), co-promoteur
Prof. Julie Hermesse (UCLouvain), co-promotrice et secrétaire du jury
Prof. Séverine Lagneaux (UCLouvain), présidente du jury et comité d’accompagnement
Prof.  Jérémie Forney (Université de Neuchâtel), évaluateur externe
Dr. Aurelie Javelle (Institut Agro Montpellier), évaluatrice externe
Dr. Barbara Van Dyck (Agroecology Lab, ULB), évaluatrice externe