10 984 mètres de profondeur

10 984 mètres (±25m), c’est la profondeur de Challenger Deep, le point le plus abyssal identifié à ce jour au fond de nos océans.

Challenger Deep se situe au sud de la Fosse des Mariannes dans le Pacifique Nord-Ouest.
L’ensemble des océans et des mers ouvertes couvre près de 71 % de la surface du globe, soit 361 millions de km2.
Avec une moyenne de 3 795 m (l’altitude moyenne des terres émergées du globe s’élève à 840 m), la profondeur des océans dépasse 3 000 m sur plus de la moitié de leur superficie (2,3).
Les fonds marins restent cependant largement méconnus...

 

On y trouve de vastes plaines abyssales, mais également du relief, comme les dorsales océaniques que l’on peut comparer à des chaînes de montagnes et de volcans. Ces chaînes s’étirent au cœur des océans sur plus de 65 000 km (4). Elles déversent du magma, constituant un plancher océanique en formation continue et contribuant ainsi à la tectonique des plaques et à la dérive des continents.

Ces dorsales sont garnies de cheminées hydro-thermales, ou "fumeurs", qui sont de véritables oasis de vie sous-marine. Ces fumeurs ont été découverts en 1977 lors de missions du submersible Alvin (voir encart ci-dessous à propos de Cindy L. Van Dover, docteur honoris causa de l'UCL le 6 février 2017).
Dans ces profondeurs abyssales, on trouve des espèces vivantes dites «piezzophiles » ou « barophiles », comme des crustacés, des mollusques qui ne vivent que dans des conditions d’extrême pression pouvant aller jusque 1 150 atmosphères (soit près de 1.2 tonne par centimètre carré).
Une bactérie a ainsi été identifiée à une profondeur de 10 700 mètres; elle meurt quand la pression passe sous les 380 atmosphères (4).

1 : Marine Geodesy, 37:1–13, 2014. | 2 : http://www.ifremer.fr/  |  3 : http://oceanservice.noaa.gov/ | 4 : http://oceanservice.noaa.gov/  | 5 : Pour la Science, juillet-septembre 2008

 

20 000 lieues sous les mers

Qui sont les créatures et organismes qui peuplent les abysses? C'est la question centrale des recherches de Cindy Lee Van Dover, professeur d’océanographie biologique et présidente de la Division of Marine Science and Conservation à Duke University(USA).

Spécialiste des abysses, Cindy Van Dover a été la première femme à piloter l’Alvin, un sous-marin scientifique qui permet de plonger à plus de 4000m de profondeur pour étudier la biodiversité des grands fonds marins. Ces voyages vers les abysses (elle a piloté près de 50 expéditions) lui ont permis de découvrir les sources hydrothermales (des sources d’eau chaude observées au niveau des dorsales océaniques, entre 500 et 5000 mètres de profondeur).
Ces oasis des grands fonds abritent une biodiversité luxuriante, basée sur la chimiosynthèse bactérienne. Les grands fonds marins - que l’on découvre à peine alors qu’ils représentent la majeure partie des habitats de notre planète -, sont aujourd’hui menacés par le déversement massif des déchets, le chalutage de grande profondeur, la pollution chimique, les changements climatiques et l’acidification océanique ainsi que l’exploitation pétrolière et minière.

Cindy Lee Van Dover fait partie des lanceurs d’alerte pointant les menaces qui planent sur ces écosystèmes uniques, vieux de plusieurs centaines voire milliers d’années, et soulignant la nécessité de les protéger, sous peine de porter atteinte à l’état de santé et à la productivité des océans. Elle s’implique tout particulièrement dans l’implémentation de règlementations visant à minimiser l’impact négatif des activités minières sur les écosystèmes des sources hydrothermales.

> En savoir plus sur les trois savanturiers qui recevront le titre de docteur honoris causa de notre université
   le 6 février prochain.

> Visionnez le teaser ci-dessous en cliquant au centre de l'image

 

Publié le 23 janvier 2017