Retour de colloque : La Conférence REALIST 2021
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En quelques paragraphes, Voici une synthése de 6 présentations entendues au colloque REALIST2021, un rendez-vous pour les chercheurs et chercheuses qui mobilisent l’approche réaliste pour l’évaluation de programme. Pour plus de détails sur cette approche, nous vous invitons à cliquer sur ce lien.
Sélectionnées pour l’intérêt qu’elles pourraient représenter pour les acteurs œuvrant en promotion de la santé, ces présentations portent sur des programmes, aux thématiques variées, ayant été évalués à l’aide d’une approche réaliste : un plan local pour promouvoir l’activité physique, un service multidisciplinaire pour femmes enceintes présentant des problèmes de drogue et d’alcool, un programme de promotion de la santé dans des structures dédiées à la petite enfance, l’accès aux soins de santé de personnes sans-abris, une démarche de développement continu de la qualité dans des maisons médicales et l’impact de projets liés à la lutte contre la pauvreté infantile.
– Présentée par le Dr Katie Shearn - Sheffield Hallam University
La chercheuse a présenté la démarche évaluative d’un plan local visant à augmenter l’activité physique dans le Grand Manchester. Une multitude de projets et d’initiatives menés dans différents milieux de vie et auprès de différents publics composent ce plan local.
Au lieu de porter un regard sur chaque projet et initiative, les chercheurs se sont intéressés aux changements opérés au niveau du territoire, en tant que système, et aux conditions du système qui permettent de soutenir les personnes à adopter une activité physique. La présentation s’accompagne d’une vidéo (EN) très claire et imagée du rôle des déterminants de la santé en matière d’activité physique et de l’importance d’agir simultanément sur plusieurs niveaux du système.
Explorer les processus mis à l’œuvre d’un service multidisciplinaire pour femmes enceintes présentant des problèmes de drogue et d’alcool.
- Présentée par Alix Aitken-Arbuckle - Edinburgh Napier University
La chercheuse a exploré les processus de travail d’un service d’outreach multidisciplinaire visant à améliorer la santé et le bien-être de femmes enceintes souffrant de problèmes d’alcool et de drogues. La chercheuse fait trois hypothèses pour expliquer comment fonctionne le service, pour qui, dans quelles circonstances et pourquoi.
D’abord, le service « fonctionne » parce que les différents professionnels sont regroupés dans un même service. La combinaison de différentes expertises et d’interactions quotidiennes permet de renforcer la coordination, la compréhension des rôles de chacun et facilite la résolution de problèmes.
Ensuite, le service « fonctionne » parce que les professionnels du service ont tous une posture d’ouverture, honnête et non-jugeante ; ce qui permet de développer des liens de confiance avec les femmes, souvent méfiantes envers les services médico-sociaux du fait d’expériences passées négatives. Cette posture des professionnels suscite chez les femmes des sentiments de respect, de considération et de confiance avec le service.
Enfin, le service « fonctionne » car il offre des services flexibles et sur mesure aux femmes à qui l’on propose de définir les objectifs de la relation thérapeutique. Le service repose sur un principe d’empowerment menant à un engagement sur le long terme des femmes, une motivation et un changement de comportement.
Évaluation réaliste d’un programme de promotion de la santé dans des structures dédiées à la petite enfance au Canada.
- Présentée par la Dr. Daphne Mcrae (University of Saskatchewan)
Il s’agit d’un programme de 10 mois qui visait à accroître les pratiques d’alimentation saine et d’activité physique dans des centres d’accueil de la petite enfance au Canada. Les équipes des centres participants ont reçu 6 heures de formation et un suivi par téléphone ou par mail tous les mois. Les chercheurs se sont posés la question du comment, pour qui et dans quel contexte l’intervention a-t-elle effectivement été implémentée et pérennisée. Les chercheurs expliquent la causalité du programme de la manière suivante :
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Si les équipes de professionnels des centres ont une attitude positive vis-à-vis du programme et que le contenu de la formation renforce le sentiment des professionnels de l’importance de pratiquer des activités favorables à la santé, alors les équipes s’identifieront dans les objectifs et les valeurs du programme, ce qui les mènera à décider d’implémenter le programme.
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Si la formation leur a fourni des ressources utiles et qu’il y a un soutien continu, alors les équipes se sentiront capables d’implémenter le programme et de le maintenir sur la durée, ce qui les mènera à surpasser les difficultés qu’elles pourraient rencontrer lors de son implémentation.
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Si le programme offre des opportunités pour être actif physiquement, que les enfants choisissent les activités, qu’on leur enseigne des compétences motrices de base et que les équipes les encouragent, s’amusent avec eux et jouent un rôle de modèle, alors les enfants vont accroître leur confiance en eux en matière d’activité physique et dans les interactions sociales et vont développer leur motivation intrinsèque pour ces activités ; ce qui mènera à une augmentation de la pratique d’activité physique, de leurs compétences et de leur autonomie.
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Si le programme sensibilise et offre des opportunités pour discuter de l’alimentation, que les enfants participent à la préparation des repas, que les équipes respectent les choix alimentaires des enfants, et qu’ils jouent un rôle de modèle, alors les enfants développeront leur motivation intrinsèque pour une alimentation saine et leur efficacité personnelle. Ce qui mènera les enfants à être plus réceptif et à préférer des choix alimentaires sains.
Une revue de la littérature sur les éléments de contexte et les mécanismes qui favorisent l’accès aux soins de santé de personnes sans-abris.
- Présentée par Rikke Siersbaek - Trinity College Dublin
Évaluation de l’implémentation d’une démarche de développement continu de la qualité dans des maisons médicales belges
- Présentée par Madeleine Capiau – UCLouvain (madeleine.capiau@uclouvain.be)
La chercheuse évalue les processus d’un programme d’amélioration de la qualité en maison médicale, le programme DEQuaP, pour l’acronyme « développons ensemble la qualité de nos pratiques ». DEQuaP est un programme d’auto-évaluation des pratiques et du fonctionnement des maisons médicales membres de la Fédération belge des maisons médicales. La finalité de ce programme est d’inviter les équipes participantes à s’engager dans une démarche de développement continu de la qualité.
Dans un premier temps, la chercheuse a d’abord décrit les évolutions du programme, de sa réflexion à son implémentation, et a identifié les facteurs explicatifs de ces évolutions. Elle observe que la diversité des cultures organisationnelles au sein des maisons médicales est un facteur contextuel important pour comprendre les phases clés du développement du programme DEQuaP. Cette observation l’a conduite à se poser la question suivante : comment et pourquoi la culture organisationnelle influence les programmes d’amélioration de la qualité ?
Évaluation Réaliste de l’impact de 26 projets liés à la lutte contre la pauvreté infantile en Belgique francophone
- Présentée par Manon Beauvarlet, École de Santé Publique – ULB (manon.beauvarlet@ulb.be)
Cette évaluation visait à comprendre comment (par quels mécanismes), pour qui (caractéristiques des enfants et familles) et dans quelles circonstances (caractéristiques des projets et acteurs), des projets liés à la lutte contre la pauvreté infantile produisent des effets en termes de satisfaction des besoins développementaux de l’enfant, de réponses à ces besoins par les parents et sur les facteurs environnementaux autour de la famille.
La recherche portait sur 26 projets actifs en Belgique francophone : lieux de rencontre enfants-parents, Haltes-accueil, divers services d’accompagnement des familles à domicile ou non, y compris en période périnatale, ou maisons d’accueil pour enfants ou familles.
26 focus groups avec les intervenants de terrain de chaque projet ont permis de mettre en évidence des configurations CME, qui ont été ensuite validées, complétées et affinées via 56 entretiens avec des familles en situation de précarité, bénéficiaires des projets. Malgré la diversité des modalités d’actions et des types de structures, 5 mécanismes (la co-éducation, la guidance parentale, l’étayage des compétences parentale, l’étayage de l’enfant et la pédagogie institutionnelle) permettent de comprendre comment la satisfaction des besoins développementaux des enfants peut être améliorée par ces projets. Ces différents mécanismes sont activés de manière isolée ou complémentaire, en fonction des caractéristiques des familles, en particulier le type de précarité vécue, et des contextes d’intervention. Des leviers transversaux à ces mécanismes, tels que l’affiliation, le levier communautaire et le degré de participation des familles, modulent l’activation de ces mécanismes et la production des effets. Pour toutes ces configurations, la recherche montre que des changements se produisent pour les familles qui fréquentent de manière régulière et suffisamment longue ces projets. Ces effets positifs améliorent le développement des enfants soit directement, soit via l’amélioration des réponses à leurs différents besoins apportées par les figures parentales ou les facteurs environnementaux autour d’eux et leur famille.