Aller au contenu principal

Défense de thèse : Sophie De Spiegeleir

st-louis
Bruxelles
Plus d'information

Madame Sophie de Spiegeleir

Soutiendra publiquement sa thèse 

Sortir de l'internement. Une sociologie des pratiques professionnelles en psychiatrie légale : entre autonomie et dangerosité.

Pour l'obtention du grade de Doctorat en Sciences Politiques et Sociales

Le 28 mars 2025 à 16h à la Salle des Examens

 

Résumé

Qu’est-il attendu des personnes sous mesure d’internement dans la perspective de leur réinsertion sociale et comment celle-ci est-elle envisagée ? En Belgique, l’internement est une mesure de sûreté restrictive ou privative de liberté pour les personnes ayant commis une infraction pénale et qui, en raison d’un trouble mental présent au moment de la décision judiciaire, sont déclarées irresponsables de leurs actes. Encadrée par la loi du 5 mai 2014 relative à l’internement entrée en vigueur le 1er octobre 2016, cette mesure poursuit un double objectif : protéger la société d’individus présentant un potentiel de dangerosité et leur dispenser les soins nécessaires afin de préparer leur réinsertion. Fondée sur une rationalité hybride entre soin et sécurité, la mesure s’organise aujourd’hui autour d’un « trajet de soins » (TSI) au cours duquel il est attendu que la personne internée devienne (plus) autonome en prévision d'un retour dans la société. Ce trajet se concrétise autour d'un travail d'autonomie qui prend place principalement au moment de la libération à l'essai, phase probatoire de la mesure, lors de laquelle la personne internée intègre des lieux de soins en santé mentale qui présentent un niveau de sécurité plus ou moins élevé. Puisant dans la sociologie des professions et la sociologie des pratiques d’aide et de soin, et sur la base de deux terrains ethnographiques (observations et entretiens) auprès de deux unités psychiatriques médico-légales et d’une équipe mobile TSI, la thèse interroge la préparation à la sortie de l’internement. Deux pans de ce travail sont abordés : d'une part, l’analyse des pratiques d'évaluation de l'autonomie et du niveau de réinsérabilité de la personne internée fait apparaitre que l’autonomie, évaluée de façon clinique ou psychométrique, est mise en tension avec la notion de dangerosité et revêt une dimension foncièrement morale. Et d'autre part, l'enquête se penche sur les pratiques d'intervention des équipes professionnelles qui ont recours à des formes graduées de contrainte, mobilisant notamment l'usage de la sanction, dans le but de rendre les personnes internées suffisamment autonomes. Il ressort que le contexte social et institutionnel de l'internement pèse considérablement sur ces pratiques, ce qui met souvent à rude épreuve le travail des professionnels. Ces derniers sont amenés à repenser continuellement, à nouveaux frais, le cadre de leur activité.

 

Abstract

What is expected of individuals who are interned with a view to their social reintegration, and how is this reintegration envisioned? In Belgium, internment is a restrictive or custodial security measure imposed on individuals who have committed a criminal offence and who, are declared irresponsible for their actions because of a mental disorder present at the time of the judicial decision. Regulated by the Belgian statute of 5 May 2014 on internment, which came into force on 1 October 2016, this measure has a dual objective: to protect society from individuals who are potentially dangerous and to provide these individuals with the necessary care to prepare for their reintegration. Based on a hybrid rationale of care and security, this measure is now organized around a “care trajectory” during which the internee is expected to become (more) autonomous in preparation for their return to society. This pathway takes the form of autonomy-building work, which takes place mainly at the time of release on probation, during which the internee enters mental health care facilities offering a greater or lesser level of security. Drawing on the sociology of professions and the sociology of care practices and based on two ethnographic fieldwork sites (observations and interviews) in two forensic psychiatric units and a mobile team for internees, the doctoral research examines the preparation for release from internment. Two aspects of this work are explored. On the one hand, an analysis of practices for assessing the autonomy and level of reinserability of internees reveals that autonomy, whether assessed clinically or psychometrically, is in tension with the notion of dangerousness and has a fundamentally moral dimension. On the other hand, the study looks at the intervention practices of professionals, who use gradually more intense forms of coercion, in particular the use of sanctions, in order to render internees sufficiently autonomous. It emerges that the social and institutional context of internment has a considerable impact on these practices, which often puts the work of professionals to a severe test. As a result, they must continually rethink and reinvent the framework of their professional activity.

Les membres du jury :

  • Prof. Dr. Yves Cartuyvels (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles), promoteur

  • Prof. Dr. Nicolas Marquis (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles), promoteur

  • Prof. Dr. Abraham Franssen (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles), président

  • Prof. Dr. Valérie Aucouturier (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles), membre du comité d’accompagnement et secrétaire

  • Dr. Livia Velpry (Université Paris 8 – Saint Denis), membre du comité d’accompagnement

  • Prof. Dr. Nicolas Sallée (Université de Montréal), évaluateur externe

  • Dr. Aurélie Damamme (Université Paris 8 – Saint Denis), évaluatrice externe

 

Il sera possible d'assister à la soutenance en présentiel ou à distance.

  • Vendredi, 28 mars 2025, 16h00
    Vendredi, 28 mars 2025, 18h00