Le public a souvent en tête l’image de l’archéologue caricaturé au travail, pinceau et truelle à la main, époussetant laborieusement quelques vieux cailloux. Certes, même les vestiges archéologiques ruinés des plus grandes civilisations s’y apparentent souvent mais c’est affaire de spécialistes que de faire parler ces témoins souvent fragilisés, parfois précieux. Sur le terrain et dans les laboratoires, archéologues, géologues et archéomètres mènent l’enquête. Suivez-la en compagnie des historiens des techniques et de l’économie, de l’architecture, des sociétés et des religions : l’Espace gallo-romain et le Musée de la Pierre de Maffle les ont convoqués à Ath.
Avec eux, l’asbl CSSA (Louvain-la-Neuve) et le CRAN (INCAL) ont conçu et nourri une exposition consacrée à l'archéologie de la pierre gallo-romaine, avec de nombreux partenaires institutionnels ou particuliers, belges et français. Ils invitent le visiteur à identifier les pierres, à lire les traces d’outils et à décrypter la symbolique des couleurs, à observer le jeu subtil des décors et la volumétrie des statues qui témoignent de l’habileté des artisans. à ceux qui savent les observer, les pierres disent beaucoup de la vie et des savoirs faire de leurs ancêtres.
Sur base des collections accessibles et disponibles en dépit du confinement, l’exposition a privilégié la présentation des lieux et des usages de la pierre en particulier dans la Cité des Nerviens. L’économie artisanale et domestique, l’exercice des cultes dans la sphère publique ou privée, l’exposition du prestige conféré par le pouvoir, le statut, la position sociale, la vie quotidienne… nécessitent et motivent en effet la production ou l’importation de nombreux artefacts.
Aux questions simples des usages fonctionnels, répondent donc de plus complexes motivations croisées des choix, notamment économiques (lieux et conditions d’extraction, distance et modes de transport, localisation des ateliers de transformation et des chantiers), symboliques (couleurs, grain, qualités de taille et de finition) et de représentation (diversité et provenance des ressources acheminées, coût et prestige des d’approvisionnements).
Le fil rouge imposé, à rebours de la présentation plus traditionnelle de la chaîne opératoire – de l’étude de l’objet en pierre à la carrière – est donc décliné en vertu de ces réalités historiques. La mise en perspective de la période étudiée avec la réalité encore perceptible du rôle de la pierre dans le quotidien de nos contemporains sera parfaitement assurée par le lien avec le parcours de l’exposition permanente et la visite du musée et du site industriel des carrières de Maffle.
À noter :
En 2021, les pierres chanteront : un concert de l’ensemble Lithos animerai le finissage de l’exposition avec la collaboration de la maison culturelle d’Ath.
Des vieux cailloux dans le plus grand musée du monde ? Ré-écoutez l’émission sur RTBF Audio.