Trois personnalités inspirantes et déterminées, une salle comble, les deux "Louvain" réunies : le 600e anniversaire de l’Université de Louvain a été lancé avec émotion par la remise de doctorats honoris causa à Theresa Kachindamoto, Seyla Benhabib et Bernard Foccroulle. Et à la fin, un message fort adressé à "celles et ceux qui feront le 21e siècle": Créer, c'est résister!
Didier Lambert et Luc Sels, recteurs de l’UCLouvain et de la KU Leuven, se sont félicités des nombreux points communs de leurs deux universités, des valeurs partagées et des multiples collaborations impensables il y a plus de 50 ans au moment de la scission. « En 1968, qui aurait pensé , interpelle Luc Sels, que nos deux universités deviendraient aujourd’hui les deux institutions universitaires les plus importantes du pays ? » 
L’éducation, la clé
Le père de Theresa Kachindamoto avait, dit-on, identifié une force et une volonté peu commune chez sa fille depuis son plus jeune âge. Dans un pays, le Malawi, où deux tiers des habitant·es vivent sous le seuil de pauvreté et où 11% de la population ont contracté le SIDA, celle qui est devenue cheffe traditionnelle d’une communauté de 900 000 personnes a mené des actions hors du commun pour empêcher le mariage précoce des jeunes filles et permettre leur éducation ainsi que celle des garçons, tout en mettant en place divers dispositifs afin de récolter des moyens pour soutenir les familles. Elle a fait de l’éducation la clé du changement, ses méthodes inspirant des organismes comme l’UNICEF ou UN Women pour lutter contre les mariages précoces.
Nuances et dialogue
Seyla Benhabib, professeure de sciences politiques et de philosophie à l’Université de Yale, s’est appuyée sur les penseurs des Lumières et en particulier le devoir d’hospitalité de Kant pour développer une réflexion approfondie à propos des réfugiés et des migrants. Elle défend le concept de ‘frontières poreuses’ pour les sociétés démocratiques et s’oppose de façon nuancée aux courants identitaires et nationalistes. Elle prône aussi le dialogue pour faire avancer des dossiers aussi complexes que les relations entre la Palestine et Israël ou la promotion de la cause féministe.
« Créer, c'est résister »
Enfin, Bernard Foccroulle, ancien directeur de La Monnaie et du Festival international d’Aix-en-Provence, ardent défenseur de l’accès à la culture pour tous et de la formation des jeunes artistes, défend avec la même énergie cette vision d’une culture partagée, avec d’autres traditions culturelles, d’autres publics ou dans une relation plus forte avec le vivant. Combatif, il se dit effrayé de constater le recul de l’état de droit, effaré de voir les crimes de guerre commis dans l’est de la RDC, en Ukraine ou à Gaza et scandalisé par le double discours des dirigeants occidentaux qui s’indignent ici mais ferment les yeux là. Il fait siens les mots de Stéphane Hessel en 2010 : ‘Créer, c’est résister. Résister, c’est créer’.
Portées par l’Orchestre symphonique des étudiants de Louvain-la-Neuve (OSEL) et les chœurs de l’UCLouvain et les interventions musicales d’étudiant·es ou de jeunes diplômé·es, ces paroles ouvrent grand les portes du 600e anniversaire de l’Université de Louvain en 2025.
La LLUA est lancée
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