Enseignants novices : quel rôle dans leur insertion et leur sentiment d’auto-efficacité ?
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L’accompagnement des enseignants novices : quel rôle dans leur insertion et leur sentiment d’auto-efficacité (mémoire)
L’entrée dans la vie professionnelle des enseignants novices représente une étape importante et stressante qui peut impacter la suite de leur carrière.
En 2013, 36% des enseignants quittaient la profession dans les cinq premières années (Delvaux, Desmarez, Dupriez, Lothaire & Veinstein, 2013). Ce taux de rotation élevé a amené de nombreux chercheurs à se pencher sur cette question et notamment, sur l’aspect de l’accompagnement et le soutien que les novices pouvaient recevoir lors de leur entrée dans la profession.
Ce mémoire avait pour but d’évaluer dans quelle mesure des novices ont pu bénéficier d’un tel accompagnement au sein de leur l’institution. Ma promotrice et moi-même sommes parties du postulat qu’un accompagnement aide les novices à s’intégrer au sein d’une équipe. Avoir une ou plusieurs personnes de confiance pour les soutenir faciliterait leur insertion socio-professionnelle et augmenterait leur sentiment d’auto-efficacité.
Nous avions abordé deux types d’accompagnement : l’accompagnement déficitaire/traditionnel (mentorat) dans lequel un mentor aide le novice afin de remédier à ses problèmes, de le faire progresser et de lui apporter un soutien moral et émotionnel. Tandis que l’accompagnement non déficitaire met davantage l’accent sur un partage mutuel des connaissances entre le novice et des professeurs plus expérimentés ou entre novices. Ces jeunes enseignants sont perçus comme possédant des compétences et pouvant apporter un regard neuf sur l’institution. Considérer le novice de cette manière augmentera son sentiment de compétences et sa motivation en étant davantage reconnu.
Dans le cadre de ce mémoire, une recherche qualitative a été effectuée. Huit novices ont été interviewés. Cinq d’entre eux enseignaient en primaire et trois dans le secondaire. Il ressort de cette étude que les deux formes d’accompagnement sont complémentaires, bénéfiques et permettent toutes deux aux novices de créer des liens avec l’équipe. De plus, tous les novices, quel que soit le soutien qu’ils ont reçu (formel ou informel, déficitaire ou non déficitaire) ont constaté une augmentation de leurs compétences et de maitrise du métier. Ils ont tous été globalement satisfaits de leur première année.
Il est important de souligner que malgré ces dispositifs mis en place, tous les novices ne restent pas dans l’enseignement. Ce fut le cas d’une participante qui a bénéficié des deux formes d’accompagnement, et pourtant, elle n’a pas souhaité poursuivre dans cette voie. La volonté de rester dans le métier va dépendre de différents facteurs tels que la personnalité, l’accompagnement reçu, les expériences passées ou encore le type d’école dans laquelle ils enseignent. La mise en place d’un dispositif d’accompagnement ne garantira pas spécialement la rétention des novices dans la profession, comme son absence n’impliquera pas leur abandon. De plus, la plupart des novices vont rechercher de l’aide de manière plus informelle si l’institution ne leur propose pas un dispositif particulier. Ils trouvent eux-mêmes des personnes de confiance pour les guider durant cette première année afin d’avoir une bonne insertion socioprofessionnelle et poursuivre dans cette voie. Certains novices n’ont pas ressenti le besoin d’avoir un mentor attitré et n’auraient pas aimé qu’on leur en impose un.
Ce mémoire a permis de découvrir qu’il serait bénéfique de mettre en place un système de soutien dans certaines situations : au sein des écoles qui accueillent des élèves en difficultés ou pour aider les novices qui semblent plus introvertis et qui pourraient rencontrer des difficultés pour poser des questions et se faire une place au sein d’une équipe. Les participants ont suggéré qu’il fallait prendre en considération différents facteurs avant d’imposer un mentor à un novice comme la personnalité, la matière enseignée par le mentor ou encore les envies et attentes du novice par rapport à ce procédé et cela afin de maximiser les bénéfices que le novice pourrait tirer de cette relation. De plus, nous avons pu constater un manque de promotion des accompagnements non déficitaires tels que les réunions entre pairs. Certains participants n’en avaient pas connaissance ou les trouvaient trop exclusifs.
L’avenir de ces dispositifs est rassurant car ce type d’accompagnement commence à devenir de plus en plus présent au cœur des discussions depuis le lancement du plan pilotage. A l’avenir, il serait donc intéressant d’évaluer la proportion d’écoles intégrants ces dispositifs et d’observer dans quelles situations ceux-ci ont été instaurés. Il serait également utile de promouvoir davantage les groupes de paroles entre novices qui sont bénéfiques et rassurants pour eux. Ils ont de cette manière l’occasion de partager leurs expériences, donner des conseils et constater qu’ils ne sont pas les seuls à rencontrer des difficultés lors de leur première année.
Par Olivia Wellens
Psychologue Clinicienne - olivia.wellens@gmail.com
Sources :
- Delvaux, B., Desmarez, P., Dupriez, V., Lothaire, S., & Veinstein, M. (2013). Les enseignants débutants en Belgique francophone: trajectoires, conditions d'emploi et positions sur le marché du travail. Retrieved from https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00978999/
- Wellens, O., & März, V. (2020). L’accompagnement des enseignants novices : quel rôle dans leur insertion et leur sentiment d’auto-efficacité ? (Master’s thesis). Université Catholique de Louvain-La-Neuve, Louvain-La-Neuve. Retrieved from https://dial.uclouvain.be/memoire/ucl/en/object/thesis%3A26960
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