Titre complet : Plateforme d'aide à l'apprentissage de l'Orthographe sur le Net |
Le projet PLATON
L’aventure démarre au CENTAL, dans le cadre d’un projet de recherche financé par la Région wallonne sur la correction orthographique. Richard Beaufort, un jeune docteur qui vient de rejoindre l’équipe, adapte une technologie du traitement automatique du langage (notamment utilisée pour la recherche SMS4Science) qui permet de comparer deux textes similaires, tel un miroir, et d’en détecter les différences. Cette technologie va être réutilisée afi d’identifier les fautes d’orthographe et d’ensuite les corriger... et même de les expliquer, grâce à des programmes de traitement automatique du langage (TAL) et à des ressources grammaticales développées par les linguistes de l'UCLouvain.
La plateforme PLATON s’inscrit dans le cadre général de l’apprentissage et de l’enseignement des langues assistés par ordinateur (ALAO/ELAO). Dédiée à l’amélioration de la maîtrise de l’orthographe, cette plateforme s’adresse aussi bien à des apprenants natifs qu’à des allophones, pour autant que ceux-ci présentent déjà un niveau de maîtrise avancé de la langue à l’oral et à l’écrit. PLATON est alors une plateforme en ligne, accessible aux enseignants et à leurs apprenants. Chaque enseignant gère un ou plusieurs cours, divisés en leçons. Un cours étant vu comme un niveau de maîtrise, un apprenant est normalement inscrit à un seul cours à un moment donné. Actuellement, PLATON gère principalement la partie « exercices et corrigés » : l’enseignant accède à PLATON pour ajouter un exercice à une leçon ou pour visualiser les résultats des apprenants concernés, tandis que l’apprenant y accède pour réaliser un exercice ou visualiser ses résultats.
Dans l’ensemble, le développement de cette plateforme tâche de répondre aux différents besoins relevés par les acteurs de l’ALAO/ELAO (Desmet, 2006). L’un d’eux, un véritable défi, a particulièrement retenu notre attention : dépasser les exercices classiques que sont le texte à trous et le choix multiple, qui limitent considérablement l’éventail des connaissances testées. Pour ce faire, l’idée est de proposer des exercices de type semi-ouvert, qui évitent de signaler trop explicitement le lieu de la difficulté et stimulent la spontanéité des réponses, tout en maintenant l’éventail des variations possibles dans les limites d’un ensemble gérable automatiquement. La dictée, exercice de type semi-ouvert du fait de la présence d’un original, est l’exercice central de la plateforme, qui en gère automatiquement tous les aspects : sa vocalisation par synthèse de la parole lors de son ajout par l’enseignant, les différentes étapes de sa réalisation par l’apprenant (écoute, copie, relecture) et, bien sûr, sa correction. La phase de correction propose un diagnostic automatique des erreurs, basé sur des méthodes d’alignement et d’analyse linguistique automatique présentées dans un article de la conférence (Beaufort & Roekhaut, 2011). A terme, la plateforme proposera aussi d’autres types d’exercices (textes à trous, jeu des 7 erreurs, etc.), mais également des exercices générés automatiquement, sur la base des lacunes de chaque apprenant.
La plateforme Ortalia
PLATON était né, mais encore fallait-il en faire une application à la fois robuste (accessible simultanément à des milliers d’utilisateurs) et agréable à utiliser (avec des parcours ludiques et des interfaces high-tech). C’est la société Altissia, spécialisée dans l’enseignement des langues et du langage et proche collaborateur de l’UCLouvain, qui a rendu cela possible. Un parfait exemple du trajet de la recherche universitaire : d’abord issue de la recherche fondamentale, puis appliquée de l’UCLouvain, la technologie est finalement mise à la disposition du grand public grâce à un partenariat université – entreprise. Et bien sûr l’histoire ne s’arrête pas là puisqu’Altissia fera régulièrement évoluer cet outil en le dotant de nouvelles fonctionnalités. Découvrez Ortalia sur www.ortalia.com.
L’objectif est de permettre à tout un chacun d’améliorer son orthographe. Comment ? En s’inscrivant sur la plateforme et en suivant un parcours, individuel et progressif, de dictées en ligne avec corrections et explications automatiques. Le parcours est progressif et pédagogique : les erreurs sont expliquées et des liens sont proposés vers les règles d’une grammaire de référence qui permet à l’utilisateur de revoir les points les plus utiles pour améliorer son niveau.
L’outil est mis gratuitement à la disposition des étudiants de l’UCLouvain et de son personnel. L’apprentissage de l’orthographe ne fait pas directement partie des missions de l’université, mais il contribue à mieux outiller les étudiants pour leur parcours professionnel futur. Quant à la version payante, elle sera accessible au grand public, avec un intérêt particulier pour l’enseignement supérieur et secondaire.
Concrètement, Oralia propose 4 niveaux de 3 leçons chacun. Il retient le parcours de l’utilisateur et revient sur les faiblesses observées. Chaque leçon explique au préalable les règles grammaticales qui seront visées. Dès sa dictée terminée, l’internaute reçoit ses corrections en 5 sec. avec des explications et des renvois vers une grammaire de référence (Le Petit Grevisse).
Chercheurs
- Richard Beaufort
- Sophie Roekhaut
Promoteur
Cédrick Fairon
Références
- Beaufort, R. et Roekhaut, S. (2011). Automation of dictation exercises. A working combination of CALL and NLP. In: Computational Linguistics in the Netherlands Journal, Vol. 1, pp. 1-20.
- Beaufort, R. et Roekhaut, S. (2011). Le TAL au service de l’ALAO/ELAO. L’exemple des exercices de dictée automatisés. In: Actes de la 18me Conférence sur le Traitement Automatique des Langues Naturelles 2011.
- Roekhaut, S., Beaufort, R. et Fairon, C. (2013). PLATON, un outil de dictée automatique au service de l’apprentissage de l’orthographe. In: Le Langage et l'Homme, Vol. 48, no. 2, pp. 127-140.
Remerciements
Le projet Platon a bénéficié des technologies et ressources développées dans le cadre de plusieurs projets soutenus par la Région Wallonne (Actispell, Expressive, Sportic). Il a ensuite reçu le soutien du Fonds de développement pédagogique de l'UCLouvain. Dans ce cadre, nous avons bénéficié de la collaboration de Marie-Anne Schelstraete, Michel Francard, Emilie Collette, Cécile Kaisin, Laurence Martin et Hubert Naets.
La nouvelle plateforme en ligne de Platon, baptisée Ortalia, a été conçue en collaboration avec l’équipe d’Altissia. C’est un plaisir de remercier Benoît Muyldermans, Grégory Schiano, Natalie Pokrovskaya, Evelyne Dubois et Renaud Laloux.