Promethera Biosciences, spécialisée dans le traitement par cellules souches des maladies du foie, est devenue le leader mondial dans ce domaine. La spin-off de l’UCL a en effet fait l’acquisition de son principal concurrent en avril 2016. Le Pr Etienne Sokal, qui a créé Promethera, peut espérer une belle progression.
C’est en 2005 que le Professeur Sokal, le Dr Najimi et l’équipe de recherche du laboratoire PEDI (Institut de Recherche Expérimentale et Clinique de l’UCL) ont découvert les cellules-souches allogéniques adultes isolées du foie humain. Cela constituera dès lors le coup d’envoi de la spin-off Promethera. « Entre cette découverte et la création de la société en 2009, nous avons creusé la faisabilité d’une spin-off. Après avoir réglé le problème de la propriété intellectuelle pour convaincre les investisseurs, nous avons obtenu la première levée de fonds en 2009. Des investisseurs privés tels que la Sopartec, Vives, Life Science Partner, sous la conduite du Lead investor Vesalius Biocapital (A. Parthoens), se sont joint à des investisseurs publics, comme la SRIW, Nivelles Invest, LRM, Sud-Invest… pour supporter notre projet financièrement. Nous avons rassemblé initialement quelques 6 millions d’euros qui nous ont permis de démarrer le projet », explique le Pr Sokal, directeur en chef de l’innovation et de la science chez Promethera, mais aussi hépatologue pédiatrique de renommée internationale, exerçant aux Cliniques Universitaires Saint-Luc. Ses succès ultérieurs permettront d’obtenir des fonds plus importants par la suite, les investisseurs se montrant particulièrement confiants dans le potentiel de l’entreprise.
Cellules vivantes pour le foie
Car ce domaine s’avère particulièrement innovant et prometteur. « Nous nous sommes fixé comme mission de traiter différents types de maladies hépatiques, qu’elles soient innées ou acquises. Nous utilisons pour cela des cellules vivantes qui sont en quelque sorte des ‘multi-médicaments’, ce qui est une grande première. En effet, elles sont non seulement capables de produire des enzymes mais aussi de secréter de multiples cytokines qui vont agir sur les mécanismes de l’inflammation et de la fibrose. L’intérêt de cette cellule-souche réside donc bien dans ses multiples mécanismes d’action. Cette perspective de thérapie cellulaire s’avère encourageante pour les patients qui ne trouvent aucun bénéfice dans les thérapies actuelles classiques », poursuit le Pr Sokal.
La principale thérapie développée par Promethera est Promethera Hepastem, produit de thérapie cellulaire à base de cellules-souches mésenchymateuses allogéniques, provenant de foies sains. « Ces cellules-souches peuvent potentiellement être utilisées dans bon nombre de pathologies du foie, rares ou fréquentes, tant chez les adultes que chez les enfants. Promethera Hepastem a été classifié comme médicament orphelin par l’agence européenne du médicament pour traiter le dysfonctionnement de l'urée et le syndrome de Crigler-Najjar, pour le moment. » Les études cliniques sont en cours.
Le traitement, après avoir démontré son innocuité et sa capacité d’implantation chez des animaux de laboratoire, a été administré chez trois premiers patients aux Cliniques Universitaires Saint-Luc, avant de faire l’objet d’un développement pharmaceutique chez Promethera Biosciences.
En route vers l’international
La spin-off a bien progressé au fil des années et de nouveaux investisseurs ont misé sur la réussite de l’entreprise, l’aidant à grandir. Cette année, elle s’est dès lors payé le luxe de racheter son principal concurrent : Cytonet, devenant leader mondial dans ce domaine. « Ce rachat est officialisé cette année mais les pourparlers ont commencé en 2015. Il s’agissait de notre seul concurrent direct. Il existe beaucoup de thérapies cellulaires ciblant différents organes, mais Promethera est aujourd’hui la seule société de thérapie cellulaire en phase clinique pour les maladies du foie. Cela me touche particulièrement en tant que pédiatre et hépatologue, car elle permet également de soigner des enfants, mais aussi parce qu’elle traite des maladies orphelines et des maladies acquises du foie. Cette acquisition de Cytonet nous ouvre encore davantage les portes vers l’international grâce à notre filiale américaine, et offre de nouvelles perspectives aux patients. Car nous comptons évidemment nous focaliser sur les maladies du foie qui, bien que figurant dans le top des priorités de l’industrie pharmaceutique, ne bénéficient pas encore d’un nombre important de traitements possibles… »
D’autres produits sont encore en cours de préparation ; certains sont en phase cliniques II, dont un traitement contre la décompensation aiguë de maladies chroniques du foie.
Une société en croissance
La réussite de cette spin-off est le résultat d’un acharnement : « Il n’est pas aisé de créer une spin-off ; il s’agit d’un travail de longue haleine. Nous devons apprendre le métier d’entrepreneur. Le succès repose néanmoins sur le travail des 35 personnes qui travaillent quotidiennement pour Promethera, et de son CEO, le Dr John Tchelingerian. Sous son impulsion, la société poursuit sa croissance chaque année, et a entamé sa diversification ; son pipeline s’enrichit ; nous espérons aboutir à la mise sur le marché d’un traitement qui guérira des patients qui n’avaient jusqu’à présent qu’une très maigre chance de voir leur état s’améliorer… », espère le Pr Sokal.
Carine Maillard