Une étude de l’UCLouvain a analysé les exigences linguistiques mentionnées dans des offres d’emploi à destination des diplômé·es de l’université. Verdict ...
L'analyse se concentre sur les annonces parues sur JobTeaser (Career Center) entre juin 2018 et juin 2019, ce qui représente 2362 offres d’emploi. Les résultats permettent d’en savoir plus sur les attentes linguistiques du monde professionnel.
Les langues demandées explicitement[1] dans les offres que nous avons analysées sont principalement le français (mentionné dans 51.5 % des offres), l’anglais (51.3 %) et le néerlandais (40.3 %). L’allemand est mentionné dans moins de 10 % des offres (9.2 %) et les autres langues dans 8.6 % des offres analysées.
De plus, il est important de noter que les demandes portent souvent sur la maitrise de plusieurs langues. Ainsi, les combinaisons de langues les plus souvent mentionnées dans les offres d’emploi sont le trio français/anglais/néerlandais (dans 20.87 % des offres), suivi de la combinaison français/anglais (8.67 %) et de la combinaison français/néerlandais (8.05 %).
[1] Il est possible que l’employeur considère que la langue de rédaction de l’offre induit la connaissance de cette langue et ne la mentionne dès lors pas explicitement comme langue demandée. Dans notre échantillon, 72.5 % des offres étaient rédigées en français, 25.2 % en anglais, 1.4 % en néerlandais et le reste dans d’autres langues.
La maitrise de ces langues est-elle exigée ou plutôt considérée comme un atout ?
On observe une nette différence entre le trio français/anglais/néerlandais et les autres langues.
La plupart des offres qui mentionnent la connaissance d’au moins une de ces trois langues (français/anglais/néerlandais) indique que la maitrise de celle(s)-ci n’est pas simplement un atout, mais est bien une compétence exigée pour décrocher l’emploi à pourvoir. Ainsi, cette exigence de la maitrise de la langue représente 91 % des offres qui mentionnent le français, 90.1 % de celles qui requièrent l’anglais et 71.5 % de celles qui demandent le néerlandais.
Par contre, la maitrise d’autres langues que le français, l’anglais ou le néerlandais est plus souvent considérée comme un atout : seulement un tiers des offres qui mentionnent la maitrise de ces langues les considèrent comme indispensables pour obtenir l’emploi proposé, les deux autres tiers les considérant comme des atouts.
De nombreuses offres ne mentionnent pas de niveau attendu. Si un niveau est mentionné, les employeurs indiquent principalement attendre un niveau B2, peu importe la langue mentionnée.
Quelles sont les principales compétences requises ?
Dans ce cas-ci également, beaucoup d’offres n’indiquent pas les compétences attendues. Dans les offres qui les mentionnent, on observe que les employeurs n’attendent pas simplement une connaissance passive, mais surtout des compétences actives (écrire/parler).
Ces attentes linguistiques varient-elles en fonction du secteur d’emploi ?
Nous voyons quelques différences selon le secteur d’activité. Tout d’abord, on observe que la demande de maitrise de langues étrangères est importante dans de nombreux secteurs, mais qu’elle est moins forte dans certains domaines comme ‘enseignement et formation’, ‘social et religieux’ et ‘soins et santé’. Par ailleurs, on constate que la demande de maitrise de l’anglais est importante, et dépasse même la demande explicite de maitrise du français dans les secteurs ‘sciences et technologies’, ‘gestion et économie’, ‘vente, production et horeca’. Enfin, il faut souligner qu’en ce qui concerne le domaine ‘juridique, politique et administratif’, la demande pour la maitrise du néerlandais est aussi importante que la maitrise de l’anglais.
Ces attentes linguistiques varient-elles en fonction du lieu de travail ?
Comme on peut s’y attendre, le trio français/anglais/néerlandais est surtout demandé pour les emplois en Belgique, tandis qu’à l’étranger, l’attention est plus portée sur l’anglais (dans 57.2 % des offres), le français (39.7 % des offres) et les autres langues (environ 23 %).
De plus, on observe des variations entre les différentes régions de Belgique : les offres pour des emplois à Bruxelles demandent principalement la connaissance du français et du néerlandais – suivi de la maitrise de l’anglais. En Wallonie, la demande porte davantage sur la maitrise du français et de l’anglais, suivi de la maitrise du néerlandais.
Par Pauline Degrave
Avec Elisa Pomponio, Philippe Hiligsmann & Philippe Parmentier
Apprendre, tester et perfectionner vos connaissances linguistiques