Véronique Bragard

Professeur de littérature anglaise à la Faculté de philosophie, arts et lettres. Véronique Bragard

Que représentent pour vous les utopies du temps présent ?

En tant que professeur de littérature, une petite phrase m’anime particulièrement : « interpréter le monde, c’est déjà le changer ». Comment peut-on rêver l’avenir de notre société en 2015? L’idée est de s’appuyer sur les textes littéraires pour envisager d’autres possibles, d’autres manières de vivre, de penser, de se comporter, d’organiser la vie politique et sociale. Mon cours sera organisé en six sessions (en anglais) et s’étendra de l’œuvre de Thomas More (par le Professeur Guido Latré) les utopies satiriques de Swift, les utopies collectivistes du 19e, les écotopies des années 1960 aux rêves d’hospitalité du bédéiste Shaun Tan (présenté par Christophe Dony) et Toni Morrison (présentée par le professeur Wagner Lawlor, auteur de Postmodern Utopias and Feminist Fictions). Le 20e siècle est, quant à lui, caractérisé par un grand nombre de dystopies derrière lesquelles se cachent, selon moi, des utopies fortes, celles qui nous rappellent les valeurs auxquelles nous sommes attachés. Ce cours sera aussi l’occasion de repenser la société en tenant compte d’autres paramètres, tels que la nature et le règne animal par exemple.

 
Est-ce le rôle d’une université de ranimer ce besoin d’utopies ?

Bien sûr, le rôle de l’université est d’imaginer, offrir, faire réfléchir à la société de demain. Les étudiants ont envie de revenir aux utopies, ils ont envie de rêver le monde.

 
En quoi ce thème concerne-t-il les étudiants ?

Les étudiants sont souvent interpellés par leur difficulté à s’engager et comprendre la société dont ils font partie. Le cours de littérature est un lieu où l’on peut rêver le monde, le réinterpréter. J’espère que les étudiants pourront répondre à cet appel. Ils ressentent ce besoin d’imaginer des possibles, d’avoir quelque chose de positif qui leur soit proposé.

 
Mon utopie pour le temps présent ?

Une vie ensemble qui entre en vrai dialogue avec l’autre, avec l’environnement et les autres êtres vivants. Mon utopie rêve de dépasser les compétitions et obsessions matérielles qui nous éloignent de notre humanité. Il me semble que nous sommes de plus en plus gênés de cette humanité que nous associons à la violence, l’horreur, le mépris, l’égoïsme. Quelles sont les qualités humaines dont nous sommes fiers et voulons célébrer?

► Projet:

Exposition « Voyage en utopie »