Axel Gosseries

Maître de recherches FNRS Professeur de philosophie politique à l’UCLAxel Gosseries

Que représentent pour vous les utopies du temps présent ?

Elles témoignent d’une énergie qui nous pousse, inlassablement, à penser un monde meilleur. Elles traduisent la vitalité d’une communauté universitaire qui bourdonne et trouve plaisir à réfléchir ensemble, transversalement.

Est-ce le rôle d’une université de ranimer ce besoin d’utopies ?

Oui, et elles ont des atouts pour y contribuer, aux côtés des ONGs, des partis, des entreprises,… Une utopie, qu’elle soit micro ou macro, doit procéder d’une compréhension en profondeur des problèmes. Elle doit aussi être mise en débat, parfois pendant de longues années, entre des interlocuteurs qui croient à l’échange libre d’idées,… Malgré sa bureaucratisation, sa massification et la précarisation de ses jeunes chercheurs, l’Université reste un lieu où il est possible de réfléchir autrement à la société de demain.

En quoi les étudiants sont-ils concernés ?

Ils sont fondamentaux. Certains vont proposer des utopies, d’autres les critiquer et d’autres encore, qui sait, les réaliser plus tard...

Ce serait quoi votre utopie pour le temps présent ?

Celle d’un monde qui prendrait vraiment au sérieux l’idée d’une obligation de ne transmettre ni moins, ni plus à la génération suivante que ce que nous avons hérité de la précédente. Celle d’une société où le profit de l’actionnaire deviendrait une préoccupation parmi d’autres pour l’entreprise, sans priorité particulière.

Celle d’un monde où les migrants qui fuient la faim seraient mieux traités que ceux qui fuient le fisc. Celle d’une société où ceux qui n’ont connu que la paix comprennent toute l’horreur de la guerre.

 

►     Florilège Chemins d'Utopie, Thomas More à Louvain, 1516-2016.