Conférence de Sophie Lecole Solnychkine

Louvain-La-Neuve

16 décembre 2022

16h

UR Traverses / Département de philosophie Université de Liège A1/ Esthétique Place du XX août, 7 B-4000 Liège

"Dans la boue des images : de l’image-miroir à l’image-modelage" : une conférence du groupe de contact F.R.S.-FNRS en "Esthétique et philosophie de l'art"

Ce vendredi 16 décembre (16h) à l'Université de Liège, le groupe de contact F.R.S.-FNRS en "Esthétique et philosophie de l'art" a le grand plaisir d'inviter Sophie Lecole-Solnychkine (MCF HDR, Université Toulouse Jean Jaurès) pour une conférence intitulée "Dans la boue des images : de l’image-miroir à l’image-modelage". Sophie Lecole-Solnychkine est spécialiste de théorie de l'image et d'esthétique cinématographique. Elle présentera ses recherches les plus récentes.
Toutes les informations sont disponibles en ligne :
https://www.traverses.uliege.be/cms/c_9616202/fr/dans-la-boue-des-images


Descriptif

Tout au long de son histoire, la peinture s’entend comme pouvoir de produire des figures ; elle hérite, à ce titre, de l’ancrage argileux, boueux, des premiers régimes de la figuration – figura désigne, en son sens primitif, une statuette modelée dans l’argile. De cette puissance de la peinture à produire des figures, le cinéma peut se comprendre comme la poursuite par d’autres moyens. Il s’agira pour nous de pister en lui les échos, les résurgences ou les survivances de cette prégnance matériaulogique de l’acte de figurer. Il s’agira aussi, corrélativement, de questionner ce qu’implique, tant en termes de renouvellement conceptuel que de proposition d’outils pour l’analyse filmique, une pensée du cinéma à partir du matériau.

À partir de la boue, une autre histoire des images, un autre récit originaire de l’avènement des images, est possible. Il aura pour conséquence une autre philosophie et une autre ontologie des images. La boue, plus largement une pensée matériaulogique des images, demande de s’écarter du sillon platonicien, qui a pensé les images selon la modalité du reflet, à partir d’un objet conceptuel fondateur qui est le miroir. Or, une tout autre compréhension des images est possible dès lors que l’on substitue à la surface lisse et réfléchissante du miroir la matérialité molle et opaque de l’argile, celle dans laquelle on peut, avec son doigt, un bâton, un outil, tracer un trait, modeler un contour, façonner une forme. Du point de vue matériaulogique, l’histoire (majoritaire) de la pensée de la figuration fabrique son récit en employant les métaphores de matériaux ou d’objets translucides, transparents, réfléchissants, qui invisibilisent le dispositif matériel dont relève l’image peinte. Cependant, dans les interstices de cette histoire, d’autres récits se développent, qui marquent le retour – survivance ou résurgence – des matériaux consistants.

Que serait-il advenu de la pensée de l’image si ce récit avait été majoritaire ? Si la philosophie l’avait préféré au paradigme de l’image-reflet, de l’image-miroir ? Le concept d’image alors s’inverse : l’image pensée à partir de la boue n’est plus à considérer comme double analogique, comme accueil ou redoublement des formes du monde, mais comme puissance de façonnage du monde.

Maud Hagelstein

Maître de recherches F.R.S-FNRS / Senior Research Associate F.R.S.-FNRS 

 

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