Programme | 2024-2025
Séminaire LISP 3100
Possibilité et nécessité en science
Alexandre Guay
Langue d'enseignement : Français, connaissance passive de l'anglais nécessaire
Lieu du cours : Louvain-la-Neuve
Acquis d'apprentissage : Modes d'évaluation des acquis des étudiants
Étudiants de doctorat :
- Participation active aux séances du séminaire
- Direction d’une ou plusieurs séances du séminaire
- Présentation durant le workshop
Méthodes d'enseignement : Une séance de 2h par semaine durant tout le second quadrimestre. De manière à avoir une masse critique de participants nous nous proposons de jumeler le séminaire avec le séminaire de master de philosophie théorique LFILO2930. Le séminaire se conclura par un workshop de deux jours où tous les doctorants et étudiants de master présenteront leur recherche. Lors de ce workshop, certains chercheurs extérieurs seront invités à présenter une conférence. Il nous semble essentiel que les étudiants s’entraînent à présenter leurs travaux dans un contexte proche de la pratique.
L'objectif principal de ce séminaire est d'approfondir le concept de possibilité dans les sciences naturelles en examinant la notion de nécessité, y compris les lois, les contraintes et les dispositions.Nous visons à favoriser un environnement diversifié et inclusif, en accueillant une variété d'approches. Les
contributions attendues incluront des perspectives de la métaphysique, de la philosophie des sciences, de la philosophie des pratiques et de la logique, entre autres.
Faculté ou entité en charge: CDP
Séminaire LISP 3200
Philosophie sociale et politique | Aliénation et formes de vie dans la nouvelle théorie critique
Marc Maesschalck
Description : Différents auteurs contemporains comme Rahel Jaeggi, Martin Saar, Amy Allen, Bernard Harcourt et Rosa Hartmut proposent de relancer le projet de théorie critique en mobilisant une conception de la crise des formes de vie et de l’indisponibilité du monde. Ces conceptions nouvelles de la critique sociale entendent sortir d’un modèle de l’action intellectuelle déterminé par la conscience moderne du progrès de la raison et des performances de l’ordre techno-scientifique qui en a résulté. Pour y parvenir, elles tentent d’ouvrir une voie sensée prolonger le geste critique de l’Ecole de Francfort. Elle consiste à remettre en question les croyances fondamentales en un ordre communicationnel ancré dans un monde commun, traversé par des solidarités multiples et apte à la coopération grâce à la référence à un être partagé, identique dans son essence pour tous. Suivant la nouvelle génération, cette référence implicite à la conscience d’un diapason qui unit dans la perception d’un horizon d’attente commun a non seulement perdu son sens, mais elle a aussi cédé la place à de nouvelles formes d’aliénation et à de nouvelles souffrances qui suscitent leur propre lot d’illusions. Dès lors, la question cruciale est de voir quel mode de relation à ce monde déréalisé peut soutenir une entreprise critique qui serait capable d’instituer de nouvelles formes de vie ?
Indications bibliographiques :
Allen A., The End of progress, Decolonizing the Normative Foundations of Critical Theory, Columbia UP, New York, 2016.
Christ J. & al., Debating Critical Theory, Rowman & Littlefield, Lanham/New York, 2020.
Harcourt B.E., Critique & Praxis, Columbia UP, New York, 2020.
Jaeggi R., Kritik von Lebensformen, Suhrkamp, Berlin, 2014.
Jaeggi R., Alienation, Columbia UP, NY, 2016.
Saar M., Die Immanenz der Macht, Suhrkamp, Berlin 2013.
Saar M., Forst R., Hartmann M. und Jaeggi R. (eds), Sozialphilosophie und Kritik, Suhrkamp, Frankfurt a. M., 2009.
Rosa H., Rendre le monde indisponible, La Découverte, Paris, 2020.
Rosa H., Aliénation et accélération, Vers une théorie critique de la modernité tardive, Découvert, Paris, 2017.
Le séminaire alternera présentations magistrales (introduction théorique), lecture de texte avec des chercheurs spécialisés (actuellement en thèse sur ces thématiques), discussions avec des invités et exposés des participants (lors de séances décidées, notamment validable dans le plan de formation doctorale).
Faculté ou entité en charge: CDP
Séminaire LISP 3300
Enseignement de l’éthique, éducation morale et dialogues philosophiques
Christophe POINT et Hervé POURTOIS
Description : Le séminaire a pour objectif d’interroger à nouveaux frais une très ancienne association, centrale dans l’histoire de la philosophie occidentale, qui lie ensemble l’enseignement de l’éthique, la pratique des dialogues philosophiques et l’éducation morale.
En effet, au moins depuis Platon, cette association se réalise dans une première direction : la pratique du dialogue entre le philosophe et son élève devient un des moyens de l’enseignement de l’éthique, d’accès à la connaissance du bien et à la vertu. Et une longue tradition philosophique, valorisant la rationalité et l’objectivité, considérera le dialogue comme un moyen plus sûr et plus fiable pour cet enseignement que l’imitation des comportements exemplaires d’autrui, l’application dogmatique de certains modèles ou la répétition passive de certaines règles morales. Dans une perspective plus proche de notre époque, cette association entre l’enseignement de l’éthique et les dialogues philosophiques a cependant suivi une seconde direction. Avec la théorie de Habermas réinterprétée en sciences de l’éducation, sciences politiques et en communication, l’enseignement de l’éthique s’est vu attribuée une nouvelle finalité, celle de rendre possible un dialogue permanent, inclusif et rationnel entre les membres de la société. Dès lors, l’ouverture au dialogue n’est plus seulement un des moyens de l’éthique, mais se confond parfois avec les finalités, voire la finalité unique, de l’enseignement de l’éthique. Ainsi, l’association entre l’enseignement de l’éthique et les dialogues philosophiques semble avoir de beaux jours devant elle.
Cependant, certaines difficultés persistent et ne sauraient être écartées d’un revers de main. Au contraire, il nous semble que trois grands lignes de critique peuvent nous permettre de cerner les fragilités de cette association, et qui deviennent ainsi autant d’axes de questionnement de cette dernière.
La première ligne de critique est le risque de réduction de l’enseignement de l’éthique à celui d’une « bonne » communication. En effet, si le dialogue devient une des finalités de l’éthique, et un de ces outils principaux d’enseignement, cela ne risque-t-il pas de limiter l’apprentissage des valeurs, des vertus ou des idées morales au seul domaine du discours et du langage ? Les risques de réduction cognitiviste ou d’instrumentalisation du dialogue au service d’une conception comportementaliste ou applicationniste du dialogue ne nous semblent pas négligeables. S’agit-il au fond d’apprendre seulement aux élèves à « bien parler » entre eux ou bien l’enseignement éthique doit-il aller au-delà de la formation à l’interaction langagière. Si le dialogue philosophique bien conduit est utile, voire nécessaire pour apprendre à bien juger, il ne suffit certainement pas à apprendre à désirer le juste et à bien agir.
La seconde ligne de critique concerne la détermination des dialogues philosophiques eux-mêmes. La variété des dialogues philosophiques rend possibles de très nombreuses pratiques de ces dialogues avec des élèves à l’intérieur ou à l’extérieur de la classe. Cette variété interroge la légitimité de cette catégorie « dialogue philosophique », car on peut se demander quel est le point commun, derrière cette variété de pratiques, de ces dialogues. Et est-ce que ce point commun est suffisant pour les distinguer d’autres formes de dialogues pour l’enseignement de l’éthique ? Qu’est-ce que les dialogues philosophiques ont spécifiquement qui les rend plus pertinents que tel autre type de dialogue pour l’enseignement de l’éthique ?
La troisième ligne de critique se dirige vers le champ de la philosophie politique. On considère souvent qu’une éthique du dialogue est la base d’une forme de vie démocratique et que l’école se doit de l’enseigner. Au regard de la crise de la démocratie qu’affronte bon nombre de pays occidentaux, on est cependant en droit de douter de la réussite d’un enseignement de l’éthique par le dialogue. La montée de la xénophobie, du racisme et autres expressions de la haine d’autrui, parfois supportées par des régimes politiques illibéraux, ne montrent-elles les limites de cet enseignement ? A l’école même, la difficulté croissante à aborder certains thèmes sensibles ou questions socialement vives en classe semble montrer les limites du recours au dialogue comme vecteur de l’éducation morale et de l’éducation à la citoyenneté.
En définitive, ces critiques soulèvent deux questions fondamentales, qui seront travaillées au cours du séminaire et des deux journées qui le clôtureront.
Un enseignement de l’éthique par le dialogue philosophique est-il possible ?
Dans quelle mesure un tel enseignement peut-il/doit-il contribuer à l’éducation morale et à l’éducation à la citoyenneté ?
Méthode d’enseignement :
le séminaire se déroule sous la forme d’une séquence de 5 séances introduisant à la problématique et de deux journées d’études (27 et 28 mars 2025) accueillant des intervenants extérieurs.
Méthode d’évaluation :
Présence et participation active aux séances préparatoires et aux journées d’études
Production d’une étude sur une question en lien avec la problématique du séminaire. Le choix de la question devra faire l’objet d’une validation préalable par les cotitulaires. L’étude fera l’objet d’une présentation orale
La validation du séminaire dans le cadre de la formation doctorale suppose que l’étudiant ait satisfait aux deux volets de l’évaluation.
Ressources en ligne : Moodle
Faculté ou entité en charge: CDP