Hommage à Henri Wattiaux

Louvain-La-Neuve

C'est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès d'Henri Wattiaux, professeur émérite de la Faculté de théologie et d'étude des religions, ce 16 mai 2023.

Nous présentons nos sincères condoléances à sa famille et à ses proches.

Ci-dessous, l'hommage rendu par le prof. Gaziaux lors des funérailles qui ont eu lieu ce 22 mai 2023.

 

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Hommage à Henri Wattiaux

Chère Thérèse,

Chers Edith, Bernard et Jérémie, chère famille,

Monseigneur,

Chers Collègues,

Mesdames et Messieurs,

 

C’est au nom de la Faculté de théologie et d’étude des religions qu’il me revient de prendre la parole pour prononcer cet hommage à la mémoire de notre collègue et ami, le professeur Henri Wattiaux, qui nous a quittés, à la surprise générale, ce mardi 16 mai.

Impliqué depuis près de 50 ans dans la vie facultaire, Henri est né le 22 août 1945 à Frasnes-les-Gosselies. Il accomplit ses humanités gréco-latines à l’Institut Sainte-Marie de Rèves, qu’il termine avec la médaille d’or « Primus perfectuus », médaille récompensant l’élève qui a terminé toutes ses années d’humanités à la première place. Sans doute garda-t-il de cette formation ce goût de la langue française qu’il appréciait et savourait tant, ce style, clair et précis, qu’il avait, cette écriture manuscrite qui relevait de la calligraphie, et son attachement au latin dont il distillait en ses missives et ses interventions de nombreuses locutions ou expressions.

C’est à l’UCLouvain, et en bonne partie à Leuven, qu’Henri accomplit sa formation universitaire. Au cours de ces années d’études, Henri obtint, brillamment, plusieurs diplômes en diverses matières. Et en 1978, il conclut ce parcours par un doctorat en théologie réalisé sous la houlette de son maître, Mgr Philippe Delhaye, avec qui il entretiendra des relations étroites jusqu’à son décès en 1990. Obtenue avec la plus grande distinction, cette thèse s’intitulait « les fondements bibliques et anthropologiques de la fidélité en théologie morale ». Dans ce titre sont condensées des thématiques qui ne cesseront d’alimenter sa réflexion ultérieure : les fondements de la théologie morale, l’attachement à l’Ecriture pour penser la morale, la thématique de la fidélité et donc le lien à l’autre qui lui ouvrira bien des perspectives de recherches. La thèse sera publiée en 1979, année au cours de laquelle Henri devient premier assistant, après avoir été assistant depuis 1973. C’est dans les domaines de la morale fondamentale, de la morale sexuelle et de la méthodologie de la théologie morale qu’il investit sa recherche et assurera aussi plusieurs suppléances de cours… en convolant entre-temps en justes noces avec Thérèse, licenciée en sciences religieuses et rencontrée, paraît-il, par l’entremise de la secrétaire administrative de la Faculté. Merci à toi Thérèse pour ta présence au cours de toutes ces années aux côtés d’Henri.

En 1984, Henri est nommé chargé de cours à la Faculté de théologie, devenant ainsi le premier laïc, marié de surcroît, à occuper une chaire d’enseignement au sein de la Faculté. Il y assure des cours dans les deux cursus, celui de théologie et celui de sciences religieuses. Parallèlement à ces cours en théologie consacrés aux questions de morale fondamentale, familiale et sexuelle, Henri assure aussi des enseignements dans d’autres facultés de l’Université ainsi qu’au FOREL, la Faculté ouverte des religions et des humanismes laïques, de Charleroi. Cela sans compter ses participations à diverses commissions universitaires et extra-universitaires.

Sa recherche et ses diverses implications ont débouché sur plusieurs publications, soit sous forme d’articles soit sous forme de livres, qui, au-delà de leur côté scientifique, témoignent également du souci d’Henri pour diffuser auprès d’un large public les fruits de sa réflexion éthique et théologique. En témoignent également ses nombreuses interventions dans la Libre Belgique.

Il accompagna nombre d’étudiant(e)s pour leur mémoire, que ce soit en Faculté de théologie ou à l’Institut d’études de la famille et de la sexualité, et dirigea plusieurs thèses de doctorat.

En parallèle à son activité de recherche et d’enseignement, Henri s’est impliqué quotidiennement dans la vie facultaire. Il fut ainsi secrétaire académique de l’Institut Supérieur de sciences religieuses, secrétaire académique de la Faculté de théologie, président de la commission de la bibliothèque. Il fut longtemps aussi membre du bureau de la Faculté de théologie et membre du comité de direction et du conseil de rédaction de la Revue théologique de Louvain, dont il fut secrétaire de 1985 à 1990.

Mais derrière ce parcours académique se cache un homme.

Un homme dont la discrétion n’avait d’égal que l’attention qu’il portait aux divers membres de la Faculté, à ses collègues mais aussi au personnel administratif et à ses étudiants, à sa famille et ses proches, à ses amis ; il était un collègue avec sa liberté de penser et son côté entier, serviable et disponible ; un collègue fidèle à sa Faculté et à son institution, et à ses engagements et paroles, non dénué d’esprit critique mais aussi d’humour, et muni également de bon sens et d’un sens certain de l’efficacité : ce qui est fait, disait-il souvent, n’est plus à faire ; un professeur qui encourageait et soutenait ses étudiants et étudiantes dans leur parcours, et prêt à accepter des positions autres que les siennes si celles-ci étaient étayées et argumentées.

Je souhaiterais conclure cet hommage par la dernière phrase de l’allocution qu’a prononcée Henri lors de son éméritat, et qui pour moi reflète bien l’homme de foi et d’espérance qu’il était. Evoquant le temps de l’éméritat comme une nouvelle phase de la vie où l’on se propose, selon ses mots, d’ajouter des points à la broderie de l’existence, il concluait ainsi : « Ce vœu ne peut tenir qu’en se plaçant sous la lumière de l’espérance. Celle-ci n’est pas seulement un ‘après’ qui aide à vivre ; elle enveloppe le passé, le présent et l’avenir de notre histoire, car elle n’est pas quelque chose, mais Quelqu’un, Celui que les Evangiles nous donnent à voir comme le visage humain de Dieu. Elle est, de ce fait, le don à quoi tout converge dans l’expérience chrétienne. C’est sur ce mot d’espérance que je prends congé ; je n’en saurais prononcer de plus beau, ni de plus réconfortant ».

Merci à toi cher Henri pour tout ce que tu as été et fait pour la Faculté et tes proches.

Éric Gaziaux, le 22 mai 2023

 

Publié le 22 mai 2023