"L'Etat-providence n'aura pas eu lieu. Le néolibéralisme et la fin du compromis social de l’après-guerre au Japon"

Jeudi 6 février 2025

Le séminaire est ouvert à tous les chercheurs et les étudiants

- 15h30 à 17h -
Salle CriDIS - B.334
Doyen 3è étage

Professeur Keisuke KIKUCHI, Université Doshisha, Kyoto

Keisuke Kikuchi est professeur à l’Université de Doshisha à Kyoto et chercheur visiteur au Centre de recherches internationales (CERI) à Sciences Po Paris. Ses recherches portent sur les questions sociales en Europe et au Japon dans une approche comparative, en particulier sur les réformes néolibérales et ses conséquences socio-économiques. Il mène actuellement ses recherches sur la crise de la dette publique et les mouvements xénophobes en Europe.

Contrairement à l’Europe où la construction de l’Etat Providence s’est faite sous l’impulsion de la gauche, le Japon de l’après-guerre a développé un type particulier d’intégration nationale reposant sur trois piliers: un État développementaliste, investissant massivement dans les travaux publics pour soutenir la croissance ; un système d’emploi à vie dans les grandes entreprises, assurant un certain compromis entre patronat et syndicats ; une série de mesures protectionnistes en faveur des PME et du secteur agricole, en échange de votes pour le parti conservateur. C’est ainsi par l’émergence d’un Etat développementaliste et la « Société d’entreprise » (Osamu Watanabe) que l’intégration des classes populaires s’est faite au Japon, se substituant partiellement à l’Etat providence et marginalisant durablement la gauche sur le plan électoral.

Ce modèle glorifié autrefois comme la clef du « miracle économique japonais » de l’après-guerre, sera cependant décrié de toute part à partir des années 1990. La délocalisation massive des chaines de production dans les pays asiatiques à la suite des accords de Plaza (1986) et l’éclatement de la bulle immobilière du début des années 1990, conduiront les gouvernements successifs sur la voie des réformes néolibérales visant à démanteler « le régime de l’après-guerre ». Quelle était sa particularité ? Et quelles sont les conséquences sociales et politiques de son démantèlement ? Il s’agira de retracer les métamorphoses du capitalisme japonais sous l’emprise du néolibéralisme.