Vers un traitement antiadhésif contre le staphylocoque doré

L’équipe du Pr Yves Dufrêne, chercheur à l’Institut des sciences de la vie de l’UCL, vient d’identifier, en collaboration avec le Trinity College Dublin, une nouvelle molécule capable d’empêcher le développement des biofilms à staphylocoque. Une découverte publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences USA.
 

Certaines bactéries pathogènes comme le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) sont capables de s’attacher à la surface des dispositifs médicaux pour s’y multiplier et former des biofilms. Ces communautés multi-cellulaires causent des infections nosocomiales résistantes aux antibiotiques qui sont particulièrement difficiles à traiter. Une alternative aux antibiotiques est la thérapie antiadhésive, qui vise à lutter contre les infections à biofilms en en utilisant de petites molécules qui masquent les protéines d'adhésion qui décorent la surface du pathogène, l'empêchant ainsi de former des biofilms. (Lire l’article « Les biofilms bactériens au microscope »)

                                                                        staphylocoque doré microscope à force atomique

Inactiver les protéines d’adhésion

Cette idée n'est pas nouvelle puisque le jus de canneberge est utilisé de longue date comme remède traditionnel "antibiofilm" pour lutter contre les infections urinaires. Aujourd'hui, le défi des chercheurs est de mettre au point de nouvelles molécules performantes sur une base rationnelle, permettant d'optimiser la prévention ou le traitement des infections à biofilms.

Dans ce contexte, une équipe de chercheurs de l'UCL, en collaboration avec le Trinity College Dublin, vient d'identifier une nouvelle molécule capable d'empêcher le développement des biofilms à staphylocoque. Il s'agit d'un petit peptide synthétique dérivé d'une molécule neuronale, la β-neurexine, qui inactive une protéine d'adhésion majeure de la surface des staphylocoques, y compris des souches résistantes aux antibiotiques.

Des recherches financées par une ERC Advanced Grant

Cette découverte, publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences USA, doit beaucoup à la nanoscopie du vivant, mise à l’honneur il y a quelques années par le prix Nobel de Chimie. Ces travaux constituent une étape importante dans la mise au point de nouvelles stratégies pour lutter contre les infections à staphylocoque, problématique majeure en milieu hospitalier. Ces travaux ont été effectués dans le cadre du projet NanoStaph financé par une bourse « Advanced » du Conseil européen de la Recherche.

Ces résultats ont été rendus possibles grâce à l’utilisation d’un microscope à force atomique. Ce type de microscope (AFM) et la nanoscopie du vivant pourraient permettre de tester et de sélectionner les molécules antiadhésives les plus performantes. A terme, ces recherches visent à pouvoir mettre au point des traitements préventifs qui empêcheraient la formation de biofilms et/ou complèteraient l’arsenal antibiotique en cas d’infection bactérienne.

 

Coup d'oeil sur la bio de Yves Dufrêne

Yves Dufrêne

1991 Diplômé de la Faculté des bioingénieurs Agro Louvain de l’UCL

1996 Thèse de doctorat à l’UCL

1996-97 Postdoctorat au Naval Research Laboratory (USA)

Depuis 2000 Chercheur FNRS (maitre de recherche) l’Institut des sciences de la Vie de l’UCL et professeur à la Faculté des bioingénieurs Agro Louvain de l’UCL

2009 Lauréat du Prix Pacault de la Société française de Chimie

2012 Lauréat du Quadrennial Life Sciences Award de la Société européenne de Microscopie

2013 Lauréat du prix Léo Errera de l’Académie royale de Belgique

2015 Editeur associé de la revue Nanoscale

2016 Lauréat du Conseil européen de la Recherche (ERC advanced grant pour le projet de recherche NanoStaph)

 

 

Publié le 06 avril 2017