COST renforce la collaboration en recherche

Savez-vous ce qu’est COST ? Il s’agit d’un programme de mise en réseau des communautés de recherche et d’innovation en Europe. A l’UCLouvain, deux chercheurs Marthe Nyssens et Min Reuchamps bénéficient actuellement de ce financement. En septembre 2019, l’appel pour la prochaine vague de financements s’ouvre ! Nous avons rencontré deux anciens coordinateurs d’actions COST, Liesbeth Degand et Claude Oestges, dont les projets sont (presque) terminés. Ils reviennent sur leur expérience.

Mettre la science en commun

Rassembler des acteurs, de partout en Europe (et parfois plus loin), autour d’une thématique, plusieurs fois par an, afin de mettre en commun, échanger et faire avancer la recherche. Voilà l’ambitieux projet de COST (European COoperation in Science and Technology). Il y a respectivement 5 et 3,5 ans, Liesbeth Degand et Claude Oestges se sont lancés dans la coordination d’une action COST. Liesbeth Degand est professeure de linguistique, spécialisée dans la structure du discours. Claude Oestges est quant à lui professeur à l’Ecole Polytechnique de Louvain, intéressé par les communications sans fil et par satellite. Pour ce dernier, le COST est « un réseau d’experts international, centré sur l’Europe, dont le but est la recherche collaborative. » Pour Liesbeth Degand, le COST est « un financement européen qui favorise le réseautage au sein d’une thématique choisie par les chercheurs. »

Qui participe aux actions ?

Initialement, le COST – European Cooperation in Science and Technology – concerne les domaines des sciences et de la technologie. Mais progressivement, depuis sa création en 1971, ses champs de recherche se sont nettement élargis. Concrètement, une action COST consiste en plusieurs workshops et formations doctorales organisés par an, durant 4 ans. Chaque membre inscrit vient y présenter les résultats de ses recherches en cours. Parmi les participants, il y a des experts (doctorants ou post-doctorants), mais pas seulement : « Les actions COST sont ouvertes aux jeunes chercheurs. Cela leur donne la possibilité de rencontrer des personnes qui travaillent sur des thématiques proches des leurs, ou encore des chercheurs plus seniors dans d’autres universités. Et cela leur permet de bâtir des missions à l’étranger. » De la même manière, les membres d’une action ne sont pas tous issus du monde académique, comme c’est le cas pour l’action de Claude Oestges : « Dans mon action, il y a des grandes universités européennes, des PME, des grandes entreprises et des centres de recherche privés et publics ». Plus globalement, « il y a une volonté explicite de la part de COST d’avoir un mélange équilibré parmi les participants sur des critères d’âge, de pays et de genre », ajoute Liesbeth Degand.

Quel financement ?

Le mot clé à retenir est « réseau ». D’ailleurs, COST finance ce réseau, cette collaboration, et non pas chacun des chercheurs et leur recherche. « COST finance les déplacements des chercheurs et les réunions où les membres se retrouvent plusieurs fois par an. De leur côté, les chercheurs sont financés par une université ou leur pays », résume Liesbeth Degand. Le montant du financement dépend quant à lui du nombre de pays qui participent à l’action.

Comment fonctionnent les phrases entre elles ?

L’action COST menée par Liesbeth Degand a commencé en avril 2014 et s’est terminée en avril 2018. Au total, une centaine de linguistes théoriques, de linguistes computationnels et quelques psycholinguistes de 26 pays différents, étudiant plus de 20 langues différentes, se sont rencontrés autour d’une question : comment est structuré le discours et quels sont les marqueurs qui établissent des relations d’une phrase à une autre ? « L’action a été un succès car le réseau a très bien fonctionné et on a fait des progrès, en challengeant les points de vue de chacun », raconte la linguiste. En a d’ailleurs résulté la mise à disposition à la communauté scientifique, de protocoles de description des données pour que celles-ci puissent être collectivement analysées sans réinventer à chaque fois la roue.

Recherches fondamentales et appliquées, main dans la main...

De son côté, depuis mars 2016, Claude Oestges coordonne une action rassemblant entre 100 et 120 participants dont 33 pays des 34 pays COST. Son nom ? « Inclusive radiocommunication networks for 5G and beyond ». Autrement dit, dans cette action sont étudiées toutes les communications sans fil de demain, notamment la 5G, reprenant l’internet des objets, les communications mobiles, les réseaux de voitures autonomes, la télémédecine, etc. Cette action brasse large, de la recherche fondamentale à la recherche appliquée. Et plusieurs défis sont à l’ordre du jour, comme la latence (problématique dans le cas de la sécurité en voiture autonome) ou la communication entre plusieurs objets. L’équipe de l’UCLouvain a notamment participé à l’élaboration d’un modèle de canal (modélisation de la propagation des ondes) utilisé aujourd’hui par l’ensemble de la communauté.

« Un partage noble des connaissances »

Tous deux ressortent très positifs de leur expérience. « Ce qui est magique », témoigne Claude Oestges, « c’est que ces rencontres se font sur base volontaire puisqu’il n’y a pas suffisamment de financement pour rembourser chaque déplacement, par exemple. Si les gens viennent, c’est parce qu’ils reçoivent énormément de connaissances ». La force du COST est cette mise en commun des savoirs, mais aussi des équipements et des données. « Pour les jeunes chercheurs, ce genre d’expérience ouvre des horizons plus larges vu qu’ils peuvent avoir accès à du matériel et à des données d’experts européens. Or, dans certains pays, les infrastructures sont meilleures que dans d’autres », ajoute l’ingénieur pour qui le COST a surtout apporté un réseau. « En tant que professeur, promoteur et chercheur, COST m’a permis de mener des actions de recherche que je n’aurais pas pu réaliser seul, grâce aux mesures collaboratives. C’est d’ailleurs le début d’un réseau qui ne fait que grandir au cours des années de recherche. » Et pas n’importe quel réseau : « Il y a une relation de confiance entre les participants car tout le monde partage sa recherche. C’est un partage très noble des connaissances », conclut-il.

Un impact professionnel, personnel et académique

Aujourd’hui, de son côté, Liesbeth Degand peut « sans hésitation citer le nom de quasi tous les chercheurs qui travaillent en Europe sur les relations du discours et leurs marqueurs. COST a donc sensiblement augmenté mon réseau, au-delà même de mon domaine d’expertise plus étroit. Cela ouvre de belles portes pour d’autres projets de recherche. » Par ailleurs, d’après la chercheuse, l’impact n’est pas que professionnel, il est aussi académique : « Ce genre d’action place l’UCLouvain sur la carte. COST attire du monde à Louvain-la-Neuve et a de réelles retombées en termes de visiteurs pour des séjours de recherche, par exemple. » D’après elle aussi, « les doctorants que j’avais à ce moment-là ont eu une chance folle de rencontrer les pointures dans le domaine, d’aller dans d’autres centres de recherche, d’avoir un contexte de recherche directement internationalisé. » Plus personnellement, la linguiste souligne : « Faire partie d’un tel réseau, avec des objectifs fixés pour chaque réunion collective, motive énormément. Cela met une pression supplémentaire pour faire avancer sa recherche grâce à des délais plus précis. »

Un nouvel appel à projet se clôturera fin avril 2020

La fin d’une action COST donne toujours lieu à des découvertes, mais aussi parfois à la publication d’un livre rassemblant toutes les connaissances dans le domaine. Claude Oestges travaille en ce moment avec les membres de son action à l’édition d’un tel livre qui paraîtra en avril 2020. Liesbeth Degand, pour sa part, s’est donné pour mission de continuer à faire circuler l’information au-delà de l’action qui s’est terminée en avril 2018. Les prochains appels à projets auront lieu en 2020, un au printemps qui se clôturera fin avril 2020 et l’autre en automne. Chercheurs de l'UCLouvain, si l’expérience vous tente de soumettre un nouveau projet ou de rejoindre un projet existant, n’attendez plus, contactez l'Administration de la Recherche (ADRE) de l'UCLouvain. 

Lauranne Garitte

A quelles conditions ?

Pour participer à une action COST, vous devez :

  • Etre membre d’un des 38 pays COST (l’Europe et quelques pays supplémentaires). Sous certaines conditions, d’autres pays peuvent également participer.
  • Proposer une nouvelle Action ou rejoindre une Action existante
  • Venir et participer : pour continuer à faire partie de la grande famille COST, vous devez être actif au sein de l’action, et ne pas venir seulement en spectateur.

 

Coup d'oeil sur la bio de Liesbeth Degand

Liesbeth Degand est professeure ordinaire en linguistique générale et néerlandaise à l’UCLouvain où elle a obtenu son doctorat en 1997. Elle a dirigé et participé à plusieurs projets de recherche internationaux et nationaux dans les domaines de la structure du discours parlé et écrit, de la grammaticalisation et l’intersubjectification, de l’annotation du discours, et des marqueurs de fluence et de disfluence. Elle a dirigé le réseau européen COST TextLink (2014-2018), qui visait à rassembler les travaux en linguistique fonctionnelle, cognitive et computationnelle sur l’annotation discursive de corpus écrits et oraux dans plus de 20 langues différentes. Ses publications reflètent ses intérêts de recherche, axés sur l’annotation du discours, la segmentation du discours parlé, la sémantique et la pragmatique des marqueurs du discours et la linguistique contrastive (corpus), en mettant l’accent sur l’interface entre discours et grammaire.

 

Coup d'oeil sur la bio de Claude Oestges

Claude Oestges a obtenu le diplôme d’ingénieur en électricité et le doctorat en sciences appliquées de l’UCLouvain en 1996 et 2000, respectivement. De janvier à décembre 2001, il a rejoint, en tant que boursier postdoctoral, le Smart Antennas Research Group (Information Systems Laboratory) de l’Université de Standford (Californie, USA). Il a participé au développement de modèles de canaux multi-antennes (MIMO). D’octobre 2001 à septembre 2005, Claude Oestges a été boursier postdoctoral du FRS-FNRS. D’octobre 2005 à octobre 2018, il a été chercheur qualifié du FRS-FNRS et professeur associé à l’UCLouvain. Parallèlement, il a effectué plusieurs missions à court terme à l’Université de Stanford et a notamment participé aux actions COST 273, 2100 et IC1004. Depuis 2018, Claude Oestges est Professeur ordinaire à l’UCLouvain. Ses recherches portent sur les communications sans fil et par satellite, en particulier sur le canal de propagation et son impact sur les performances des systèmes. Il est également président de l’action COST CA15104, connue sous le nom d’IRACON.
 

Publié le 26 septembre 2019