Des étudiants de l’UCL (presque) sur Mars !

En 2016, un groupe d’étudiants de l’UCL a de nouveau participé à « Mission to Mars ». Cette simulation des conditions proches de celles que rencontreront les astronautes sur la planète Mars a pour but de préparer de vraies missions spatiales.

Le voyage spatial vers Mars a quitté le domaine de la science-fiction. Tant la NASA que l’Agence spatiale européenne pensent sérieusement envoyer les premiers équipages humains d’ici 2050. Cependant, cette perspective pose de (très) nombreuses questions, tant au niveau technologique que logistique. Raison pour laquelle, dès 2001, la « Mars Society » a construit une « Mars Desert Research Station » (MDRS) dans le désert de l’Utah, aux États-Unis (1). Ce prototype de base spatiale est similaire à celle que l’on pourrait envoyer et construire sur Mars. Depuis quinze ans, chercheurs, ingénieurs et étudiants du monde entier se succèdent dans la MDRS pour des missions scientifiques de 2 à 3 semaines. Objectif : simuler les conditions les plus proches possible de l’environnement martien afin de repérer et résoudre les mille et un problèmes, difficultés ou contraintes auxquels pourront être confrontés les astronautes sur Mars.

UCL to Mars

Dès 2010, des étudiants de l’UCL se sont lancés dans cette passionnante aventure scientifique ! L’initiative a fait des émules : en avril 2017, le sixième équipage de l’UCL s’envolera pour la MDRS (voir www.mdrs-ucl.be). L’expérience a de quoi séduire. Outre le décor très martien du désert de l’Utah, les étudiants vivent et travaillent dans des conditions similaires à celles d’une véritable mission sur Mars. Mathieu Roiseux, étudiant à l’École Polytechnique de l’UCL et commandant de l’équipage 166 (2), témoigne : « La surface de la MDRS fait environ 100 m2, mais seul un tiers sert de quartier “habitable”. Nous ne sortons qu’en scaphandre pour explorer les environs, à pied ou avec les ATV (quads). Il n’y a que de la nourriture déshydratée, car il faudra économiser le poids de l’eau lors d’un véritable voyage spatial vers Mars. Et parce que les ondes électromagnétiques se déplacent à une certaine vitesse, on simule un décalage de 20 minutes lors des communications avec la “base terrienne” de la Mars Society. »

mission mars UCL

Une série d’expériences 

En effet, les équipages ne sont pas libres de faire tout ce qu’ils veulent. Chaque mission comporte une série d’expériences scientifiques proposées, validées par la « Mars Society » et préparées des mois à l’avance. L’équipage 166, par exemple, en a mené 5 :

  1. L’analyse de la lumière émise par les étoiles grâce à un spectromètre fixé sur le télescope de la MDSR.
  2. La réalisation d’une cartographie en 3D des environs de la base.
  3. Le prélèvement et l’analyse d’échantillon de sol afin de trouver de la vie – l’un des grands espoirs de l’exploration de Mars ! 
  4. L’amélioration des communications sur place via la pose de balises intermédiaires ou d’antenne Yagi. Comme il n’y aura pas de réseau GSM sur Mars (sic !), les astronautes devront utiliser un autre système de télécoms. À la MDRS, les équipages communiquent actuellement par talkie-walkie.
  5. La pose de balises de signalisation dans les environs de la base pour signaler les endroits dangereux (trous, ravins, etc.). C’est indispensable, notamment pour les trajets en ATV. En effet, ce qui ne serait qu’un  incident sur Terre pourrait prendre des proportions dramatiques sur Mars.

Chaque équipage est aussi susceptible de poursuivre des expériences déjà en cours dans la MDRS au moment de son arrivée ou d’en entamer d’autres, proposées par la Mars Society. Ainsi, l’équipage 166 a été invité à comparer deux sortes de terreau pour la culture de… radis !

Au rapport !

« Chaque jour, nous devions faire le tour de la MDRS afin de vérifier les niveaux d’eau et d’énergie dans les réservoirs », explique Mathieu Roiseux. « Ces relevés étaient consignés dans les (nombreux) rapports que nous adressions à la base terrienne. En effet, chaque journée doit faire l’objet d’un compte-rendu détaillé : déroulement et résultats des expériences,  programme du lendemain, demandes de sortie (quand ? pourquoi ? comment ?), etc. Et, bien sûr, tout problème (panne, dysfonctionnement, etc.) doit être signalé. »

Outre les aspects scientifiques, une « Mission to Mars » est aussi une expérience humaine intéressante, tant au niveau psychologique que social. Vivre à 6 dans l’équivalent d’un petit appartement ne va pas toujours sans heurt. « Et encore ! Ce n’est que pour 2 semaines ! » relativise Mathieu Roiseux. « Une véritable mission d’exploration sur Mars durera 2 ans… » Comment faire cohabiter harmonieusement des individus au cours d’une si longue mission ? Tel est peut-être le plus grand défi de l’exploration spatiale !     

Candice Leblanc

 

(1) Trois autres bases « spatiales » ont été construites en Islande, en Australie et dans l’Arctique canadien.

(2) L’équipage 166 commandé par Mathieu Roiseux a été la cinquième équipe de l’UCL à participer à une « Mission to Mars », du 19 mars au 3 avril 2016.

Les « Missions to Mars » sont principalement financées par plusieurs Facultés de l’UCL et par du sponsoring privé.

 

 

A Glance at Mathieu Roiseux's bio

Mathieu Roiseux

2011-15         Membre du Kot Astro (kot à projet)
2013-15         Jobiste à l’Euro Space Center
2015               Bachelier en ingénieur civil à l’UCL
2016               Master en ingénieur civil à l’UCL (en cours)
2016               Commandant de l’équipage 166 pour « Mission to Mars »

Publié le 10 novembre 2016