Selon le décompte officiel de 2018, il y aurait 44 millions de chrétiens en Chine. Selon des chercheurs indépendants, ce chiffre pourrait se monter à 100 millions dont, environ, 80 millions de protestants et 20 millions de catholiques. Pie XII, dans l'encyclique Cupimus Imprimis (1952), rappelait que le sol chinois était depuis des siècles abreuvé du sang des martyrs. La présence du christianisme en Chine a été une succession de soudaines mises en lumière et de périodes d’ombre dès la dynastie Tang (618-907) et jusqu’à nos jours.
Aujourd'hui, qu'en est-il du processus « d'inculturation » du christianisme en Chine et « d’acculturation » des Chinois au christianisme ? Qu'en est-il de cette « acclimatation » de l'Église à la Chine, voulue et défendue par Vincent Lebbe, parfois contre le pouvoir semi-colonial tutélaire lui-même, voire sa hiérarchie ? Peut-on parler, au cours des siècles, et depuis Vincent Lebbe en particulier, d'une « sinisation » du catholicisme ? De quoi s’agit-il ? Est-elle la condition de l'évangélisation de la Chine ? Est-elle une adaptation aux mœurs chinoises de l'ethnie Han ou bien est-elle liée à un processus d'indigénisation plus large qui touche aussi les communautés autochtones non-Han en Chine ou à Taiwan ? Ces questions ne relèvent pas seulement de l’anthropologie culturelle et des sciences politiques, mais aussi de la théologie. Il y a en effet une cohérence interne à la compréhension de la foi chrétienne qui est ici fortement sollicitée par ces enjeux propres au monde chinois.
Ce colloque est le troisième et dernier d'un cycle de trois colloques pluridisciplinaires et internationaux consacrés à la vie, l'œuvre et l'héritage du Père Vincent Lebbe, missionnaire belge qui renouvela l'approche chrétienne et ecclésiale de la Chine. Ce sera l'occasion de faire le point sur les recherches sur Vincent Lebbe aujourd'hui et d'en prolonger le double geste à la fois théorique et pratique.