Professeur et artiste
Que représentent pour vous les utopies du temps présent ?
Les utopies sont des soupapes face aux dysfonctionnements des sociétés. Curieux mélanges de rêve et de réflexion, elles permettent à la pensée de s’affranchir un moment du réel pour mieux y revenir, plus riche d’idées. Les utopies d’hier structurent notre présent : sécurité sociale, égalité devant la loi, instruction pour tous. De même, certaines idées actuelles font hausser les épaules des gens « réalistes » : allocation universelle, décroissance, harmonisation mondiale des salaires, gestion durable. J’aime y entrevoir, au contraire, un peu de ce que le futur nous réserve. Ca n’ira pas tout seul. Les « rêveurs » lancent des idées qui, peu à peu, percolent dans la population. Il faut de la patience et de l’obstination. Est-ce le rôle d’une université de ranimer ce besoin d’utopies ?
Bien sûr ! N’est-ce pas un magnifique lieu de réflexion, de recherche et de débat ? En quoi ce thème concerne-t-il les étudiants ?
De tout temps, les étudiants contestent l’ordre établi. Ils ne sont pas seulement jeunes, avides d’apprendre et d’entreprendre. Ils sont mieux que ça : frondeurs. Ils foncent déjà quand les « vieux » hésitent encore. Quelle serait votre utopie pour le temps présent?
La sortie de notre consumérisme stupide. Je le tiens pour responsable du saccage de notre environnement et des inégalités criantes au sein de notre société et entre les pays. La croissance est un dogme. Il faut de nouvelles Lumières pour dépasser cette superstition. |