Motivations

ELREC

Chères et chers membres du personnel de l’UCLouvain et de ses Cliniques universitaires,
Chères étudiantes, chers étudiants,

Comme vous avez pu le découvrir dans mon acte de présentation, je suis triplement diplômée de l'UCLouvain : médecin, pédiatre, et docteure en sciences médicales. Mon lien avec l'UCLouvain est profondément enraciné. J'y ai été étudiante, puis assistante, et je suis actuellement doyenne, enseignante, chercheuse et clinicienne. Au cours de mes expériences nationales et internationales, les personnes avec qui j’ai eu la chance de collaborer m’ont généralement reconnu un caractère alliant empathie et détermination, optimisme et réalisme, honnêteté et bienveillance active. Elles apprécient également ma capacité à ne pas vouloir convaincre à tout prix tout en sachant trancher en fonction des risques et des bénéfices. Sincèrement attachée à notre institution, je suis convaincue que nous avons beaucoup de chance de travailler à l’UCLouvain. La liberté académique y est une réalité et chaque membre du personnel représente un maillon essentiel à l’exercice de nos missions.

Je suis candidate car, alors que nous traversons une période cruciale de l'histoire de notre université qui se prépare à fêter ses 600 ans, j’ai la conviction que pour chacun et chacune d’entre nous, le moment est venu de (re)trouver le sens de ce que nous y faisons, que ce soit dans notre travail ou dans nos études. Comme beaucoup d’entre vous, je crois à la nécessité de réenchanter l’université pour qu’elle redevienne un lieu d’épanouissement où l’indépendance et le respect sont assurés, un lieu où nous nous donnons le temps de croiser nos regards et nos compétences multiples pour mieux relever les défis de demain, un lieu où il est possible d’exprimer son désaccord sans craindre de susciter la confrontation des idées comme instrument de réflexion, de débats et de solutions. C’est tout cela que j’ai pu expérimenter ces douze derniers mois au travers de plus d’une centaine de rencontres individuelles et de dizaines d’heures d’échanges au sein de groupes de réflexion qui ont mobilisé une cinquantaine de collègues. Ce formidable processus d’intelligence collective m’a convaincue des vertus d’une gouvernance plus participative, que je m'engage à mettre en place dans les instances de l’université. Il a aussi consolidé et enrichi les motivations qui m’animent aujourd’hui. Celles-ci sont basées sur un constat et une vision ; elles sous-tendent mes deux priorités.

Un constat

L’Université est soumise à une série de défis dont le nombre, l’importance et l’urgence n’ont cessé de croitre ces dernières années. Si ces défis constituent à mes yeux une réelle opportunité d'innover et de se renouveler, je prends la pleine mesure de la pression qui en découle et des dommages que cette dernière engendre. Durant l’année écoulée, j’ai rencontré un nombre considérable de personnes, sur chacun des sites et dans tous les segments de notre grande communauté universitaire. Si nombre d’entre vous débordent d’énergie créative et sont porté·es par un enthousiasme communicatif, j’ai aussi pris conscience de la morosité, des inquiétudes, et trop souvent de la réelle détresse qui animent une fraction grandissante de nos étudiant·es et de nos collègues. L’augmentation des abandons d’études et de thèses de doctorat, des congés de maladie de longue durée ou des décisions de quitter l’Université constituent autant de signaux d’alarme qui me convainquent que, plus que par le passé, notre université doit porter une attention prioritaire à la question du sens de son action, laquelle renvoie tout à la fois à la nécessité d’en identifier clairement et collectivement les finalités, et d’en préserver les conditions de possibilité. Nos efforts, à toutes et tous, n’ont de sens que s’ils se tournent vers un but, convenu ensemble, qui leur donne souffle et cohérence. Et nos efforts n’ont pas de sens si nous ne prenons garde, de manière constante et cohérente, au bien-être et à l’épanouissement, individuel et collectif, de celles et ceux qui les déploient, à longueur d’année.

Une vision

La mission de l’Université est souvent décrite sur la base du triptyque « enseignement - recherche - service ». Et, tout aussi classiquement, l’« excellence » est l’objectif qu’elle s’assigne à ce triple niveau. Dans la vision que je vous propose, cette manière de définir la politique d’une université n’est plus de mise. La division en trois missions, et la pensée en « silo » qui l’accompagne souvent, oblitèrent non seulement les corrélations nécessaires entre ces missions et les actions qu’elles commandent mais, plus grave encore, l’horizon d’un dessein commun vers lequel celles-ci devraient tendre. C’est pourquoi je suis résolue à ouvrir une autre perspective : faire autrement, y compris « moins » et « plus simple », pour faire « mieux », selon des standards de qualité plutôt que de quantité. L’« excellence » devient une conséquence plutôt qu’un objectif. Ce « mieux » ne pourra être défini qu’à l’aune des objectifs que nous nous serons fixés ensemble, dans un réel processus de co-construction, et ne pourra advenir que si nous accordons toute notre attention à notre robustesse, et singulièrement à la préservation du bien-être de notre communauté. Telle est la vision qui articule mes deux priorités.

Deux priorités

A PEOPLE-BASED UNIVERSITY. Si vous m’accordez votre confiance, je veillerai à toujours donner la priorité aux personnes, à leur épanouissement et à leur bien-vivre au travail ou aux études. Gouverner notre université implique de poser des choix. Les miens seront guidés par ce principe. Il est urgent de pouvoir agir non seulement sur le bien-être personnel mais également sur le bien-être et le bien vivre collectif. Je veillerai à inscrire les actions proposées dans un cadre législatif clair, celui relatif à la prévention des risques psychosociaux au travail, lequel nous indique les cinq leviers sur lesquels nous pouvons agir : l’organisation du travail, son contenu, les conditions de travail, les conditions de vie au travail et les relations interpersonnelles. Je m’assurerai que les membres du personnel ainsi que les étudiantes et les étudiants soient pleinement parties prenantes de ce processus en tant qu’acteurs et actrices responsables de notre communauté UCLouvain. En agissant sur ces cinq leviers, j’accorderai une attention particulière à ce que chacun et chacune puisse progresser dans ses études ou sa carrière dans le respect de ses valeurs personnelles, tout en participant à une aventure collective enthousiasmante dans laquelle son investissement sera reconnu.

Cette première priorité comprendra entre autres les mesures suivantes :

  • Redéfinition de la mesure de la charge de cours des académiques de manière à mieux rendre compte de la diversité des situations et de l’ensemble des composantes de cette charge et mise en place d’un plan pluriannuel de réduction modulée de celle-ci ;
  • Accroissement pérenne de l’aide à l’encadrement des mémoires, selon des modalités spécifiques à la diversité des pratiques ;
  • Création d’une enveloppe budgétaire dédiée aux promotions du personnel administratif et technique de sorte que le délai d’attente pour une promotion n’excède jamais trois ans si ledit délai résulte de la seule limitation de l'enveloppe actuelle ;
  • Harmonisation des frais de recherche pour toutes les catégories de doctorant·es ;
  • Création d’un nouveau fonds de recherche « RESTART » spécifiquement destiné à offrir de nouvelles opportunités de financement aux personnes ou aux équipes après une période de moindre activité (raisons familiales, exercice de mandats institutionnels chronophages…) ;
  • Création d’un statut PEPS pour les étudiant·es obligé·es de travailler pour financer leurs études ;
  • Mise en place d’une politique d’internationalisation « pour tous et par tous » (Embedded internationalisation) avec pour priorité urgente l’amélioration des conditions d’accueil des mobilités étudiant·es IN, des chercheur·euses et plus généralement de tous les publics internationaux rejoignant notre communauté.

A TRANSITION-FOCUSED UNIVERSITY. En son sens général, le terme transition se réfère au passage d’un état à un autre, de manière lente et graduelle (à la différence d’un choc). La transition socio-écologique qui sous-tend ma seconde priorité prendra la pleine mesure de cette temporalité et veillera à combiner le respect des limites planétaires et l’atteinte des objectifs sociaux. Je souhaite que nous en fassions un récit collectif, car seule une adhésion de l’ensemble de la communauté permettra de gagner le pari d’une stratégie de développement caractérisée par une soutenabilité forte. Cette transition socio-écologique fera appel à une combinaison non idéologique d’innovation et de modération. A cette fin, je souhaite m’appuyer sur l’autonomisation (empowerment) des acteurs et actrices, et non sur leur culpabilisation, et ainsi favoriser une culture institutionnelle marquée par la confiance plutôt que par le contrôle.

Cette seconde priorité s’incarnera notamment au travers des mesures suivantes :

  • Création d’un prorectorat à l’Égalité, la Diversité et l’Inclusion doté de moyens réels ;
  • Accélération du Plan Transition là où nous le jugerons nécessaire, entre autres au regard des conclusions qui émaneront de l’Assemblée de la Transition ;
  • Mise en place d’un « Advisory Board for Social Responsibility and Sustainability » en vue d’assurer une connexion forte entre l’UCLouvain et les acteurs économiques, sociaux et associatifs sur ces thématiques ;
  • Création d’un nouveau fonds de recherche d’« Initiative stratégique » qui nous donnera les moyens de répondre avec célérité et agilité aux opportunités stratégiques qui ne peuvent s’inscrire dans les processus et les calendriers des appels traditionnels ;
  • Redéploiement de la formation continue dans le cadre d’une véritable politique de formation tout au long de la vie, pleinement intégrée aux missions d’enseignement et de service de l’université, davantage en prise avec les enjeux des transitions et mieux connectée au tissu socio-économique régional ;
  • Formulation de véritables projets de sites et réflexion sur la gouvernance d’une UCLouvain qui doit assumer pleinement ses huit sites.

 

Ces deux priorités structurent de nombreuses autres propositions concrètes qui composent le programme que j’aurai l’occasion de vous présenter dans les semaines qui viennent.

Je suis candidate car je crois en notre capacité collective à relever les défis qui se présentent. Si je suis élue rectrice, je m’engage à catalyser cet élan collectif et à guider nos efforts vers la réalisation de cette vision commune : une université qui nous ressemble, une université qui nous rassemble.

Françoise Smets
www.francoisesmets.be