Alaska: une dégradation record en à peine 5 ans

alaska

Communiqué de presse - Recherche UCLouvain

En bref :

  • 25° en octobre en Europe. Et en Alaska ? Des chercheuses UCLouvain observent, et c’est une première, que le permafrost ne gèle plus en Arctique en profondeur, y compris en hiver
  • Une équipe pluridisciplinaire de l’UCLouvain se trouve pour 2 mois en Alaska afin de recueillir des échantillons et analyser les conséquences du réchauffement climatiques, notamment sur la libération de gaz à effet de serre
  • Depuis le début de ces recherches UCLouvain en 2018, les scientifiques ont assisté à l’importance de ce phénomène nouveau et à la dégradation irrémédiable du paysage de l’Alaska

Dossier presse disponible ici

Contact presse : Sophie Opfergelt, maître de recherches FNRS et professeure à la faculté des bioingénieurs de l’UCLouvain : +32 10 47 36 42, gsm sur demande
Images : au labo UCLouvain avec échantillons d’eaux collectés en Alaska + direct Skype avec 3 chercheuses UCLouvain actuellement en Alaska (idéal vers 18h compte tenu du décalage horaire de -10h)

Si l’Europe est touchée de plein fouet par le réchauffement climatique (inondations, feux de forêts), encore aujourd’hui avec des températures anormalement élevées pour un mois d’octobre, le phénomène s’observe également en Alaska où se trouvent actuellement 3 chercheuses de l’UCLouvain afin de poursuivre leurs recherches sur le permafrost (ou pergélisol) durant la transition été-hiver. Dans les zones de permafrost, la couche de surface du sol dégèle saisonnièrement en été et regèle en hiver. Mais avec la hausse des températures 4X plus rapide en Arctique qu’à l’échelle du globe, le dégel du sol est plus profond en été, et les températures de l’hiver ne permettent plus de regeler la totalité de la couche de surface du sol en hiver. Les chercheuses UCLouvain assistent donc un phénomène inédit : une partie du sol de l’Alaska reste dégelée en profondeur durant tout l’hiver. Phénomène invisible sans l’intervention des scientifiques UCLouvain puisque caché sous le manteau de neige.

Les conséquences de ce dégel ? Il entraîne la décomposition de matières organiques jusqu’ici protégées par le gel générant la formation de gaz à effet de serre. C’est pour étudier l’ampleur du phénomène que cette équipe pluridisciplinaire UCLouvain collecte en ce début d’hiver arctique des échantillons d’eaux dans le sol (Maëlle Villani), des données sur les caractéristiques de la neige (Cécile Osy) et des données de t° et d’humidité du sol (Eléonore du Bois d’Aische).

« Cette mission est une étape essentielle pour quantifier ce qui se passe dans le sol en hiver, explique Sophie Opfergelt, professeure à la faculté des bioingénieurs de l'UCLouvain et coordinatrice de la mission. Maintenant qu’une partie du sol reste dégelée tout l’hiver, il est nécessaire de considérer cette saison dans les estimations annuelles d’émissions de gaz à effet de serre du permafrost. »

Depuis 2018 et le début des recherches de cette équipe UCLouvain en Alaska, les chercheuses ont pu observer l’importance du dégel en hiver et la dégradation de la nature qui en résulte : « nous avons vu des routes disparaître et le paysage se modifier irrémédiablement en 5 ans à peine. »

Les efforts menés durant cette mission dans le cadre des projets LandSense, LifThaw, et RESIST, permettent d’aller plus loin pour prendre en compte ce phénomène dans l’évolution des zones arctiques influencées par le changement climatique.

Publié le 16 octobre 2023