Bérengère Deprez

Éditrice, Presses universitaires de Louvain (PUL) 

Que représentent pour toi les utopies du temps présent ?

En éditant le livre Chemins d'Utopies. Thomas More à Louvain 1516-2016, j'ai été frappée à la fois de l'actualité de l'Utopie, ce texte de Thomas More vieux d'un demi-millénaire, et de l'enthousiasme des quarante contributeurs à ce livre, de la créativité avec laquelle ils se sont approprié ce texte pour le remettre en lumière, chacun dans leur discipline.

Pour moi, les utopies sont de tous les temps et certains esprits aussi.

Est-ce le rôle d’une université de ranimer ce besoin d’utopies ?

Oui, certainement, puisque depuis son invention au moyen âge l'université est un laboratoire permanent, un bouillon de cultures différentes, le lieu par excellence où se pense l'avenir. Au seizième siècle, More, Érasme, Vésale, Vivès, Mercator, Galilée ne se sont pas posé la question : ils ont pleinement pensé et vécu leur utopie.

En quoi ce thème concerne-t-il les étudiants ?

Il devrait les concerner plus particulièrement puisqu'ils sont à l'âge où on a la vie devant soi et l'espoir de la réaliser selon ses vœux. Mais comme je suis encore et serai toujours une étudiante, finalement je me sens tout aussi concernée.

Que serait ton utopie pour le temps présent ?

Puisqu'on parle du temps présent, mon utopie serait une Europe vraiment solidaire, de ses propres membres et avec les autres pays, une Union européenne qui porterait pleinement son nom et pas un agglomérat discordant de nations frileuses et dominées par le grand capital.