"Le Christ et la Samaritaine au puits" (1609), de Sisto Badalocchio Rosa (1585-1667)
9e Colloque International du Réseau de Recherches en Narratologie et Bible (RRENAB)
UCL – Louvain-la-Neuve, 31 mai – 2 juin 2018
La contribution du discours des personnages à leur caractérisation
Le discours en style direct est sans aucun doute l’un des procédés narratifs qui contribue le plus à caractériser les personnages des récits bibliques. Plusieurs classiques de la narratologie biblique le soulignent, comme Robert Alter ou Shimon Bar-Efrat[1]. Que le personnage prenne la parole pour tenir un discours plus ou moins long, et cela, dans l’interaction d’un dialogue ou dans un monologue public, le contenu de ses paroles, la façon dont il présente les faits ou la situation, le ton qu’il emploie – pour autant qu’il soit identifiable –, la rhétorique qu’il déploie, la finalité qu’il poursuit en tenant ces propos et le résultat qu’il obtient, tout cela contribue au portrait que le récit brosse de lui. Lorsqu’un autre personnage lui adresse la parole ou parle de lui, d’autres éléments de caractérisation peuvent apparaître, qui seront déduits à nouveau du contenu, de l’orientation, du ton, de la rhétorique et de l’impact du discours concerné.
Dans l’exploration des potentialités du discours direct, on n’oubliera évidemment pas les monologues intérieurs qui jouent souvent un rôle déterminant, dans la mesure où ils reflètent authentiquement un personnage, et cela qu’ils accompagnent ou non un discours adressé à d’autres. Assimilées à ces monologues, les paroles à un(e) confident(e) ou à Dieu dans une prière qu’un personnage lui adresse ont aussi une puissance de caractérisation peu communes. À partir de là, il est même envisageable de prendre en considération le « discours indirect libre » où se reflète le point de vue du personnage et qui fournit dès lors des éléments de caractérisation qui peuvent être précieux.
Au cours du colloque, on cherchera à préciser les contours et les traits principaux de ce procédé multiforme en observant son rôle et son apport spécifiques par rapport aux autres techniques de caractérisation et son interaction avec elles. On s’interrogera également sur leur degré de fiabilité narrative et sur les critères permettant d’apprécier celle-ci et d’en interpréter la signification.
[1] R. Alter, L’art du récit biblique, Bruxelles, Lessius, 1999, p. 160 ; S. Bar-Efrat, Narrative Art in the Bible, Sheffield, Academic Press, 1997 [1989], p. 64-77. Voir aussi A. Berlin, Poetics and Interpretation of Biblical Narrative, Sheffield, Almond Press, 1983, p. 37-39 ; voir aussi J.-L. Ska, “Nos pères nous ont raconté”. Introduction à l’analyse des récits de l’Ancien Testament (Cahiers Évangile 155), Paris, Cerf, 2011, p. 87-88.
Composition du Comité organisateur RRENAB 2018 :
- Hans Ausloos, Prof. UCL
- Régis Burnet, Prof. UCL
- Dominique Lambert, Prof. UNamur
- Didier Luciani, Prof. UCL
- Geert Van Oyen, Prof. UCL
- André Wénin, Prof. UCL
Composition du Comité scientifique RRENAB 2018 :
- Hans Ausloos, Prof. UCL
- Régis Burnet, Prof. UCL
- Didier Luciani, Prof. UCL
- Alexis Pidault, Drs. UCL
- Geert Van Oyen, Prof. UCL
- Audrey Wauters, Assistante UCL
- André Wénin, Prof. UCL
Jeudi 31 mai 2018
- À partir de 13h00 Accueil (Hall de la faculté de théologie, Collège Descamps, Grand-Place 45)
- 15h00 Introduction au colloque par le Président du RRENAB, Prof. Geert Van Oyen (UCL) (AGOR 10)
- 15h30 Conférence plénière (AGOR 10) :
Jarmila Mildorf (Institut für Anglistik/Amerikanistik, Université de Paderborn)
Functions of (Fictional) Dialogue: Narratological and Historical Perspective
In narratology, dialogue is often considered a "secondary" kind of discourse (Fludernik 2006) or even a "corpus alienum" (Stanzel 1995: 93) in the larger context of the surrounding narrative text. This assessment is surprising in view of the fact that dialogue is a common stylistic feature in a lot of fiction, where it assumes a wide range of functions: dramatization and the creation of involvement; changing the pace of the narrative; characterization; indirect ascription of thoughts, attitudes and motives to characters; embedded commentary on and description of the storyworld; storyworld construction. Many of these functions are shared by other kinds of dialogue such as "constructed dialogue" (Tannen 1989) in conversational storytelling, philosophical dialogue or dramatic dialogue. In this lecture, I explore fictional dialogue against the background of these dialogical subgenres and discourse types and present selected poetological reflections on the dialogue form from various literary-historical periods. The talk will touch on issues that are potentially of interest for the narratological study of the bible: referentiality and epistemic stance; the situatedness and local functions of dialogue; written dialogue's participation in two communicative systems (author-recipient and character-character); the aesthetic dimension of dialogue.
- 16h30 pause
- 17h00-18h45 Ateliers 1, 2, 3, 4 :
1. Les prises de paroles prophétiques, lieu de caractérisation du peuple et de Dieu (AGOR 01)
Elena Di Pede (Université de Lorraine, coordinatrice), Didier Luciani (UCL) et Dany Nocquet (IPT-Montpellier)
Les livres prophétiques présentent deux modes particuliers de mise en scène de la parole et du discours. Les Prophètes Premiers sont essentiellement composés de récits qui mettent en scène le prophète comme porte-parole du divin et les Prophètes Seconds sont massivement composés d’oracles qui peuvent être assimilés à de longs monologues que le prophète adresse au peuple de la part du Dieu dont il se dit l’envoyé. Cet atelier explorera les deux modes particuliers de prise de parole, récit et oracle, pour voir comment s’y caractérisent le Dieu qui envoie le prophète et le peuple qui lui face. On pourra ainsi étudier la façon dont les diverses prises de paroles contribuent à caractériser les personnages avec leur rhétorique propre ainsi que la fiabilité de ces paroles en lien avec la situation particulière d’énonciation.
2. Portraits croisés dans le cycle de Gédéon (Jg 6–8) (AGOR 02)
Catherine Vialle (Université catholique de Lille, coordinatrice), Constantin Pogor (Université de Strasbourg), Marguerite Roman (UCL)
L'atelier abordera la caractérisation des différents personnages, en particulier de Dieu et de Gédéon, à travers leurs prises de paroles dans les trois chapitres du livre des Juges consacrés à Gédéon. En quoi ces prises de parole apportent-elles des éléments de caractérisation décisifs? Comment s'articulent-ils avec le reste de la narration?
3. Quand faire parler l’adversaire, c’est se révéler soi-même. Caractérisation, discours direct et polémique (AGOR 03)
Odile Flichy (Centre Sèvres) et Jacques Descreux (Université catholique de Lyon, coordinateur)
Dans la polémique, il est fréquent de citer les paroles d’autrui afin de le dévaluer ou de dévaluer son discours. Ce phénomène se cristallise notamment dans la diatribe à des fins pédagogiques. Les paroles de l’adversaire peuvent être citées de façon tendancieuse, partiale ou déformée, dans un contexte qui en change le sens ou la portée. Bref, le discours direct d’autrui est détourné pour que le tiers, auditeur ou lecteur, se forge une image négative de lui. Si le discours direct prêté à autrui sert à le caractériser, la manière dont le locuteur utilise le discours d’autrui relève de la caractérisation de ce locuteur. Quant à l’auditeur/lecteur, comment est-il conduit à se situer : lui est-il proposé de s’identifier au « tu » pris à partie par le locuteur, ou à être témoin-arbitre de l’échange ? L’atelier s’intéressera à ces questions à partir des exemples de l’épître de Jacques et de l’Apocalypse de Jean.
4. Le “je” de Paul ou la construction discursive d’un personnage – chez Paul et après Paul (1re partie) (AGOR 04)
Alain Gignac (Université de Montréal, coordinateur), Pierre de Salis (Office Protestant de la Formation, Neuchâtel), Priscille Marschall (Université de Lausanne)
Plusieurs écrits du christianisme ancien donnent la parole à Paul, en discours direct. Ils engendrent alors une autoreprésentation (lettres dites authentiques) ou une représentation (lettres pseudépigraphes, actes). On tentera de comprendre comment ces discours permettent la caractérisation de cette figure apostolique, qui subit ainsi diverses modulations selon les différentes sources du corpus chrétien – modulations à comparer sans les confondre. En définitive, il s'agira de comprendre comment ces discours directs contribuent à l'argumentaire rhétorique des textes où ils s’insèrent, soit pour défendre Paul (ou l'autorité paulinienne), soit pour s'opposer à celui-ci. Ainsi, loin d'être neutres, ces discours où Paul se met en scène ou est mis en scène, ont une fonction, tantôt apologétique, tantôt polémique.
- 19h00 Présentation du Volume des actes du colloque de Metz 2016 et des actes du colloque de Montréal 2014 (AGOR 10)
- 19h15 Cocktail offert par les Editions Peeters (Leuven) (1er étage bâtiment MONTESQUIEU)
Vendredi 1 juin 2018
- 9h00 : Conférence plénière (AGOR 10) :
Yvan Bourquin (Université de Lausanne)
La dimension polyphonique du récit de Marc. Paroles et personnages
Qu’en est-il d’un récit qui, se donnant comme Bonne Nouvelle, commence par une affirmation puissante du narrateur et se termine par un silence pesant ? Comment certaines affirmations sont-elles reprises, travaillées et redistribuées au cours de la narration ? Dans une révélation par le biais de la parole, quels rôles jouent respectivement le discours direct, le discours indirect, le discours indirect libre, le monologue intérieur et… le silence ? Et que dire des audaces du narrateur, qui interrompt par deux fois le discours du Maître pour insérer une remarque de son cru ? Sans parler de ses prétendues « maladresses » de style…
- 10h15 pause
- 10h45 Ateliers 5, 6, 7, 8 :
5. Le “je” de Paul ou la construction discursive d’un personnage – chez Paul et après Paul (2e partie) (AGOR 04)
Steeve Bélanger (Université de Paris- Nanterre, coordinateur), Régis Burnet (UCL), Anne Pasquier (Université Laval, Québec)
Plusieurs écrits du christianisme ancien donnent la parole à Paul, en discours direct. Ils engendrent alors une autoreprésentation (lettres dites authentiques) ou une représentation (lettres pseudépigraphes, actes). On tentera de comprendre comment ces discours permettent la caractérisation de cette figure apostolique, qui subit ainsi diverses modulations selon les différentes sources du corpus chrétien – modulations à comparer sans les confondre. En définitive, il s'agira de comprendre comment ces discours directs contribuent à l'argumentaire rhétorique des textes où ils s’insèrent, soit pour défendre Paul (ou l'autorité paulinienne), soit pour s'opposer à celui-ci. Ainsi, loin d'être neutres, ces discours où Paul se met en scène ou est mis en scène, ont une fonction, tantôt apologétique, tantôt polémique.
6. Les paroles de Jésus ressuscité : une nouvelle caractérisation ? (AGOR 01)
Normand Bonneau (Université St-Paul, Ottawa, coordinateur), Geert Van Oyen (UCL) et Yvan Mathieu (Université St-Paul, Ottawa)
« Suite à sa résurrection d’entre les morts, Jésus existe dans un état autre—il est vivant, mais il n’est pas immédiatement reconnaissable quand il apparaît à ses disciples. Toutefois, dans les récits d’apparition chez Matthieu, Luc, et Jean, ce personnage agit : il apparaît, il se déplace, il mange, il voit, il montre, et surtout il parle en style direct. Est-ce que le fait même de faire parler ce personnage, en plus des paroles qu’il prononce, caractérise (du moins implicitement) son état nouveau de ressuscité ? Le parler de Jésus après sa résurrection est-il différent de son parler avant ? Ses dialogues avec les autres personnages dans les récits d’apparitions contribuent-ils à caractériser son nouvel état? ».
7. Paroles dites, paroles à dire. Variations sur le discours cité (AGOR 02)
Jean-Pierre Sonnet (Université Grégorienne, Rome, coordinateur), Béatrice Oiry (Université catholique d’Angers), Laura Invernizzi (Università cattolica, Milano)
Dans la vie comme dans les œuvres narratives, les mots des uns et des autres sont offerts au jeu de la citation. L’expérience et la lecture l’enseignent : ces imitations du discours par le discours, loin de donner lieu à des décalques verbatim, font (le plus souvent) le jeu de stratégies rhétoriques en vue d’effets particuliers. Le récit biblique en est une singulière illustration, et ceci dès les paroles du serpent : « Ainsi, Dieu vous a dit… » (Gn 3,1). En s’inspirant des catégories proposées par M. Sternberg (« Proteus in Quotation Land »), l’atelier examinera deux figures fondamentales de la citation biblique, relatives à son orientation temporelle : la citation reproductive, qui reproduit, non sans subtiles altérations, des paroles déjà dites (ou présentées comme telles), et la citation préproductive, qui produit avant terme le discours d’un tiers.
8. Caractérisation d’un personnage par ses discours et ceux des autres (AGOR 03)
Sylvie de Vulpillières (Centre Sèvres, Paris, coordinatrice), Erwan Chauty (Centre Sèvres, Paris), Gérard Billon (ICP, Paris)
La caractérisation du personnage d’Abraham en Gn 11, 27 – 25,11 présente plusieurs ambiguïtés. Tant le récit que les dialogues ouvrent à des interprétations diverses. Par exemple, en Gn 12 et 20, Abram/Abraham présente Saraï/Sarah comme sa sœur. Est-ce par peur ? Par stratégie ? Par désir de s’enrichir ? D’un épisode à l’autre, y a-t-il quelques indices d’un changement ? En Gn 16, par contre, Abram intervient peu quand Saraï lui présente Agar puis la chasse : lâcheté, incompréhension, ou autre chose ? De plus, Abraham parle peu de Dieu après la promesse du chapitre 12. Peut-on avancer une interprétation ? Quels sont les choix du narrateur ? L’atelier proposera d’analyser trois discours remis dans le contexte général du cycle d’Abraham pour éclairer l’évolution de la caractérisation du personnage d’Abraham.
- 12h30 Repas
- 14h30 Après-midi culturelle (belge) et dîner festif :
- 14h30 Conférence par Jean-Louis Tilleuil (UCL- Faculté de Philosophie, Arts et Lettres) La caractérisation des personnages dans la Bande dessinée.
- 16h00 Visite du Musée Hergé
- (possibilité de visite libre du Muséel, nouveau musée de l’Université)
- 18h45 « Souper » belge au restaurant la Popote belge
Samedi 2 juin
- 9h00 Conférence plénière (AGOR 10) :
Céline Rohmer (Professeure de N.T., Institut protestant de Théologie, Montpellier)
Faire dire pour faire parler, ou comment la parole de Dieu se mêle au discours des hommes
Dans le récit évangélique, la signification des personnages dépend de leur relation au seul personnage Jésus. Semblablement, leurs prises de parole ont sa seule parole pour horizon. Matthieu fait peser plus lourdement encore l’enjeu de leurs propos en annonçant : « par tes paroles tu seras justifié et par tes paroles tu seras condamné » (Mt 12,37). Le narrateur dévoilerait-il ici un pan de sa stratégie ? Le discours en style direct lui offrirait alors un lieu privilégié pour raconter les résistances et les ambiguïtés des personnages face à la parole qui leur est adressée. Par l’entremise de plusieurs extraits analysés, le propos consistera à montrer comment la caractérisation langagière des personnages matthéens peut mettre au jour le difficile apprentissage de la parole.
- 10h15 pause
- 10h45 Communications offertes (AGOR 01, 02, 03, 04)
Biasgiu Santu Virgitti (Grégorienne), La Samaritaine au puits (Jn 4). Scène d’un autre type ? [AGOR 01]
En cherchant derrière le récit de la Samaritaine une trame de type narrative, Jean-Louis Ska a mis en évidence le recours à la scène type du puits présente dans les récits du Pentateuque. Mais cette scène type évoquée par le récit johannique ne fait-elle pas allusion à une autre scène fondatrice de la Genèse ? Nous voudrions ainsi rapprocher le récit de Jn 4 de celui de Gn 3, et évaluer le jeu d’échos qui pourrait exister entre la scène du Jardin et celle du puits.
Dans quelle mesure la mise en scène de la Samaritaine et de Jésus, ainsi que le contenu de leur échange fait allusion au dialogue de la femme et du serpent en Éden ? Comment dialoguent certains thèmes entre les deux récits, tels que la mention du don et du donateur ; d’un don à manger ou à boire pour acquérir la connaissance ; de la femme en l’absence de son mari, ou de l’élan qui pousse le personnage à communiquer le don reçu à un tiers ?
L’allusion à la scène du jardin dans le récit de la Samaritaine ne fonctionnerait-elle pas comme une “inverted” story reflection story, selon le concept de Yair Zakovitch ? Pour renverser la scène du Jardin, tout en s’y référant ? Ainsi, Jésus renverse à la fois la perspective et la situation de la rencontre entre la femme et le serpent autour de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. La vie éternelle qui est manquée de peu dans le récit de la Genèse, et qui donnera lieu à toute l’histoire du salut, se trouve ici offerte «sur un plateau» pour qu’elle ne soit plus jamais manquée. L’intrigue du don de la connaissance et de la vie immortelle amorcée dans le Jardin se réalise finalement. Le donateur avait bel et bien l’intension de communiquer ce don gratuitement, et intervient pour cela inopinément, comme le serpent, mais cette fois-ci pour rétablir son dessein originel.
Nous nous proposons donc ici de dérouler, à travers l’analyse narrative, le récit de la Samaritaine pour y déceler, s’il y en a, des indices d’une scène d’un autre type : celle du jardin. Sans pour autant prétendre proposer une nouvelle clé de lecture, nous chercherons d’ouvrir une autre piste de lecture de ce récit, tout en prenant en considération l’argument proposé par le Colloque sur la contribution du discours des personnages à leur caractérisation.
Aurélia Hetzel (EPHE), Jésus et la Cananéenne : un dialogue en suspens [AGOR 01]
Lors de sa rencontre avec la Cananéenne (Matthieu 15, 21-28), Jésus commence par opposer un silence à sa supplique. Ce n'est qu'après l'intervention des disciples qu'il consent à lui parler, et sur son insistance seulement qu'il finit par l'aider. Ce dialogue est efficace à plus d'un titre. Tout d'abord, il aboutit à une guérison. De plus, il encourage la foi, comme persévérance, espoir et humilité. Enfin, il permet à une femme étrangère de participer au don du Christ. Je propose d'étudier la progression des répliques échangées (cohérence des propos, des enchaînements, filage de la métaphore des "petits chiens") et leur rhétorique (un refus ; des arguments ; une acceptation). Que nous dit cette conversation de chacun des personnages ; au-delà, que représentent-ils dans l'économie de l'Evangile et selon la mission du Christ?
Audrey Wauters (UCL), « Voici le maître des rêves » : le rapport entre discours direct et ironie dramatique en Gn 37.42–43 [AGOR 01]
Dès l’instant où, dans l’étude narrative d’un récit, l’ironie est associée à la parole des personnages, la catégorie d’ironie verbale vient immédiatement à l’esprit. Pourtant, la parole d’un personnage peut également dégager de l’ironie dramatique lorsqu’il s’exprime en toute innocence sans se rendre compte de l’ironie que recèle son propos. Dans cette communication, nous proposons d’examiner comment le narrateur, en faisant entendre les paroles de ses personnages, caractérise ceux-ci comme inadéquats par rapport à la situation dans laquelle ils se trouvent et les prend pour cibles de son ironie. Pour ce faire, nous observerons quelques paroles significatives prononcées par le personnage collectif des frères de Joseph en Gn 37.42–43, en prenant comme point de départ le titre de « maître des rêves » qu’ils donnent d’une seule voix à leur cadet en 37,19.
Si Alice Heu (UdeM), Ésaïe 52.13-53.12, entre poème et récit [AGOR 02]
Ésaïe 52.13-53.12 fait partie des textes communément appelés les poèmes du serviteur. Plusieurs éléments contribuent à mettre ce passage dans la catégorie du « poème » : parallélismes, structures chiastique, métaphores etc. Cependant, ce poème raconte une histoire : celle d’un serviteur sans attrait, maltraité, souffrant à la place des autres et élevé finalement par YHWH. Dans cette portion, des procédés d’intensification exposent la métaphore du serviteur et semblent transformer le poème en un développement narratif. Il y a une intrigue dans ce poème. Nous aimerions examiner comment une mise en scène narrative, combinée à des procédés de poésie hébraïque, produit un effet intense de dramatisation.
Conrad Folifack (UCL), La caractérisation de Job par Éliphaz [AGOR 02]
Dans le livre de Job, Éliphaz tient trois discours, un dans chaque cycle : 4-5 ; 15 ; 22. Le portrait de Job qui en sort est très contrasté. Difficile de concilier le portrait de Job décrit dans le premier discours (4,1-6) où Job est présenté comme un homme juste et droit avec le second (15,1-16) dans lequel Éliphaz fait déjà allusion à son péché (15,5-6), mais surtout avec le troisième (22,1-11) où Job est décrit comme un méchant (22,5). De la même manière il est difficile de concilier les propos d’Éliphaz dans son troisième (22,5-9) discours avec les propos du narrateur et de Dieu dans l’épilogue qui présentent Job comme un homme droit et intègre (1,1.8 ; 2,3). Comment rendre compte de toutes cette caractérisation contrastée de Job dans les propos des protagonistes du drame et particulièrement d’Éliphaz ?
Les commentateurs qui rarement étudient les trois passages ensemble, sont embarrassés devant ce portrait de Job dans le troisième discours (22,1-11) et peinent à en rendre compte. La présentation tente d’aborde de faire un état de la question avec les tentatives infructueuses de solutions proposées, avant de tenter une proposition de solution. La méthodologie s’appuie sur une lecture dramatique (narrative) de l’ensemble des discours des amis et de Job, pour constater les évolutions et changements dans les dialogues entre protagonistes qui aboutissent à cette conclusion d’Éliphaz.
Alexis Pidault (UCL), Construction littéraire et portée de la présentation de l’exception lévitique dans l’ouverture du livre des Nombres (Nb 1 – 2) [AGOR 02]
Le livre des Nombres s’ouvre par une unité textuelle présentant le recensement des douze tribus et leur mode de campement et de déplacement autour de la tente du Rendez-vous (Nb 1 – 2). Dans cette représentation de l’Israël biblique, au terme de la péricope du Sinaï, la tribu de Lévi constitue une exception. Dans le cadre narratif de la péricope du Sinaï, il s’agit d’une donnée nouvelle, qui ne bénéficie d’aucune annonce proleptique, à la différence du recensement (Ex 30,12).
La communication portera sur la manière dont l’exception lévitique est présentée en Nb 1 – 2 et tentera de montrer comment elle est construite littérairement, ainsi que sa portée pour la lecture des autres textes concernant les lévites en Nb. En effet, la fonction lévitique possède en Nb une place unique comparativement à l’ensemble du Pentateuque. La situation à part, « entre-deux », de cette tribu obtient en Nb 1 – 2 une toute première caractérisation. La primacy effect s’appliquerait-elle aux lévites dans le commencement d’un livre tel que Nb ? Si oui, quelle en serait alors la portée ?
Alexandre Kabera (UdeM), Lecture du récit de guérison de la fille de Jaïre en Marc 5, 21-43 selon une analyse de réponse du lecteur [AGOR 03]
L’analyse de réponse du lecteur cherche le sens du texte dans les effets produits chez le lecteur plutôt que dans les intentions de l’auteur ou dans les structures et les formes du texte (Hurley., 2010). Dans notre étude du récit de guérison de la fille de Jaïre en Mc 5, 21-43, nous nous proposons de suivre trois étapes. D’abord, nous ferons une lecture rapprochée de la péricope de Mc 5, 21-43, en observant les mots, les expressions, les groupes de mots. Ensuite, nous allons repérer des trous possibles dans le texte que le lecteur est invité à remplir. Il s’agit des espaces entre les mots, nuances de significations, doublets et répétitions. Enfin, nous porterons attention à l’effet que certains mots et le texte dans son ensemble produisent chez le lecteur que nous sommes. Par ailleurs, nous considérerons l’usage des sens du corps dans ce récit de guérison : la vue, l’ouïe, le toucher. Et que dire de la sollicitude de Jaïre pour la guérison de sa fille ? En quel sens cette attitude peut-elle servir de modèle de foi pour le lecteur que nous sommes ?
Claire-Sybille Andrey (UNIGE), Trois portraits du roi de Perse et sa métamorphose à travers son discours avec la reine Esther : le formaliste, le théâtral et l’émotionnel. Analyse du discours des chapitres 5 et 7 du livre d’Esther dans le TM, LXX et TA [AGOR 03]
Au moment de la plus forte tension du récit d’Esther, au chapitre 5 où tout semble basculer dans le chaos, le roi perse vit une métamorphose intérieure qui le pousse à parler à la jeune reine téméraire qui s’est présentée devant lui sans être convoquée.De sa parole libératrice découle un dialogue, durant lequel se dévoilent, d’une part, des aspects ignorés et insoupçonnés de la personnalité du roi et, d’autre part, une métamorphose tant du couple royal que de leurs individualités respectives. Il se trouve que le livre d’Esther nous a été transmis en cinq versions assez différentes. Cette contribution se propose d’en présenter trois : celle du TM, de la LXX et du TA. Il s’agira d’analyser comment la métamorphose du roi et de sa reine y est présentée. Le personnage du roi ainsi que celui de la reine évoluent différemment dans les trois versions, qui par petites touches modifient le discours du roi, ainsi que la réponse de la reine pour aboutir à des portraits différents. Dans cette contribution seront analysés autant le discours direct que celui du langage corporel des deux personnages clefs du récit. On montrera que la relation du roi et de la reine apparait plus formaliste dans le TM, plus théâtrale dans la LXX et plus émotionnelle dans le TA.
Francis Langlois (UCLy), La caractérisation des personnages de Jésus et des “juifs” en Jn 8,31-59, quelles conséquences possibles sur l’identité du lecteur ? Prémisse pour une recherche. [AGOR 03]
Dans l’évangile selon Saint Jean, les chapitres 7 et 8 traitent de l’identité de Jésus. L’affirmation de celle-ci se développe, en Jn 8,31-59, dans une controverse avec les “juifs” autour du thème de la filiation. Au travers de ce qui les oppose se construit un peu plus leur caractérisation. Le lecteur est-il amené par le récit à préciser, voir à modifier, sa propre identité par identification positive ou négative à ce qu’il découvre des personnages ? Cette étude sur un passage de l’évangile est une expérimentation visant à fonder une recherche sur la restructuration de l’identité du lecteur par sa confrontation, dans le récit, au Jésus johannique qui s’affirme en “Je suis”.
Beatrice Bonanno (UCL), Éléments de caractérisation du personnage de Jean Baptiste dans l’évangile de Marc [AGOR 04]
Le personnage de Jean Baptiste apparaît à plusieurs reprises dans l’Évangile de Marc: il est déjà annoncé et présenté dans le prologue et il semble être une figure de référence également pour la définition de l’identité de Jésus. Au moyen d’une analyse narrative de Mc 1,1-15, 6,14-29 et 11,27-33, je propose de dégager quelques éléments de la caractérisation de ce personnage: comment est-il présenté dans le deuxième évangile? Comment les autres personnages se définissent-ils par rapport à lui? De quelle manière cela affecte-t-il sa caractérisation? Comment prépare-t-il les chemins du Seigneur, comme affirmé en Mc 1,2-3? Le baptême dans le Saint-Esprit qu’il annonce ne sera pas raconté dans l’évangile: cela n’invalide-t-il pas l’autorité qui lui est reconnue en 1,2-9?
Pierre-Emmanuel Moog (EHESS), Quand Samson s’exclame, le portrait d’un homme retors [AGOR 04]
Samson, ayant vaincu mille Philistins, déclame un chant de victoire, puis immédiatement, mourant de soif, crie vers Dieu. Ces deux exclamations, par leurs éléments sémantiques, syntaxiques et rhétoriques, dressent le portrait d’un homme bien éloigné de la brute pataude que l’on s’imagine trop souvent à son sujet.
- 12h30 repas
- 14h30 conférence plénière (AGOR 10):
André Wénin (Professeur d’A.T., Faculté de théologie, UCL)
Quand les personnages se dévoilent par leur rhétorique. Exemples dans les récits de l’Ancien Testament
Dans les récits de l’Ancien Testament, à côté de dialogues parfois très révélateurs de ce que sont les personnages, on trouve des discours plus ou moins longs où un protagoniste tente d’en convaincre d’autres en déployant des arguments de façon plus ou moins subtile. Pour évaluer cette argumentation et apprécier sa portée sur la caractérisation des personnages en présence et de leurs relations, plusieurs paramètres sont à prendre en compte : le contenu (choix des arguments) et la forme (ton du discours, disposition des arguments, etc.) qui tous deux font l’objet d’une stylisation soulignant les traits caractéristiques, mais aussi l’adéquation entre ce qui est dit par le personnage et le reste du récit. C’est ce que l’exposé illustrera à partir de quelques exemples vétérotestamentaires, à propos desquels on cherchera à montrer ce qu’une attention à la rhétorique apporte à l’analyse narrative.
- 15h45 pause
- 16h00-16h30 conclusions et communications RRENAB (AGOR 10)
Appel à contributions pour des communications offertes
Appel à contributions
pour des communications offertes
La contribution du discours des personnages à leur caractérisation
Remarques préliminaires.
• Le public attendu à ce colloque sera composé en majorité de praticien(ne)s• de l’exégèse biblique, doctorant(e)s et étudiant(e)s de Master (dans le domaine biblique ou théologique). Cependant, nous attendons aussi un public plus large, cultivé et motivé, intéressé par la Bible et les approches littéraires. On veillera à en tenir compte. • La langue de la communication sera le français ou l’anglais. • Le texte de la communication pourra être soumis pour publication au Comité scientifique de l’édition des Actes. |
Thème de la communication
- Pour tou(te)s intervenant(e)s
La communication portera sur le thème général du colloque et concernera des textes bibliques ou apocryphes (des deux Testaments).
- Pour les seul(e)s doctorant(e)s
Les doctorant(e)s sont autorisé(e)s à proposer une communication sur leur sujet de recherche doctorale pour autant que leur communication porte sur la Bible ou les apocryphes. La contrainte de se conformer au thème du colloque ne s’applique donc pas dans leur cas.
Information importante. - Les doctorant(e)s appartenant à une Institution affiliée au RRENAB et dont la communication sera acceptée pourront bénéficier d’une bourse octroyée par le réseau pour financer leur déplacement vers Louvain-la-Neuve.
Organisation pratique
Au cours du colloque, la séance prévue pour les communications libres se déroulera en sessions parallèles le samedi 2 juin de 10h45 à 12h30, sous la responsabilité d’un(e) président(e). Chaque intervenant(e) disposera de 20 minutes pour son exposé ; celui-ci sera suivi de 10 minutes de débat. On veillera au respect scrupuleux de ce timing. Entre chaque période, 5 minutes sont prévues pour permettre aux intervenant(e)s de se préparer et aux participant(e)s qui le souhaitent de changer de local.
Il sera possible de disposer d’un projecteur.
Calendrier
- 15 mars 2018 : date limite de l’envoi des propositions de communication ;
cette proposition comprendra : les noms et prénom(s) de l’auteur(e), son institution et sa position, le titre et un résumé de max. 10 lignes
Adresse d’envoi : Audrey Wauters : a.wauters@uclouvain.be
- 15 mars : avis du comité scientifique (acceptation ou refus)
- 2 juin : communication à Louvain-la-Neuve
Logements
L’organisation du colloque a pré-réservé des chambres à Louvain-la-Neuve. Les premières demandes seront satisfaites.
- Hôtel IBIS styles : 20 places (fiche à remplir pour avoir accès aux chambres pré-réservées à l'Hôtel Ibis, date limite d'inscription le 30 avril 2018) Voir fichiers en annexe ci-dessous
- Dominicains : 3 chambres pré-réservées. Contact : alexis.pidault@uclouvain.be
- Collège St-Paul : 1 studio. Contact : dominique.jacquemin@uclouvain.be
Les possibilités de logement sont nombreuses à Louvain-la-Neuve et dans les environs :
- Pour les chambres d’hôtes ou autres logement référencé par la ville
- Best Western Wavre Hotel, Avenue Lavoisier 12 - B-1300 Wavre, Belgique
Le parking le plus proche pour accéder au colloque est le parking des Halles.
Wifi
L'UCL est partenaire du projet Eduroam. Les visiteurs de toutes les universités partenaires, en Europe et ailleurs, bénéficient donc d'un accès aisé au WiFi avec les logins et mot de passe de leur institution d'origine. Plus d'informations : Accès à Eduroam.
Si vous n'avez pas accès à Eduroam, un accès temporaire au WiFi sera possible à l'aide d'un code qui vous sera donné à l'accueil.
Modalités d'inscription :
- coût : 80€ + 20€ (pour l'après-midi culturelle et repas si choisis)
- payement par virement bancaire au compte :
- IBAN : BE77001644775042
- BIC : GEBABEBB
- Titulaire : UCL/Colloque RSCS - Grand Place 45 - B-1348 Louvain-La-Neuve
- Communication : RRENAB + Nom Prénom (bien préciser le nom et le prénom de la personne qui participe au colloque)
- l'inscription ne sera confirmée que lorsque le secrétariat du colloque aura reçu la preuve du payement.
Pour rappel, les intervenants des ateliers ne payent pas les droits d’inscription. Ils doivent néanmoins s’inscrire au colloque. En outre, l’après-midi culturelle est offerte aux coordinateurs des ateliers