Rassemblant tous les secteurs de l’UCLouvain, le Centre d’investigation clinique en nutrition (CICN) a été pensé par les membres du Louvain4Nutrition pour faciliter les études cliniques entre les différentes équipes de recherche en nutrition.
C’est officiel, l’UCLouvain abrite désormais le premier centre d’analyse clinique en nutrition inauguré ce 27 novembre 2018 à la faculté des Sciences de la motricité sur le site de Louvain-la-Neuve. Le Centre d’investigation clinique en nutrition (CICN), créé de manière « virtuelle » en 2016, est une plateforme intersectorielle qui rassemble pour la première fois en Belgique une offre complète en matière d’études en nutrition humaine. Le CICN regroupe en effet les expertises multidisciplinaires des trois secteurs (sciences de la santé, sciences et technologies, sciences humaines) de l’Université dans un même espace. Parmi ces expertises, on compte les domaines du comportement alimentaire, du métabolisme, de la physiologie de l’exercice, du microbiote intestinal et des analyses sensorielles.
« L’objectif de ce projet est de réaliser des études cliniques dans le domaine de la nutrition », explique Barbara Pachikian, coordinatrice à la mise en place du CICN. Doctorante à l’UCL, elle a réalisé sa thèse chez le professeur Nathalie Delzenne qui chapeaute avec sept autres professeurs le projet, au sein du groupe de recherche « Métabolisme et nutrition ». « J’ai toujours été intéressée par la nutrition, poursuit-elle. Après ma thèse sur ce même sujet, j’ai été engagée en tant que coordinatrice de recherche d’un projet de la région wallonne qui souhaitait promouvoir les légumes de notre région sur base de leur richesse en termes de fibres. »
C’est à cette même époque que le consortium Louvain4Nutrition, rassemblant toutes les équipes de recherche de l’UCL en matière de nutrition, se forme. Son but : soumettre des projets en commun, pour obtenir des financements, ensemble, en équipe. « C’est ici que le CICN a été pensé, avec des équipes motivées par l’envie de faciliter les études cliniques entre elles », poursuit Barbara Pachikian. La région wallonne finance en partie le projet car il s’inscrit dans un autre de ses programmes, encore plus vaste : Keyfood, un programme visant à faciliter le lien entre le monde industriel et le monde académique en matière de nutrition.
Un centre tourné vers l’étude clinique
« Le centre incarne aujourd’hui l’étape finale dans le développement des produits et habitudes alimentaires : tester chez l’homme comment la nutrition ou des comportements alimentaires peuvent impacter santé et bien-être, avance la coordinatrice du CICN. Nous pourrons par exemple travailler sur un complément alimentaire ou bien un type particulier de régime alimentaire qui pourrait avoir un effet thérapeutique ou de prévention dans certains désordres métaboliques, telles que le diabète ou l’hypercholestérolémie. En dehors d’aspects biologiques, entre aussi en compte l’aspect comportemental : peut-on diminuer le stress ou la fatigue dans un contexte de burn-out, notamment ? »
Pour ce faire, le Centre dispose d’un cabinet médical, de salles de prélèvements et intègre également des salles d’analyses du comportement composées d’un salon, d’une salle à manger…et d’un système d’observation par caméra permettant d’étudier le comportement en situation réelle. Implanté au sein de la faculté des Sciences de la motricité sur le site de Louvain-la-Neuve, l’équipement est perfectionné et tout un étage lui est consacré : « Nous nous sommes installés au sein de cette faculté car c’est là que se trouve l’antenne sportive des cliniques universitaires Saint-Luc, poursuit Barbara Pachikian. Grâce à cela, nous avons déjà des médecins sur place. De plus, nous bénéficions également de l’infrastructure présente au sein du laboratoire de la physiologie de l’exercice, dirigé par le Professeur Louise Deldicque, responsable académique du CICN. »
Combinaison du monde académique et industriel
La plateforme est d’une part vouée aux membres de l’UCLouvain, mais aussi aux industriels. « Ce qui est relatif aux industriels doit demeurer confidentiel, mais nous réalisons entre autres régulièrement des études de biodisponibilité, explique la coordinatrice. Il s’agit de déterminer si la reformulation de compléments alimentaires déjà sur le marché permet d’augmenter l’absorption et donc la concentration sanguine des composés actifs. » Parmi les recherches universitaires, le Centre a coordonné une étude pour la Rode Kruis Vlaanderen, pour tester l’efficacité d’un complément en fer chez les donneurs réguliers. « On sait que le statut ferrique peut être altéré chez des donneurs de sang réguliers, ce qui pourrait avoir comme conséquence des effets sur la performance sportive à long terme, observe-t-elle. Nous avons voulu voir si un supplément en fer peut les protéger. » Autre recherche menée au CICN : « Dans le cadre d’un projet européen qui voulait caractériser la fermentation d’une fibre de type « chitin-glucan », une fibre issue d’un champignon qui pourrait modifier le microbiote intestinal, nous avons mené des investigations préalables». « Nous continuons à nous développer, conclut Barbara Pachikian. Les domaines d’expertise du Centre continuent à se multiplier : nous n’existons que depuis deux ans et les possibilités sont déjà immenses. C’est un projet très stimulant qui voit enfin le jour. »
Marie Dumas
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