L’objectif de 2020 est accompli et même dépassé : diminuer de 20% les émissions de CO2 de l’Université par rapport à 1990. Focus donc sur les ambitions suivantes : -60% en 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2035 en migrant le solde énergétique nécessaire vers du renouvelable. Des défis complexes à relever qui demandent à UCLouvain d’attaquer la problématique de toute part en misant sur l’exploitation, les investissements, l’optimisation ou encore les comportements.
La décision d’entrer activement dans la transition énergétique a amené l’Université et son administration du patrimoine immobilier et des infrastructures à établir une stratégie Énergie ambitieuse, multisite et plurielle. La logique globale appliquée s’appuie sur la vision négaWatt qui envisage d’atteindre un optimum énergético-environnemental en trois étapes successives : consommer moins, consommer mieux, produire mieux.
La gestion des bâtiments
35% des émissions de CO2 de l’UCLouvain émanent de l’exploitation de son patrimoine immobilier qui comptabilise près de 400 000 m2 de bâti. Les leviers d’action sont donc réels, analysés et résumés dans une actualisation annuelle de la Stratégie Énergie UCLouvain qui vise une université bas carbone d’un point de vue énergétique à l’horizon 2050. Les curseurs sont placés haut, au-delà des obligations légales, par volonté intrinsèque. En Wallonie, l’impératif est en effet d’atteindre -40% des émissions liées à l’exploitation du patrimoine immobilier d’ici à 2030 et -80 à 95% d’ici à 2050 (par rapport à 1990).
L’optimisation énergétique
Outre l’entretien du bâti et des installations techniques de son patrimoine immobilier, l’Université souhaite aller plus loin en optimisant l’existant, en insufflant la sobriété énergétique, en pointant les pertes inutiles d’énergie et en se focalisant sur l’efficacité énergétique.
Projet majeur : La construction de la Tour Laennec (Woluwé, chantier finalisé en 2018)
Érigée au cœur du site de Woluwé à côté des Cliniques universitaires Saint-Luc, la tour Laennec abrite des laboratoires, des bureaux, une plateforme technologique ultra moderne, une animalerie de pointe ainsi que le Centre académique de médecine générale (CAMG).
Cette 9e tour, d’une superficie totale de 4 758 m² répartie sur sept niveaux, a été conçue pour se rapprocher au plus près du standard passif. Des réflexions profondes ont été menées sur les hypothèses de confort des occupant∙es (confort thermique et éclairage naturel), de flexibilité des espaces (évolution du bâtiment pour des usages futurs) et de réduction drastique de la consommation énergétique du bâtiment (éclairage led, chaudière à condensation, ventilation double flux, étanchéité à l’air). L’analyse de choix de matériaux de parements a abouti à privilégier le bois, une grande première sur le site de Woluwé.
Projet majeur : Le reglazing des tours de Woluwe
Quatre tours du campus de l’UCLouvain Bruxelles-Woluwe, Erlich, Van Helmont et deux tours de l’Institut de Duve (comprenant laboratoires, bureaux, salles didactiques, etc.) viennent de bénéficier d’un « lifting énergétique » ou « reglazing » : les vitres sont remplacées sans toucher aux châssis.
Le bénéfice de ces travaux ? Outre une meilleure isolation thermique des locaux et le confort acoustique des utilisateurs, ils permettront d’éviter l’émission de quelques 220 tonnes de CO2 par an tandis que l’économie de chauffage sera de 17 % par an.
Les rénovations lourdes
Suite aux investissements importants effectués entre 2004 et 2019 en termes de rénovation, les consommations d’électricité pour les activités académiques ont baissé de près de 20% et celles de chaleur de 30%. Des chiffres encourageants mais insuffisants. Pour aller plus loin, un inventaire complet et une évaluation architecturale des bâtiments académiques et à destination sociale ont été menés. Le but: planifier et échelonner les besoins d’intervention. D’ici à l’horizon 2035, plusieurs chantiers visent à rendre les bâtiments existants le plus proche possible du standard ‘basse énergie’.
Projet majeur : Les Halles universitaires (Louvain-la-Neuve, 2020-2022)
Bâtiment emblématique de la cité louvaniste et du pôle administratif de l’Institution, les Halles universitaires vivent une importante rénovation de leur enveloppe et de leurs techniques spéciales. Les objectifs ? Améliorer le confort des occupant∙es au quotidien, diviser par trois les consommations énergétiques du bâtiment, respecter un optimum économique.
Concrètement, cela comprend la pose de nouveaux châssis, l’isolation des toitures et de certains murs extérieurs, la mise en place d’une ventilation mécanique contrôlée et d’une stratégie de gestion de la surchauffe. Ce chantier imposant est aussi l’occasion d’engager des travaux complémentaires de mise en conformité concernant, entre autres, la sécurité incendie, l’électricité, la réfection des bétons, l’accès optimal aux personnes à mobilité réduite, etc. D’autres bâtiments suivent l’exemple des Halles universitaires. A Louvain-la-Neuve, le Learning Center des Sciences Humaines et la Tour Mendell sont également en lice pour de lourdes rénovations.
Projet majeur : La Tour de Serres (Louvain-la-Neuve, 2020-2021)
Conçue en 1974, la tour de Serres, aussi appelée « tour B » et située proche des auditoires Croix du Sud, abrite une partie du Earth and Life Institute (ELI), des salles de travaux pratiques et plusieurs asbl.
D’une surface de 6.500 m2, le bâtiment prévoit d’être entièrement désossé. Seule la structure portante primaire en béton est amenée à rester. De nouvelles façades bioclimatiques recouvertes de bardages en bois et une végétation garnissant les gaines de ventilation vont modifier l’aspect extérieur du bâtiment.
En son sein, il est aussi entièrement repensé, offrant des espaces polyvalents destinés à l’accueil des étudiant·es, des cours, des séminaires, des travaux pratiques. Conçue dans un esprit d’ouverture, cette structuration intérieure favorise l’échange entre les 200 personnes concernées par ce chantier : étudiant·es, personnel scientifique, enseignant·es et doctorant·es.
Un inventaire des bâtiments pour accélérer les rénovations
Proposé dans le cadre du Plan transition, une étude intitulée « Définition d’une stratégie de rénovation immobilière permettant une vision complète de scenarii de rénovation des enveloppes et systèmes des bâtiments de l’université pour les amener à l’horizon 2035-2040 à un niveau de consommation énergétique compatible avec l’ambition de neutralité carbone de l’université » a été commanditée à un bureau d’étude spécialisé.
Dès 2023, les résultats de cette étude permettront de définir la stratégie de rénovation avec une connaissance précise de l’impact économique, via le temps de retour sur investissement, et de l’impact environnemental, en termes de réduction de CO2. Les recommandations du bureau d’étude prennent également en compte l’impact environnemental des techniques proposées pour les rénovations, via l’utilisation de l’outil Totem qui évalue cet impact
sur l’ensemble du cycle de vie des matériaux.
La réduction de la dépendance aux énergies fossiles
En 1999, le site de Louvain-la-Neuve s’est dotée d’une centrale de cogénération en gaz naturel. Une installation, renouvelée en 2010 qui a permis à l’Université d’accroitre son efficacité énergétique. Mais à l’aube de son renouvellement à l’horizon 2022, plusieurs pistes ont été étudiées avec une priorité indéniable pour des solutions renouvelables. Une tendance qui s’adapte à chaque site via une solution sur-mesure :
L’installation photovoltaïque à Mons (2018 et 2023)
L’UCLouvain FUCaM Mons a accueilli le premier projet pilote d’installation photovoltaïque de l’Université : 285 panneaux solaires ont pris place sur la toiture du bâtiment principal. Grâce à la puissance totale produite, 13% de la consommation énergétique du site est depuis assurée.
Une nouvelle installation de 100 KWc (kilowatt-crête) complètera, au début de 2023, dans le cadre de la construction du nouveau bâtiment, l’installation initiale. Ainsi équipé, le site devrait produire l’équivalent de 30% de ses consommations.
Par ailleurs, divers projets sur les sites de Tournai, de Louvainla- Neuve et de Bruxelles sont à l'étude. Au total, l’installation de plusieurs milliers de mètres carrés de panneaux est en préparation.
L’acquisition de chaleur verte issue d’un vecteur biomasse de type déchet, émanant d’un circuit-court
Le projet de construction d’une centrale biomasse est en cours. Située à Mont-Saint-Guibert, cette installation, l’une des plus importantes de Wallonie, sera alimentée par du bois issu de recyparcs wallons afin de diminuer les coûts mais aussi l’empreinte carbone actuels de la valorisation des déchets de bois. Locale, la production de cette énergie thermique verte et renouvelable alimentera 100% du campus de Louvain-la-Neuve et ira même jusque’à 1,5 fois la quantité d’électricité nécessaire.
L’achat d’électricité 100% verte par le biais de marchés publics
Depuis le 1er janvier 2022, 100% de l’électricité consommée à l’UCLouvain est verte. L’université vient en effet de conclure un contrat d’approvisionnement avec de nouveaux fournisseurs qui lui garantissent une origine totalement verte de son électricité. C’était une des clauses reprises dans l’appel d’offres européen émis par l’université il y a quelques mois.
Le fait mérite d’être souligné même si une grande part de l’électricité était déjà verte à l’université, grâce notamment à la centrale de cogénération de Louvain-la-Neuve, qui couvre 65% de la consommation du site. Aujourd’hui, le complément consommé est également vert et ce sur tous les sites de l’université.
Ces dix dernières années, l’université a diminué sa consommation électrique de 5.500 MWh/an (environ 1,5% par an), soit l’équivalent de la consommation de 1.500 ménages, et sa consommation thermique d’environ 3% par an (la réduction de nos consommations gaz en 10 ans est de 17.500 MWh/an soit l’équivalent de la consommation de 1.350 ménages).
L’implication de la communauté
Travailler la sobriété énergétique n’a de sens qu’avec l’implication de tous et de toutes. L’UCLouvain veille à communiquer ses actions en faveur d’une meilleure gestion énergétique et à mobiliser les étudiant∙es mais aussi l’ensemble des membres du personnel à optimiser l’utilisation des bâtiments du patrimoine universitaire. Un projet de monitoring systématique du parc immobilier est en cours. La connaissance précise et régulière des consommations énergétiques permet en effet un suivi effectif de l’impact des actions menées et facilite un éventuel ajustement.
Des espaces repensés pour une plus grande résilience
Le développement du télétravail suite à la crise sanitaire a accentué la nécessité de repenser l’occupation des espaces à l’Université afin d’y garder des espaces de travail conviviaux et fonctionnels, tout en évitant de nombreux espaces trop souvent inutilisés.
Plusieurs projets-pilotes sont en cours notamment dans les bâtiments Érasme et de Serres ou en réflexion dans le Stevin et le Mendel afin de réaliser des tests pour trouver comment réussir l’équilibre entre des espaces qui permettent des contacts renforcés, des moments de concentration et une utilisation parcimonieuse. Ces nouvelles manières de travailler seront ainsi testées par des équipes variées : un centre de recherche, une administration et une faculté.
Au bâtiment Érasme, il s’agit par exemple de la mise en place d’espace avec des bureaux non-attribués (flexibles et semi-flexibles) pour les chercheurs et chercheuses.