Le GIRCAM décline son approche autour de trois axes complémentaires :
Axe 1 - Temps et espaces
D'un point de vue géographique, il est important de considérer les phénomènes médiatiques et culturels comme dépassant les frontières des Etats-nations et de nous intéresser aux processus d'hybridité et de transculturalité qui affectent tant les pratiques que la production et la réalisation de certains objets culturels. L'idée n'est pas ici de récuser l'implantation de certains acteurs ou de certains usages à un niveau local ou d'éviter les thèmes liés à la territorialisation des cultures, mais plutôt favoriser des dynamiques de recherche qui parviennent à articuler le global et le régional, notamment dans une perspective européenne. Par ailleurs, étudier la culture comme phénomène transnational implique aussi de prendre en compte le rôle des mouvements migratoires et des diaspora dans la constitution d'expériences culturelles transfrontalières.
Si la culture circule dans l'espace, elle voyage aussi dans le temps et le GIRCAM est particulièrement attentif aux approches qui permettent de suivre l'évolution, la reconfiguration et la réappropriation de certains objets/pratiques culturels à travers l'histoire. C'est à ce niveau que notre groupe de recherche s'ouvre à une véritable archéologie des productions médiatiques et accueille des travaux issus du champ de l'histoire culturelle. Notre propos n'est pas seulement de nous intéresser aux phénomènes de résurgence, de réapparition ou de survivance comme de purs effets d'intertextualité ou d'intericonicité se résumant à des pratiques citationnelles du passé. Plus important est de saisir les modulations des usages et des valeurs conférées à certaines productions médiatiques en fonction de leur insertion dans des contextes socio-historiques singuliers.
Axe 2 - Médias et médiation
Parmi les champs définis ici, l'axe médiatique est peut-être le plus central en ce sens que ce sont les médias entendus au sens large qui favorisent pour une grande part les mouvements et les réappropriations des productions culturelles tant sur un plan géographique qu'historique. Cependant, même si nous définissons les médias comme des convoyeurs et des agenceurs de culture, notre attention portera également sur les phénomènes d'échanges et de déplacements qui s'effectuent au sein de l'espace médiatique lui-même. Cette dimension est importante dans la mesure où nous veillons à considérer les médias comme un monde à part entière, avec sa propre logique socio-économique, un monde caractérisé lui aussi, surtout à l'heure des réseaux sociaux et du numérique, par des dynamiques placées sous le sceau de la démultiplication des supports, de la convergence et des mises en réseaux.
Par ailleurs, autant il est important de mettre l'accent sur les médias, autant il importe aussi d'insister sur les processus de médiation à l'oeuvre plus largement dans le champ culturel, des processus qui favorisent la circulation des contenus et l'appropriation des pratiques. C'est dans cette perspective qu'il faut prendre en compte non seulement les objets culturels et/ou artistiques dans leur dimension relationnelle, mais aussi les acteurs des mondes de l'art et de la culture qui font oeuvre de médiation dans un espace socioculturel lui-même en mouvement.
Axe 3 - Représentations et changements
Enfin, sur un plan cognitif, il est aussi important de tenir compte des effets qu'entraînent les changements et déplacements culturels, mais aussi les nouvelles pratiques (notamment transmédiatiques et les nouvelles formes de médiations culturelles) sur les représentations sociales, aussi bien chez les personnes qui expérimentent ces changements qu'auprès de celles qui en sont les témoins directs. C'est aussi dans le domaine des représentations et des catégorisations qu'il faut évaluer l'impact de pratiques transculturelles sur le renforcement ou l'affaiblissement de certains stéréotypes, ceux relatifs au genre notamment.
D'un point de vue méthodologique, afin de travailler les axes de recherche précédemment décrits selon une coupe transversale, le GIRCAM privilégie l'étude de la culture en termes de mouvement et de processus. Par cohérence avec nos préoccupations épistémologiques, le groupe de recherche inscrit le mouvement et le déplacement au coeur même de sa méthodologie en favorisant aussi bien les aller-retour entre théorie et pratique, recherche fondamentale et études de cas que la mise en circulation de certains concepts et outils d'analyse entre des champs disciplinaires différents.