Deux (futures) spin-off de l’UCL distinguées

 
Adil El Taghdouini et Luc Randolph, chercheurs à l’UCL, ont reçu respectivement les 1er et 2e prix du MedTech Startup Accelerator Program. De quoi donner un bon coup de pouce à StellaScreen et Innovadent, leurs spin-off en devenir.

Ce n’est pas tout d’avoir une bonne idée de produit ou de service. Encore faut-il pouvoir la concrétiser et l’amener sur le marché ! Or, « quand on est chercheur à l’université et qu’on n’a pas été formé pour ça, le marché a quelque chose d’un peu “alien” ! » avoue Luc Randolph, ingénieur et fondateur d’Innovadent. C’est justement pour aider les entrepreneurs novices que les trois Régions ont uni leurs forces et mis sur pied le Medtech Accelerator.

Qu’est-ce que le Medtech Accelerator ?

Cette initiative nationale cherche à booster l’entreprenariat médical en Belgique. Comment ? En accompagnant et en coachant les jeunes entrepreneurs pour accélérer le développement de leur (future) activité commerciale. Cette année, 15 jeunes entrepreneurs ont été sélectionnés par Medtech Accelarator pour suivre des formations et être coachés par des experts sur différents thèmes : business plan , procédures de régulation et d’autorisation de mise sur le marché, propriété intellectuelle et brevets, remboursements, etc. Un programme réparti sur 4 mois et qui permet aux candidats entrepreneurs de se familiariser avec des concepts indispensables au succès de leur (future) entreprise. « La première chose à faire est de valider son idée sur le marché », explique Adil El Taghdouini, chercheur en sciences biomédicales et fondateur de StellaScreen. « C’est-à-dire vérifier que le projet répond à une demande. Ce qui passe notamment par des études de marché et de faisabilité et l’identification des clients potentiels. »

StellaScreen : vers un traitement de la fibrose hépatique

Pour sa part, Adil El Taghdouini, chercheur dans le laboratoire PEDI du Pr Etienne Sokal, souhaite proposer un service de screening de molécules aux firmes pharmaceutiques. Pendant sa thèse en sciences biomédicales (1), ce jeune chercheur a identifié, isolé et caractérisé des cellules hépatiques responsables de la fibrose du foie. « La fibrose est une accumulation de tissus cicatriciels », explique-t-il. « En cause : une consommation excessive d’alcool, une infection virale type hépatite ou encore la NASH ou maladie du foie gras. » Il n’existe pas de médicament contre cette maladie silencieuse. Quelques dizaines de molécules sont bien à l’étude un peu partout dans le monde, mais elles gravitent toutes autour des mêmes cibles. « Il faudrait découvrir et étudier d’autres molécules », estime le chercheur-entrepreneur. « Or, les firmes en possèdent des milliers dans leurs librairies, très majoritairement inexploitées. Peut-être y en a-t-il certaines qui pourraient agir contre la fibrose hépatique ? » Pour le découvrir, Adil El Taghdouini a mis au point un outil in vitro qui permet de vérifier si une molécule peut désactiver ou inhiber les cellules hépatiques responsables de la fibrose. C’est ce service de screening qu’il souhaite mettre en place.

Des contacts et du réseau

Le projet commercial d’Adil El Taghdouini a vu le jour l’année dernière, grâce à Innoviris (2). Séduit, le jury de Medtech Accelerator lui a octroyé son premier prix en mai. Il a reçu 3000 € de chèques pour de la consultance (stratégique, juridique, etc.). Il a aussi gagné un abonnement d’un an à BeMedtech, un réseau professionnel qui regroupe les sociétés belges du secteur, et à AGORIA, la plus importante fédération sectorielle qui regroupe et défend les entreprises de l’industrie technologique en Belgique. « Le secteur pharmaceutique n’est pas facile à approcher pour qui n’est pas du sérail », explique le lauréat. « Grâce à Innoviris et au Medtech Accelerator, je suis coaché et conseillé par des mentors (CEO de boite biopharmaceutique, investisseurs, etc.). Recevoir des avis extérieurs et des critiques à ce stade, c’est précieux ! » Si tout se passe bien, le projet StellaScreen aboutira à la création d’une société d’ici fin 2019.

Innovadent : un nouveau matériau pour la reconstitution dentaire

Innovadent, la spin-off de Luc Randolph, a elle aussi été financée en 2017 par Innoviris. Son projet ? Un composite dentaire novateur utilisé pour le traitement des caries. Combiné à une source lumineuse particulière, ce composite durcit 5 fois plus vite que les matériaux actuellement utilisés par les dentistes. « Le gain de temps lors de la consultation n’est pas le seul avantage », explique Luc Randolph. « Comme le praticien doit tenir la lampe moins longtemps, le risque d’erreur est minimisé, assurant un soin plus fiable. Autres avantages : le matériau est plus stable, absorbe moins l’eau et résiste mieux à l’acidité. Il est donc plus durable pour le patient. » La carie étant la maladie la plus fréquente du monde (3), le composite d’Innovadent a du potentiel. « Mais avant de commencer la production, je veux prendre le temps de monter un bon business plan, notamment pour attirer et convaincre les investisseurs », explique Luc Randolph. « Je suis ingénieur de formation, pas businessman. Grâce au Medtech Accelerator, je connais mieux les procédures de régulation, notamment le marquage CE. Si tout se passe bien, la commercialisation du composite pourrait commencer fin 2019. »

Candice Leblanc

(1)Adil El Taghdouini a fait sa thèse à la VUB, en collaboration avec le Pr Étienne Sokal (UCL).

(2)L’Institut pour la recherche et l’innovation (Innoviris) est l’organisme bruxellois de soutien aux innovations technologiques.

(3)Près de 100 % de la population adulte a au moins une carie (source OMS).

 

Coup d'oeil sur la bio d’Adil El Taghdouini

2011                     Master en sciences biomédicales à la VUB
2016                     Doctorat en sciences médicales à la VUB
2016-17                Manager R&D au Centre de thérapie cellulaire et tissulaire hépatique des Cliniques universitaires Saint-Luc 
Depuis 2017        Chef de projet et entrepreneur à l’UCL
2018                     Formation à Solvay Entrepreneurs 
2018                     Lauréat du MedTech Startup Accelerator Program (1er prix)

Coup d'oeil sur la bio de Luc Randolph

2013                  Master d’ingénieur à l’École polytechnique de Grenoble (France)
2013                  Master en ingénieur civil à l’UCL
2017                  Doctorat en sciences biomédicales et pharmaceutiques à l’UCL
Depuis 2017    Chef de projet pour la spin-off Innovadent
2018                  Lauréat du MedTech Startup Accelerator Program (2e prix)

Publié le 21 juin 2018