Parmi les 10.000 cas d’infarctus recensés chaque année en Belgique, 25% seront suivis d’une récidive. Des chiffres qui ont poussé la Fondation Louvain à lancer la campagne Cardio. Son objectif ? Récolter des fonds pour permettre à la recherche cardiovasculaire d’avancer.
Face à un infarctus du myocarde, la réaction est logique : elle consiste à déboucher l’artère coronaire obstruée qui empêche le sang d’arriver correctement jusqu’au cœur. Ce qui est plus complexe en revanche, c’est s’assurer que le patient ne doive pas être ré-hospitalisé suite à cette prise en charge. En effet, 50% des patients pris en charge devront être ré-hospitalisés au moins une fois et 25% d’entre eux souffriront à nouveau d’un infarctus. En cause ? L’impossibilité, à ce jour, d’identifier les patients à risque de récidive.
Cardio, une campagne pour booster la recherche
Ce sont ces chiffres qui ont alerté la Fondation Louvain et qui l’ont poussée à mettre sur pied la campagne Cardio. Depuis le 2 décembre dernier, celle-ci récolte des fonds afin de permettre aux chercheurs de l’UCL de trouver le moyen d’identifier les patients à risque d’infarctus du myocarde et de récidive.
Les plaquettes sanguines sous les feux des microscopes
Grâce à ces dons, les chercheurs espèrent faire progresser leurs travaux sur les biomarqueurs prédicteurs de l’occlusion des artères du cœur. « Nous travaillons notamment sur les plaquettes sanguines. Nous avons en effet constaté qu’une enzyme présente dans celles-ci voit son activité modulée quand les plaquettes sont stimulées pour former un caillot dans une artère », explique Christophe Beauloye, Chef du Service de Pathologie Cardiovasculaire des Cliniques Saint-Luc (UCL). « Plus précisément l’activité de cette enzyme est bloquée et elle est maintenue dans un état inactif lorsque les plaquettes forment un caillot. L’idée est donc d’une part de prouver que l’inactivité de cette enzyme est un bon indicateur du risque d’infarctus et de récidive et d’autre part de mettre au point un biomarqueur capable de déterminer l’état d’activation de cette enzyme ». De cette manière, il suffira de rechercher ce biomarqueur chez un patient pour savoir s’il est à risque d’infarctus et ainsi lui proposer une prise en charge optimale.
Zoom sur le métabolisme des lipides
Par ailleurs, les chercheurs de l’UCL s’intéressent également au métabolisme des lipides afin de mieux comprendre le rôle qu’ils jouent dans le fonctionnement des plaquettes sanguines chez ces patients à risque. « Enfin, il s’agira d’évaluer la manière dont les traitements anticoagulants ou les traitements qui empêchent l’agrégation des plaquettes sanguines actuellement utilisés peuvent influencer l’activité de cette enzyme. » Peut être sont-ils une piste thérapeutique dans la prévention de récidive… Il est en effet toujours plus intéressant d’avoir recours à des médicaments déjà sur le marché plutôt que d’en élaborer de nouveaux. Cela permet d’offrir une solution thérapeutique plus rapide !
Entre recherche fondamentale et clinique
L’ensemble de ces travaux allient recherche fondamentale et recherche clinique, une association à laquelle tient Jean-Luc Balligand, président de l’Institut de recherche expérimentale et clinique (IREC/UCL): « Pour obtenir des résultats intéressants et applicables cliniquement, il est important qu’il y ai une réelle continuité entre la recherche fondamentale et la recherche clinique. Nos résultats sont le fruit d’une fertilisation croisée entre les chercheurs qui travaillent en clinique et ceux qui travaillent dans leur laboratoire. Les idées des uns nourrissent les travaux des autres et cela va dans les deux sens. »
Et bien d’autres projets…
Bien entendu, l’infarctus du myocarde est loin d’être le seul cheval de bataille de l’IREC ! De nombreux autres projets y sont développés. « En clinique, nous travaillons notamment sur le phénotype des patients souffrant de maladies cardiaques avec un focus plus particulier sur les problème de valves cardiaques. Mais nous développons aussi des travaux coordonnés à la clinique et au laboratoire sur la fibrose du coeur, le stress oxydatif cardiaque et vasculaire et sur l’insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection préservée, une forme de la maladie qui affecte la moitié des patients insuffisants cardiaques. Dans le cadre de ces derniers travaux, nous coordonnons une étude européenne, subsidiée par l’Union Européenne, testant une nouvelle approche thérapeutique. Dans notre unité, plus de 17 académiques conduisent des projets de recherche fondamentale et clinique. Des travaux qui participent de manière importante au rayonnement de l’UCL dans le domaine de la recherche cardiovasculaire », conclut enthousiaste Jean-Luc Balligand.
Elise Dubuisson
Coup d'oeil sur la bio de J-L. Balligand
1984 Docteur en médecine (UCL)
1984-1989 Spécialisation en Médecine Interne
1989-1991 Aspirant auprès du Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS)
1990- 1995 Research Fellow, puis Instructor, puis Assistant Professor, Cardiology Division, Brigham and Women’s Hospital,
Harvard Medical School, Boston (USA)
1997 Docteur en Sciences (Agrégé de l'enseignement supérieur, UCL)
1997 - 2004 Professeur à l’UCL (Médecine et Pharmacologie)
Depuis 2004 Professeur ordinaire à l’UCL
Depuis 2016 Président de l’Institut de Recherche Expérimentale et Clinique (IREC/UCL)
Coup d'oeil sur la bio de Christophe Beauloye
1996 Docteur en médecine (UCL)
1998-2002 Aspirant Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS)
1996- 2004 Médecin Assistant Candidat Spécialiste en Cardiologie (UCL)
2004 - 2005 Compétence en soins intensifs (UCL)
2005-2006 Clinical Fellow – Cardiologie interventionnelle – (OLV – Aalst)
Depuis 2006 Cardiologue, Cliniques universitaires Saint Luc (UCL).
Depuis 2010 Clinicien Chercheur – FNRS
Depuis 2016 Chef de service de Cardiologie des Cliniques universitaires Saint Luc (UCL)