« IT-Targets », le projet qui veut faire progresser l’immunothérapie du cancer

Depuis 5 ans, tous les espoirs de la lutte contre le cancer sont tournés vers l’immunothérapie. Et le projet « IT-Targets » compte bien apporter sa pierre à l’édifice. Sa cible ? Les protéines GPCR.

Le principe de l’immunothérapie est relativement simple sur papier. Il s’agit d’aider le système immunitaire à reconnaître et à éliminer les cellules cancéreuses. « Normalement, les cellules cancéreuses devraient être reconnues par le système immunitaire comme des organismes étrangers et celui-ci devrait les éliminer naturellement. Sauf que les cellules cancéreuses inhibent ce processus afin de pouvoir se développer sans être inquiétées », explique Christophe Quéva, directeur scientifique chez iTeos Therapeutics, une spin off spécialisée en biotechnologie du Ludwig Institute for Cancer Research et de l’Institut de Duve, de l’Université Catholique de Louvain.

Cancer : mieux comprendre l’inhibition du système immunitaire

Actuellement, l’objectif de la recherche est essentiellement de mieux comprendre ce mécanisme d’inhibition pour réussir à le cibler de manière thérapeutique : comment les cellules cancéreuses communiquent avec notre système immunitaire ? Quelles cellules de notre système immunitaire sont visées ? Comment lever cette inhibition ? Les mécanismes sont-ils les mêmes dans tous les types de cancer et chez tout le monde ? Autant de questions qui, à ce jour, n’ont recu que des réponses partielles et ce malgré l’arrivée des premiers médicaments ciblant le système immunitaire sur le marché.

Passer au crible des échantillons de tumeurs

Afin d’apporter une réponse à ces questions et de développer de nouvelles approches thérapeutiques, les chercheurs prenant part au projet IT-Targets vont passer au crible un grand nombre d’échantillons de tumeurs prélevés sur des patients. « Nous allons dans un premier temps isoler les cellules immunitaires présentes dans ces tumeurs afin de savoir quels types de cellules sont le plus souvent impliqués dans le développement des cancers. Dans un second temps, nous allons appliquer un séquencage de nouvelle génération sur les cellules immunitaires les plus importantes afin de savoir quels gènes elles expriment », poursuit le chercheur.

Se concentrer sur les protéines GPCR

Lorsque ces deux premières étapes seront terminées, les chercheurs se concentreront sur un type bien précis de protéines présentes dans ces cellules immunitaires : les protéines GPCR. « Ces protéines sont connues pour leur rôle important dans la transmission de signaux dans certains processus physiologiques. Ce sont d’ailleurs déjà des cibles thérapeutiques dans de nombreuses indications mais pas dans le cadre du cancer. Pourtant, on sait qu’elles sont impliquées dans la régulation de l’immunité. Elles jouent notamment un rôle dans la migration et la fonction des cellules immunitaires. Raison pour laquelle nous avons décidé de nous y intéresser ».

Ces travaux commencent à peine et font partie des tous premiers dans ce domaine, tout reste à faire ! « Notre objectif est d’abord d’établir une liste des protéines GPCR les plus importantes présentes dans les cellules immunitaires qui nous intéressent, ensuite d’étudier plus finement leur rôle et enfin d’évaluer leur potentiel comme cible thérapeutique. »

L’objectif final ? Le développement de médicaments !

Si le projet IT-Targets repose dans un premier temps sur de la recherche fondamentale, tout a été prévu pour que ces travaux débouchent sur une application médicale. En effet, le projet fait appel à plusieurs groupes d’experts spécialisés dans toutes les étapes jusqu’à la mise au point d’un traitement. « Plus précisément, ce projet combine l’expertise de l’IRIBHM en découverte et validation de protéines GPCR, la technologie développée par ChemCom concernant les protéines GPCR sensorielles, le savoir-faire en immunologie tumorale de l’Institut de Duve, les connaissances d’ImmunXperts relatives aux cellules primaires immunitaires humaines et les compétences d’iTeos en recherche de médicaments en immuno-oncologie », conclut Christophe Quéva.

 

Elise Dubuisson

 

Coup d'oeil sur la bio de Christophe Quéva

Portrait de Christophe Quéva

1993                    Doctorat Sciences de la vie et de la santé à l’Institut Pasteur de Lille et Université de Lille (France)

1993-1998          Stage postdoctoral au Fred Hutchinson Cancer Research Center (Seattle, USA)              

1998-2001          Directeur Adjoint chez AstraZeneca Transgenics and Comparative Genomics (Molndal, Suède)

2001-2006          Directeur Adjoint chez AstraZeneca Oncology (Boston, USA)

2006-2011          Directeur de recherche chez Amgen, Oncology-Hematology Therapeutic Area, (Seattle, USA).

2012-2015          Directeur chez Biology, Translational Medicine, Oncology and Inflammation Gilead Sciences (Seattle, USA).

Depuis 2015      Directeur scientifique chez iTeos Therapeutics (Gosselies, Belgique)

Publié le 10 février 2017