Du 17 octobre au 9 novembre, l’exposition « Modes d’habiter » propose aux visiteurs de découvrir quelques exemples de la façon dont les hommes habitent leur milieu et ce que ce milieu dit d’eux et de leur vision du monde. Une exposition multiculturelle et « multisensorielle ».
« En anthropologie, nous passons notre temps à étudier et nous interroger sur la façon dont les sociétés humaines construisent leur rapport au monde », explique le Pr Anne-Marie Vuillemenot, codirectrice du Laboratoire d’Anthropologie prospective (LAAP). « À cet égard, l’habitat est un reflet concret de notre façon de penser le monde. » En effet, les lieux d’habitation ne dépendent pas uniquement des matériaux de construction disponibles dans l’environnement. Une yourte, une péniche, une maison en briques ou une cabane en bois disent aussi beaucoup sur les caractéristiques d’une population.
Que dit l’habitat de nous ?
Un habitat témoigne de notre mode de vie (nomade ou sédentaire), de notre rapport à l’espace et au temps (habitats durable ou éphémère) et même de l’organisation des sociétés. « C’est l’Occident qui, au XVIIIe siècle, a inventé la spécialisation des espaces dans les bâtiments », rappelle le Pr Vuillemenot. C’est-à-dire le fait, dans une maison unifamiliale par exemple, de dédier une pièce à la préparation de la nourriture (la cuisine), une autre à la prise des repas (salle à manger), d’autres encore pour le sommeil (les chambres à coucher), etc. « Dans d’autres cultures, l’habitat est un unique espace communautaire, qui se transforme au gré des moments de la journée, des activités, des personnes qui s’y trouvent, etc. Ces pratiques des personnes au sein de l’habitation, c’est ce que nous appelons le mode d’habiter. »
Une expérience « multisensorielle »
La notion de foyer est universelle. Tout le monde cherche un lieu de repos où il/elle se sent en sécurité et où il/elle a accès à de la chaleur et de l’eau. En revanche, il existe une multitude d’habitats et de modes d’habiter. C’est pour en présenter quelques-uns qu’une quinzaine d’anthropologues du LAAP ont mis sur pied « Modes d’habiter. Scènes ethnographiques »(1).
L’exposition, qui se tient du 17 octobre au 9 novembre 2018 au Forum des Halles de Louvain-la-Neuve(2), souhaite mobiliser les sens du visiteur : la vue, bien sûr, mais aussi l’ouïe, le toucher et même l’odorat. « Les différentes scènes ethnographiques sont constituées de photos, de vidéos, d’objets, mais aussi d’odeurs, notamment sous forme de petits pots renfermant des effluves de nos terrains ethnographiques », explique le Pr Vuillemenot. « Nous avons essayé de rendre une ambiance, des sensations qui puissent permettre au visiteur de mieux appréhender et percevoir les habitats et les modes d’habiter d’autrui, ailleurs dans le monde. »
Deux axes de travail
Europe, Afrique, Asie centrale, Amérique latine, le Grand Nord, l’Océanie... les cinq continents sont représentés au sein de l’exposition. Afin d’appréhender la variété des habitats et des modes d’habiter, les chercheurs ont travaillé sur deux grands axes transversaux. « Le premier axe est celui des quatre éléments et du bois », explique le Pr Vuillemenot. « Les rapports que l’homme entretient avec la terre, l’eau, l’air et le feu dans le cadre de son habitat en disent long sur son mode d’habiter. Il en va de même avec le second axe : les liens entre intérieur et extérieur ne sont pas les mêmes selon l’environnement (climat, faune et flore, milieu naturel ou urbain, etc.). »
Les travaux du LAAP
« Modes d’habiter » est aussi l’occasion de présenter au grand public la façon dont les anthropologues de l’UCLouvain travaillent. « L’une des vitrines renferme notre matériel de travail : carnet de note, crayons, lampes de poche, plan, appareil photo, etc. », poursuit le Pr Vuillemenot. « Car c’est sur le terrain, avec les locaux, que nous construisons nos données de recherche. Le LAAP rassemble une soixantaine de chercheurs qui travaillent sur ou dans une trentaine de pays différents. À travers l’exposition, nous souhaitons donner, de façon ludique, un petit aperçu de la diversité de nos travaux. » Et offrir au visiteur, le temps d’une visite, un petit voyage autour du monde...
Candice Leblanc
(1) L’exposition s’inscrit parfaitement dans le thème de l’année culturelle de l’UCLouvain : « Habiter le monde ». Elle est d’ailleurs le résultat d’une demande de la Cellule Culture de l’université qui l’a entièrement financée.(2) Forum des Halles, Inforville, à côté des guichets SNCB.
L’exposition « Modes d’habiter » se tient du 17 octobre au 9 novembre 2018, de 9 à 17 heures en semaine et de 11 à 17 heures le samedi. Accès gratuit.
Coup d'oeil sur la bio d'Anne-Marie Vuillemenot
Anne-Marie Vuillemenot est professeure d’anthropologie à l’UCLouvain et codirectrice du Laboratoire d’Anthropologie prospective (LAAP). Elle est aussi directrice du festival du film anthropologique « Humains en Sociétés » et membre du Conseil pour la culture de l’UCLouvain.
Ses domaines de recherche portent sur l’anthropologie du sensible, du corps et de la danse, du religieux et de l’espace et de l’habitat. Ses recherches sont principalement financées par le FNRS et par ERASMUS+. Elle effectue régulièrement des missions