Nous nous tournerons ensuite vers les questions de la banalité du mal, en référence à Hannah Arendt, et celle des intentions à l’œuvre ou non dans les processus qui permettent la destructivité. Après quoi, nous aborderons le cas de deux logiques qui peuvent conduire à une forme de mal radical, celle de la lutte des races pour les ressources selon le nazisme, et la version stalinienne de la lutte des classes. Nous envisagerons les diverses relations des dictateurs aux horreurs qu’ils ordonnent, les jeux entre abstraction et proximité dans leurs relations à la violence. Nous examinerons ensuite les figures de Thanatos pour déboucher sur une interrogation quant à la destructivité inhérente aux sciences et techniques issues de la révolution mécaniste des XVIe et XVIIe siècles, en lien au référentiel des limites planétaires. Nous envisagerons après d’autres relations possibles entre savoir et nature en développant l’hypothèse d’un grignotage contemporain du legs de la révolution néolithique, des dominations diverses qu’elle a au moins développées. Nous essaierons ainsi de desserrer l’étau du mal radical. Enfin, nous opposerons l’ambivalence millénaire des liens entre biens et maux à ce que semble enseigner l’univocité des expériences de mort imminente.
Dominique Bourg, philosophe, professeur honoraire, Université de Lausanne.
Dirige aux PUF les séries « L'écologie en questions » et « Nouvelles terres » avec Sophie Swaton ; la série des grands textes de l’écologie et la revue en ligne http://lapenseeecologique.com.
Appartenance à : CFDD, Commission Coppens, CNDD, Grenelle de l'environnement, etc. ; à conseils scientifiques : Ademe (2004-2006), Fondation pour la Nature et l’Homme (1998 – 2018 ; Paris) ; Organe de prospective de l’Etat de Vaud (2008 – 2017) ; Fondation Zoein (Genève, 2018 -).
Domaines de recherches : aspects politiques, économiques, écologiques et métaphysiques de la durabilité, histoire de la pensée écologique, risques et principe de précaution, démocratie écologique.
Officier Légion d’honneur et Ordre national du mérite. Lauréat des prix « Promeneur solitaire » (2003) et Veolia de l’environnement (2015).
Derniers ouvrages parus : Nouvelle Terre, Desclée, 2018 (réédition Quadrige-Puf 2022). Le Marché contre l’humanité, Puf, 2019. Retour sur Terre. 35 propositions, Puf, 2020, livre collectif. Désobéir pour la Terre. Défense de l’état de nécessité, livre collectif, Puf, 2021. Primauté du vivant. Essai sur le pensable, Puf, 2021, avec Sophie Swaton. Science et prudence. Du réductionnisme et autres erreurs par gros temps écologique, Puf, 2022, avec Nicolas Bouleau. Manifeste contre l’impuissance publique, Tracts n° 44, Gallimard, 2022, avec Johann Chapoutot. La Finance face aux limites planétaires. Dialogue entre un financier et un philosophe, Actes Sud, 2023, avec Philippe Zaouati. Au cœur des années affreuses, sales et méchantes. Journal écophilosophique, Puf, 2023.