Une supplémentation en fer permet de limiter l’impact du don de sang sur la performance sportive. De quoi rassurer les donneurs sportifs dont le profil est précieux pour les collectes de sang.
Acte solidaire, le don de sang est nécessaire pour nos soins de santé. Plus de 500.000 poches de sang sont utilisées chaque année en Belgique pour sauver des vies. Et une personne sur sept a un jour ou l’autre besoin d’un don de sang alors que seulement une personne sur dix donne son sang. On comprend dès lors l’importance pour les services de collecte de sang comme la Rode Kruis Vlaanderen de pouvoir compter sur des donneurs réguliers et en bonne santé. Parmi eux, les sportifs amateurs constituent un profil particulièrement intéressant puisqu’ils cumulent en général des critères de bonne santé.
Des muscles en manque d’oxygène
Mais le don de sang entraîne un déficit provisoire dans le corps qui peut avoir divers impacts, surtout pour les sportifs. Un temps de récupération est nécessaire dont la durée dépend de la quantité et du type de don (plaquettes, plasma, sang total). Avec le don de sang total, le taux d’hémoglobine et donc la concentration en fer chutent dans l’organisme entraînant une diminution du transport de l’oxygène vers les organes et les muscles. Et qui dit moins d’oxygène dans les muscles, dit moins bonne performance sportive…Ce qui peut être rédhibitoire pour une personne sportive, on en convient !
Donner une information transparente
D’où la démarche de la Rode Kruis Vlaanderen de lancer une étude scientifique sur l’effet de dons de sang répétés sur la performance sportive mais aussi de la prise de suppléments en fer pour pallier à une baisse de performance. L’objectif ? Donner une information claire, transparente et scientifique aux donneurs de sang. « Peu de choses ont été scientifiquement analysées et validées sur les effets du don de sang jusqu’ici. Ce type d’étude va permettre de pouvoir faire des recommandations basées sur des conclusions scientifiques », explique Louise Deldicque, Professeure et chercheuse au Laboratoire de Physiologie et biochimie de l’exercice et au Centre d’investigation clinique en nutrition (CICN) de l’UCLouvain.
Les suppléments en fer à la rescousse
Les résultats de la présente étude ont permis de montrer qu’une supplémentation en fer, après des dons de sang répétés, permet de limiter l’impact de ceux-ci sur la performance sportive. « Un apport de 20 mg de fer suffit à préserver la fonction musculaire chez les sportif.ve.s après un don de sang », révèle Louise Deldicque. « Au total, on double la dose journalière recommandée, ce qui ne représente pas une dose de cheval », précise-t-elle. Les mesures sanguines montrent cependant que cette supplémentation n’a pas d’effet sur les réserves en fer dans le sang sous forme de ferritine, protéine qui stocke le fer et le rend disponible si nécessaire. « Sur le plan de la bonne fonctionnalité du muscle et de l’action du fer au niveau du tissu musculaire, nous avons obtenu l’effet visé avec la supplémentation mais cela ne passe pas par une concentration rectifiée en ferritine dans le sang».
Que se passe-t-il au niveau du tissu musculaire suite à la prise de suppléments en fer ? Comment limiter la baisse de concentration en ferritine suite aux dons de sang ? Le don de plasma (le sang sans les globules rouges) pourrait-il être une solution pour éviter d’altérer ce statut ferrique? Autant de questions qui intéressent la Rode Kruis Vlaanderen pour documenter davantage les effets des dons de sang réguliers et la manière de limiter leurs impacts sur les donneurs.
Planifier ses dons
L’étude menée par Louise Deldicque a également permis de mettre en lumière la durée de l’effet négatif d’un don de sang sur la performance sportive : « La performance sportive est nettement altérée durant une à deux semaines. Mais, au bout d’un mois les sportif.ve.s ont totalement recouvré leurs capacités », indique Louise Deldicque. Ces données permettront aux donneurs d’être bien informés et de pouvoir planifier leurs dons de sang en fonction de leurs activités sportives. « Par exemple, une personne qui se prépare pour les 20 km de Bruxelles évitera de donner son sang dans le courant du mois de mai si elle souhaite performer au mieux de ses capacités physiques », conclut la chercheuse qui a déjà un pied dans une nouvelle étude qui analyse les effets secondaires du don de plasma.