Le rouleau - Kansubon

Le rouleau est la plus ancienne forme de livre connue au Japon.

Au 8ème  siècle apparait le « emaki » que l’on peut traduire par « rouleau peint ». Il s’agit d’un style narratif horizontal illustré. On en trouve deux types : ceux qui alternent calligraphie et image et ceux qui présentent des peintures non interrompues par le texte. Il peut être dessiné, estampé ou peint et se réalise sur de longs rouleaux de papier ou de soie mesurant parfois plusieurs mètres. Les rouleaux du 8ème siècle sont des copies d’œuvres chinoises et les productions proprement japonaises apparaissent vers le 10ème siècle à la cour impériale de Heian. Les plus anciens retrouvés datent des 12ème et 13ème siècles. À cette époque les techniques de réalisation sont plus abouties et les sujets plus variés. C’est alors l’âge d’or de l’emaki. Ce sont avant tout les temples bouddhistes qui les produisent mais de nombreux aristocrates mécènes ont patronné la création de nombreux rouleaux.

L’emaki se lit de manière traditionnelle : assis sur une natte le rouleau posé sur une table devant soi. Le lecteur déroule avec une main tout en enroulant avec une autre et ce à son propre rythme. Le rouleau est maintenu fermé par une cordelette et entreposé seul ou avec d’autres rouleaux dans une boite en bois destiné à cet effet. Il est composé de deux éléments :

  • Kotobagaki qui désigne La section de texte calligraphié
  • É qui désigne la section de peinture

Le support privilégié est le papier et dans certains cas, moins fréquents, la soie. Le papier utilisé est majoritairement importé  de Chine. Les couleurs les plus réputées sont tirés de pigments minéraux  comme l’azurite pour le bleu, le vermillon pour le rouge, le réalgar pour le jaune, la malachite pour le vert. Ces pigments, nommés iwa enogu, nécessitent un liant épais, généralement de la colle animale. Comme les peintures sont destinées à être enroulées, les couleurs doivent être appliquées en fine couche, à plat pour éviter les craquements. La première encre utilisée se compose d’un mélange de liant et de fumée de bois (invention chinoise du 1er siècle ap JC). L’encre est appliquée au pinceau en variant l’épaisseur du trait et la dilution de l’encre pour obtenir un trait allant du sombre au gris pâle. Comme les rouleaux de soie ou de papier sont très fragiles, ils sont doublés  par plusieurs couches de papier fort. Le doublage nécessite la pose d’une colle animale qui en séchant permettra de tendre le papier peint. Une baguette fine est assemblée à l’extrémité et une couverture vient protéger le rouleau. L’œuvre est tenue enroulée grâce à une cordelette nommée « Himo ». La couverture est souvent en soie et décorée. Pour les pièces les plus précieuses, elle est décorée également à l’intérieur  avec de la poudre d’or ou d’argent.