Douze

Douze, c'est le nombre impressionnant de langues maîtrisées par notre docteur honoris causa Sanjay Subrahmanyam : le tamoul, l'hindi, l'ourdou, l'anglais, le français, l'espagnol, le portugais, l'allemand, l'italien, le persan, le danois, le néerlandais.

Sanjay Subrahmanyam est l'une des trois personnalités qui recevront le titre de docteur honoris causa de l'UCL le 6 février prochain. Deux autres scientifiques d'envergure internationale seront également honorés : Eric Lander et Cindy Lee Van Dover.
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Sanjay Subrahmanyam possède un bagage linguistique rare qui lui permet de lire dans le texte et donc de mettre en perspective des documents d'archives émanant d'autres cultures que celles de l'Occident. Cette capacité d'accès à une multitude de sources est au cœur de la démarche de l'« histoire connectée » dont Sanjay Subrahmanyam, historien indien est un des chefs de file aujourd'hui (lire ci-dessous). Elle permet de faire fi des frontières géographiques et culturelles, que celles-ci soient physiques ou mentales, car trop souvent ces frontières sont intérieures et c'est d'abord au centre de nos cerveaux qu'il faudrait repousser les murs.

Ainsi, pourquoi un historien indien devrait-il se cantonner à l'Inde ? Pourquoi ne pourrait-il apprendre les statistiques s'il veut étudier des phénomènes sociodémographiques ? Qu'est-ce qui l'empêcherait de considérer ce que l'Europe appelle les « Grandes Découvertes » en se plaçant du point de vue de la Chine ? De quel droit l'histoire de l'Amérique latine est-elle écartée de certaines universités françaises au motif qu'elle ne s'inscrit pas docilement dans l'historiographie européenne traditionnelle ? Pourquoi ne pourrait-on « connecter » l'étude des Pays-Bas et du Japon sous prétexte que ces pays seraient trop éloignés l'un de l'autre ? Autant de directions de recherche qui s'ouvrent en décloisonnant les périodes et les disciplines, en faisant reculer les limites de l'espace et celles du temps.

 

Voyage entre le passé et le présent

Toujours soucieux de « décentrer » son regard, Sanjay Subrahmanyam offre, non pas une approche universelle, mais une perception multipolaire de l'histoire.

Docteur en histoire économique auprès de la Delhi School of Economics, il a commencé en tant que professeur d'histoire économique à la Delhi School of Economics et est actuellement professeur à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) et professeur d’histoire globale de la première modernité au Collège de France.

Il est historien d'histoire moderne (siècles XVIe-XVIIIe). Spécialiste des relations commerciales entre l'empire portugais et l'Inde, et d'histoire indienne, il a progressivement élargi son regard de l'histoire économique à celle des institutions politiques des empires ibériques, Moghol, Perse et Ottoman.
La circulation des hommes (explorateurs, diplomates, missionnaires, artistes) a fait l'objet de ses attentions et a inspiré la rédaction de livres importants traduits dans la plupart des langues européennes, ainsi qu'en chinois et japonais.

Dans le cadre du courant historiographique de l'histoire globale, il a développé une approche de recherche et une vision des relations entre individus et collectivités politiques et culturelles qu'il définit comme « histoire connectée ». Dans ce cadre il a progressivement remis en question la pertinence de notions de base relatives à la définition de soi et au rapport à l’altérité: l’idée de nation, celle de civilisation, celle d’étranger. Polyglotte (lire plus haut), fin connaisseur des archives européennes et orientales, il est une figure de pointe du renouveau historiographique de ces vingt dernières années.

 

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Publié le 25 janvier 2017