Salle Guillissen-Hoa

Tournai

Dans le cadre de sa politique de genre et d’inclusion, l’UCLouvain s’est dotée d’une charte pour féminiser les noms des espaces universitaires et les rendre plus inclusifs
Le grand auditoire de la Faculté LOCI à Tournai a été nommé Salle Guillissen-Hoa.

Simone Guillissen-Hoa (1916-1996)

Simone Guillissen-Hoa, architecte belge d’origine sino-polonaise, est née à Pékin en 1916 d’un père ingénieur chinois et d’une mère auteure polonaise juive. Après avoir grandi entre la Chine et l’Angleterre, elle arrive finalement à Bruxelles pour la fin de ses secondaires au Lycée Henriette Dachsbeck et s’inscrit ensuite, en 1935, dans la section architecture de l’Institut Supérieur des Arts Décoratifs de La Cambre, encore sous la direction de son fondateur Henry van de Velde. Formée auprès de Jean-Jules Eggericx, Jean De Ligne et Charles Van Nueten, Simone Guillissen-Hoa obtient son diplôme en 1938 : elle est alors la quatrième femme diplômée de la Cambre, succédant à Claire Henrotin (1930), Margarethe Raemaekers (1932) et Ora Ingber (1936).

Simone Guillissen-Hoa entame à la sortie de ses études un stage chez Charles Van Nueten et décide ensuite de partir en Suisse afin de perfectionner sa pratique auprès de l’architecte suisse Alfred Roth. Le climat politique du début de la Seconde Guerre mondiale la force à écourter son séjour et à revenir en Belgique en décembre 1940. De retour à Bruxelles, Simone Guillissen-Hoa reprend ses activités d’architecte et fonde son propre bureau. En 1941, elle rejoint le service logement du Front de l’Indépendance sous le nom de code Peggy. Le 6 juillet 1943, Simone Guillissen-Hoa, résistante, est arrêtée et déportée aux Pays-Bas puis déplacée en Allemagne à Ravensbrück et ensuite envoyée à Munich dans le camp AGFA, Kommando annexe du camp de concentration de Dachau.

À la libération, en 1945, Simone Guillissen-Hoa rentre en Belgique et reprend son activité. Très vite, la jeune architecte gagne la confiance de ses pairs et les commandes se suivent : villa Faniel (Bruxelles, 1947), centre sportif de Jambes (Jambes, 1947), atelier de sculpture pour l‘artiste Josine Souweine (Bruxelles, 1952), bijouterie De Greef (Bruxelles, 1953 — en collaboration avec Jacques Dupuis)—, maison de la culture de Tournai (1971-1980), etc. S’inscrivant dans la seconde vague moderniste en Europe de l’après-guerre, moins radicale dans son propos ainsi que dans sa formalisation, son architecture aux lignes horizontales et au style épuré dialogue avec justesse avec le paysage et le territoire qui l’entourent.

L’architecte tire également ses inspirations à l’international en Suisse mais aussi du côté des architectes scandinaves comme Aalto ou Saarinen.

Le souci du détail et le respect de la personnalité et de la vie des habitant·e·s caractérisent l’architecture de Simone Guillissen-Hoa.

Simone Guillissen-Hoa a marqué l’histoire de la modernité belge. Elle est l’une des premières femmes à construire en Belgique francophone. Elle signe, en association ou seule, plus de cinquante réalisations privées comme publiques, dont plusieurs sont à ce jour classées.

Faire œuvre. Voilà la destinée de Simone Guillissen-Hoa, de sa génération qui a ouvert la profession aux architectes femmes et de celles qui suivent ses pas et lui succèdent aujourd’hui.

Apolline Vranken
Architecte, doctorante FNRS de la Faculté d’architecture La Cambre-Horta ULB et fondatrice de la plateforme L’architecture qui dégenre asbl

Photo prise à Bruxelles vers 1946
Photographe non identifié
Fonds Simone Guillissen-Hoa – Archives Jean-Pierre Hoa